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L'identité européenne se passe de l'Union Européenne

L'identité européenne se passe de l'Union Européenne

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À chaque fois que les électeurs européens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur l’Europe ou pour élire leurs eurodéputés, toute la société démocratique de l’Empire s’ébranle. C’est le « Ouiland », comme l’appelait Philippe Muray à l’époque du référendum sur la constitution européenne, qui se lève comme un seul homme pour rappeler le caractère non négociable de l’institution. Toutes les  méthodes sont bonnes alors pour convaincre le peuple de se ruer vers les listes du centre élargi, du moment qu’elles sont irrationnelles : on fait peur, on menace, on prophétise, on en appelle même à l’âme du corps électoral.

Les prophéties européistes

Dans sa longue tribune parue dans Le Monde, Hollande cherche à combattre les forces « anti-européennes » en posant la formule magique de son quinquennat : «sortir de l’Europe, c’est sortir de l’Histoire». Tout ça le 8 mai, date anniversaire de l’armistice de la Seconde Guerre Mondiale, pour camper grossièrement le décor de sa dialectique humaniste. Hollande passe de fait directement à la menace dans son discours : « Nous devons nous rappeler l’avertissement solennel de François Mitterrand, dans son dernier discours devant le Parlement européen: Le nationalisme, c’est la guerre ! ». Traduction : si votre vote s’oppose aux intérêts du système d’apparatchiks qui administre l’Europe, alors cela signifie que vous êtes nationalistes et donc pour la guerre. Bref, méchants ! Le président par intérim de l’UDI, Yves Jégo, auteur du livre Marine Le Pen arrivera au pouvoir, s’est, quant à lui  inquiété samedi sur Europe 1 du climat ambiant eurosceptique. Il semble dire : c’est moi ou Marine, le centre mou ou le chaos, l’Europe ou rien. C’est ce que l’on appelle un chantre de l’embarras du choix ! Le meilleur vient toujours de François Bayrou, héraut solennel et  donquichottesque de la cause européenne : « Nous, nous avons la foi en l'Europe ! » a-t-il déclaré mercredi à Lyon. La foi ? L’homme déplace donc le débat politique dans la sphère religieuse et surnaturelle. Un nouveau pari de Pascal ? L’Europe toute puissante dans laquelle il faut croire nous met en ligne de mire le paradis et nous préserve de la corruption des extrêmes. Le salut est dans les urnes, qu’on se le dise !

Les Français sont eurosceptiques ? Il faut donc plus d’Europe !

Critiquer l’Union Européenne telle qu’elle est, c'est donc pour les gardiens de l’Empire, vouloir en sortir. Alors même que tous ceux qui veulent y rester déclarent vouloir davantage d'Europe. La solution à vos problèmes, ce n’est pas moins d’Europe mais plus d'Europe. D’ailleurs toutes les critiques du peuple le disent… le problème c’est que le peuple n’en a pas conscience… À chaque fois, c’est la même chose, les politiques se lèvent et nous sortent un discours réformiste sur l’Europe qui nous rappelle les plus belles heures de Philippe de Villiers. Jego, Bayrou, Hollande, Sarkozy… D’un seul coup, tous clament des raisonnements frappés au coin du bon sens qui désarçonnent celui qui s’apprêtait à leur faire comprendre de quel bois il se chauffait par un vote bleu marine. Sauf que, comment pourraient-ils être crédibles tous ceux là qui sont les représentants des partis qui ont fondé l’UE, des partis qui administrent l’UE depuis 1958 : les chrétiens démocrates, les démocrates sociaux, les libéraux… Ils ont le pouvoir et voudraient nous faire croire à leur volonté de réforme ? Les tenants du mariage entre l’idéologie droit-de-l’hommiste et la société de consommation, ceux qui ont fantasmé sur la création d’un système non redevable devant le peuple, ce peuple qu’ils ont transformé en moutons consommateurs et devant lequel on agite l’épouvantail du nationalisme dès qu’il éructe une critique sur l’administration de l’UE. Alors les réformistes d’occasion, après avoir agité l’épouvantail, font des propositions. Comme cela ne marche pas, il faut donc plus d'Europe. Étrange raisonnement. J'imagine donc plus d'immigration, plus de lois pour l'agriculture, plus de fonctionnaires qui décident sans légitimité, plus de nivellement par le zèle, c'est-à-dire de  handicap concurrentiel vis-à-vis du monde, plus d'euros déversés sans contrepartie à la Grèce, des ampoules encore plus chères… Et moins de quoi alors ? Moins de souveraineté, moins d'identité, moins de territoire, moins de réalité.

