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Entretien avec le chat rouge

Entretien avec le chat rouge

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Propos recueillis par Maximilien Friche

Mauvaise Nouvelle : C’est avec une grande joie qui nous accueillons à Mauvaise Nouvelle, le peintre Jacques métairie dit le chat rouge. Jacques Métairie, vous êtes assez iconoclaste dans le paysage de l’art d’aujourd’hui, d’une part, parce que vous osez tout simplement peindre, et l’on mesure sur MN à quel point ce simple geste artistique est résistance vis-à-vis du rouleau compresseur de l’art contemporain, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle je vous dis iconoclaste, vous avez également la fâcheuse manie de mêler peinture et politique sans le moindre souci de préserver votre réputation. D’où vient cette envie de mêler les genres ?

Jacques Métairie : En fait mon combat part de ce que je suis : je suis foncièrement républicain. Et le malheur est que nous ne sommes plus dans un état de droit, la République a d’ailleurs été abolie par le gouvernement d’aujourd’hui. L’Islam, qui est l’objet qui focalise actuellement une part importante de mon combat politique, n’est qu’un outil dans un jeu géopolitique plus vaste mené par les USA pour asservir l’Europe, en faire une sorte de protectorat. C’est la tactique connue du billard à trois bandes… Et à ce jeu, les collaborateurs sont nombreux chez nous. Mais je crois qu’à force de dire la vérité, et grâce à l’art et aux réseaux sociaux, des prises de conscience sont possibles. En fait, dès 1997, j’ai ressenti la nécessité d’utiliser mon art pour contester ce qui advenait. J’ai toujours été très marqué par les tableaux qui exprimaient un désaccord vis-à-vis d’une certaine injustice politique. Je pense notamment aux Fusillades du 3 mai 1808, par Francisco Goya, à la liberté guidant le peuple Delacroix, ou bien encore Guernica de Picasso. J’ai ressenti la nécessité de dire des choses en peinture de la révolte intérieure que j’avais alors et que je continue d’avoir. C’est ainsi que j’ai commencé mes tableaux contestataires. J’avais des choses à dire…

Le procès de Marianne

MN : vous avez d’ailleurs inventé un mot pour qualifier votre démarche, et de fait, bien plus qu’un mot, un courant artistique…

JM : J’ai effectivement inventé à l’époque le mot contestantisme pour qualifier le mouvement artistique que je voulais initier et dans lequel je voulais m’inscrire. J’ai alors réalisé une série composée de 12 grands tableaux, tous d’environ 2 mètres par 3. J’aime beaucoup l’Histoire et dans mes tableaux il y a plein de codes, des choses nichées ou cachées, des références historiques qui permettent une lecture politique et culturelle après contemplation de l’œuvre pour elle-même. A savoir que les œuvres contestataires ne sont, en fait, pas destinées à être vendues. J’ai néanmoins, en 2002, exposé mes toiles contestataires et cette exposition m’a attiré des tas de foudres.

Le ventre de nos femmes

MN : Oui le camp du bien est toujours extrêmement violent quand il réagit, notamment dans les domaines dont il se veut propriétaire comme ceux de l’art, de la littérature et de la pensée. Et je constate que vous ne craignez pas de vous exposer…

JM : Je ne peins pas spécialement pour vendre, je peins parce que j’ai des choses à dire, parce que j’ai besoin de m’exprimer. Dès lors, je n’envisage pas de me censurer pour préserver une stratégie de vente. D’une façon générale, je ne peux quasiment plus exposer en France. Je suis comme « interdit. » Même si certains voudraient m’aider, ils préfèrent préserver leurs réseaux que de m’accueillir. La dernière exposition réalisée s’est déroulée à Toulon en décembre dernier. Ma demande à la mairie a d’abord essuyé un non catégorique. Et après avoir fait agir des conseillers municipaux, ma demande a pu être acceptée. Il n’y avait néanmoins personne de la mairie au vernissage… Quand on ne peut pas empêcher, on peut toujours ignorer…

Le Chat RougeMN : Venons en maintenant au Chat rouge. C’est là votre pseudo sous twitter, mais pas seulement, on voit ce chat rouge comme une mascotte vous symbolisant, et on le voit dans bien des tableaux. Naïvement, j’ai songé au chat noir peint par Toulouse Lautrec, à cette époque bénie de la peinture moderne où Paris était la capitale de l’art, permettant à tous de se croiser : artistes, pamphlétaire, intellectuels, mannequins, chansonniers… Mais j’imagine que ce chat a sa propre histoire vous concernant….

JM : Oui tout à fait, ce chat m’est très intime. J’ai inventé le chat rouge en 1995. Cela vient d’un tableau que j’ai peint et exposé dans une galerie au Castelet sans qu’il se vende bien que provoquant beaucoup de critiques positives. Je me suis finalement dit qu’il était trop beau pour être vendu. Et, j’ai gardé le tableau en résistant alors à toutes les tentatives ultérieures de me l’acheter. En effet, on ne vend pas un acte de naissance ! Le chat rouge fut effectivement mon acte de naissance, mon symbole. Par la suite, j’ai pris le chat rouge, je l’ai détouré et j’en ai fait une signature, un logo, et c’est aujourd’hui même une marque déposée à l’INPI. J’ai toujours eu une attirance pour les chats et ce symbole est issu d’une sorte d’écriture automatique et j’y ai reconnu ma personnalité, ma personne. Sur un tableau engagé, vous le voyez forcément. Sur le tableau « la délivrance de Marianne », il est à la manœuvre. Il est nécessairement présent sur les tableaux forts et signifiants pour moi.

La délivrance de Marianne

MN : En regardant vos tableaux, j’ai parfois le sentiment de revisiter tout l’art moderne. Sans doute parce que je reste fasciné par cette époque de foisonnement qui précéda l’idéologisation de la culture, son institutionnalisation puis sa financiarisation… Je sais que les artistes détestent que l’on cherche à les raccrocher à leurs illustres prédécesseurs, mais je ne résiste pas. Vos peintures m’ont tantôt rappelé en premier lieu, Van-Gog bien sûr, et aussi Modigliani, Cézanne, Picasso, et Braque, notamment par les techniques de collages sur certains dessins…

JM : Vous ne citez que des grands peintres, c’est donc flatteur, et je ne vois pas de raisons de me vexer, bien au contraire. Van Gog, entre autres, il est vrai, m’a beaucoup inspiré ! Derain, Cézanne, Picasso, m’ont également marqué, notamment concernant toute la psychologie du visage. Et de toutes façons, nous ne naissons pas du néant, nous naissons d’une filiation, nous sommes inscrits dans une histoire. Et ma touche personnelle, ce que j’ajoute à ce que j’ai reçu en héritage, consiste à mettre cette couleur qui prédomine. Je suis un coloriste de nature.

 

La campagne à San Gimignano

MN : Vous peignez avec des lunettes rouges ? Pardonnez-moi ce raccourci, mais est-ce une façon de voir le monde, de voir un monde saturé et fort contrasté ? Est-ce tout simplement pour exprimer ce Sud où vous habitez ? Que vous révèle le rouge ? Pour ma part, cela m’évoque le feu, un feu qui révèlerait la vérité des paysages et des choses…

JM : Cela fait 30 ans que je peints avec du rouge, et à l’époque je n’étais pas dans le sud, donc non ce n’est pas mon environnement qui m’a poussé à peindre avec du rouge. Quant au feu… Oui écoutez, c’est étrange ce que vous dites car le feu a fait parti de ma vie. J’ai été pilote de canadairs pendant 20 ans. J’ai toujours mené mes deux métiers de front sans forcément les relier d’ailleurs. J’étais peu disert là-dessus. Mais ces milliers de largage sur le feu ont sans doute influencé ma façon de voir. Par ailleurs, le rouge est toujours la couleur de la révolte, de la colère, de la passion, qui sont tous des sentiments qui m’habitent.

Le parc à St Enoga

MN : Venons-en aux thèmes que vous peignez. Les personnages me semblent un peu naïfs, posés là comme des objets presque, les intérieurs sont sans perspective. Est-ce délibérément que vous voulez éviter la troisième dimension qui agit comme un leurre, toujours en trompe l’œil ?

JM : La perspective… J’utilise en fait la perspective expressionniste. C’est Derain et Matisse notamment qui ont cassé les perspectives et qui sont à l’origine des à-plats. Pour ma part comme je coupe l’éloignement par une couleur forte et vive, c’est ce qui renforce la sensation d’à-plat, car cette couleur vive va à l’encontre d’une réalité qui veut que les couleurs s’amenuisent avec l’éloignement, soient plus pâles, plus fondues.

La caresse

MN : Revenons pour finir cet entretien au fait générateur de notre rencontre. Vous êtes très actif sur Twitter, où vous attaquez frontalement les conséquences de l’islamisation de notre pays, la disparition de notre civilisation et la collaboration à l’œuvre. Vous n’avez pas pris d’autre pseudo et vous liez vos réflexions politiques à votre art, vous alternez même peintures et aphorismes politiques. Pourquoi ? Ne craignez vous pas de desservir votre art, de le couper d’un certain public ?

JM : Je peins tous les jours et je tweet tous les jours. Les gens sont surpris. Pendant que je peins, j’écoute de la musique, et je twitte. Je suis énormément suivis (6968 abonnés à ce jour), quand je m’absente pour peindre, j’ai parfois 120 notifications qui m’attendent ! J’alterne effectivement des réflexions politiques et la publication de tableaux de maître que j’aime ou mes propres tableaux. Dans cette période sombre, ça fait du bien à beaucoup de monde de recevoir de la couleur, de respirer grâce à l’art. Et il m’arrive même de vendre des tableaux grâce à Twitter, c’est un bon diffuseur d’art ! Ce mélange des genres intrigue, c’est certain, mais je n’ai jamais cherché à plaire. A certains qui étaient choqués par certaines de mes idées mais attirés par ma peinture, j’ai répondu : « une idée politique, ça meurt, mais le tableau, ça reste. » Entre nous, si Picasso n’avait vendu qu’à ses amis communistes, il n’aurait pas eu un grand succès…

Le Christ au jardin des oliviers

Pour aller plus loin : http://www.metairie-art.com/


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Notre-Dame de Paris
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