L’identité européenne se passe de l'union européenne

Cette Europe qui fait tout pour nous faire perdre notre identité, nous ferait sortir de l'Histoire selon Hollande ? Les socialistes sont devenus maître dans le fait d'inverser les définitions.  Sortir de l'histoire, cela reste possible et l’occident, qui a remplacé ses héros par des stars et l’aventure par les soldes saisonniers, nous le rappelle régulièrement. Mais ce qui est sûr, c'est que l'on ne peut sortir de la géographie. La géographie est têtue. Elle ne ment pas, contrairement à certains députés européistes qui s'obstinent à faire de la Turquie une composante  logique de l'Europe qui s'étend. Comment ose-t-on nous faire croire que sous prétexte de ne plus vouloir des dictats de Bruxelles on serait opposé à l’Europe ? L’identité est faite de couches, famille, quartier, ville, département, région, France et… l'Europe. Cette Europe qui est un élément essentiel, de base de notre culture occidentale et constituant de notre identité. Si on y réfléchit bien d’ailleurs, il n’y a peut-être pas plus européen que les mouvements identitaires d'aujourd'hui. En fait, aujourd'hui, on ne reproche plus à l'Europe de vouloir réunir des pays (qui se faisaient la guerre) dans une logique de paix organisée par l'économie. On reproche à l'Europe d'organiser une guerre civile en étant perméable aux flux migratoires. On reproche à l’Europe d’organiser le grand remplacement de sa population.

Que ce soit Hollande, le plus virtuel des idéologues qui nous fasse une leçon d'histoire-géographie peut prêter à sourire. Le problème est de qualifier du nom d'un  territoire ce qui n'est qu'un empire virtuel, une administration supplémentaire. Au final, on risque de vouloir tout jeter, le réel et le virtuel. Comme cette République qui est censée représenter la France et qui peut provoquer ici et là des désirs d'anarchie et de pages blanches. La vocation de l'Europe serait-elle celle d'une ONU 2.0 fantasmée par Dantec, comme un district d'apparatchiks administrant l'humain dans sa fonction la plus intime. La structure la plus opposé à la personne humaine usant de l'individualisme. Un machin qui s’oppose au principe de subsidiarité et qui souhaite remplacer toute réalité. S’il y a bien une chose qui nous ferait renouer avec l’histoire, ce serait une remise à zéro des compteurs, un vote opposé à la continuité…

 24 % des 35 % de votants votent Le Pen, c’est grave ?

Seuls 51 % des Français estiment que l'appartenance de la France à l'Union Européenne est une bonne chose, selon un sondage CSA /BFMTV/Nice-Matin publié vendredi dernier. Vis-à-vis de l’UE, seules 18 % des personnes interrogées se disent "confiantes", et 2 % "enthousiastes". 70 % des sondés disent craindre que la construction européenne cause une hausse du chômage en France. En 2ème position des motifs d'inquiétudes, la possible perte de protection sociale (63 %). L'Europe a toujours réveillé les quant-à soi. Elle a toujours tué le sens du bien commun chez le citoyen et renforcé la tentation du repli sur soi. L’élection européenne est toujours l'expression d'un vote corporatiste. Rien de nouveau. Quand on transforme un territoire en administration, on transforme également les citoyens en administrés.

Ce qui est véritablement nouveau, c’est la peur d'une montée de l'immigration (60 %, +12 par rapport à 2007) et d'une perte de "notre identité nationale et notre culture" (52 %, +2). Voilà donc la nouveauté ! Les Européens veulent rester européens, et c’est la raison pour laquelle ils vont oser un vote nationaliste. Car la nation s’oppose moins à leur identité européenne que l’UE elle-même ! Le Front national arrive en tête des intentions de vote devant l'UMP et la liste PS-radicaux de gauche. Les pronostics sont les suivants : FN à 24 %,  l'UMP à 22 %,  PS-radicaux de gauche à 20 %,  UDI-Modem-l'Alternative à 9 %, le Front de gauche à 7,5 %,  Europe Ecologie-Les Verts 7 %.  Mais les inquiétudes seraient démesurées si on ne prenait pas en compte que seuls 35 % des Français se disent "tout-à-fait certains d'aller voter".


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