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L’escalier de Laurence de Marliave

L’escalier de Laurence de Marliave

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Vous pouvez monter l’escalier de Laurence de Marliave, le descendre… ou tout simplement l’admirer.

Certaines œuvres d'art invitent plus que d'autres à des interprétations multiples. Ce tableau de Laurence de Marliave, sobrement intitulé l'Escalier, est de celles-là. Dès l'instant où il fut accroché à mon regard, un besoin impérieux de le commenter s'est manifesté en moi. En un clin d’œil amusé et parodique au Rouge et le Noir, célèbre roman de Stendhal, je l'ai rebaptisé le Rouge et le Vert ! Essayons de dénouer ensemble quelques fils narratifs de ce « roman pictural » intrigant.

Commençons par l'effet de halo que dégage ce microcosme pictural. Une fois installé dans cette demeure - la maison d'enfance de l'auteur située, parait-il, en Anjou – que ressentez-vous ? Pour ma part, j'entends une narration en train de s'écrire dans l'espace et le temps de mon imaginaire. Objectivement, nous faisons face à un bel escalier à vis, et à une porte ouverte sur l'extérieur, mais n'oublions pas le petit concert des objets plus discrets et secondaires. Avez-vous repéré ces trois valises posées dans un recoin du tableau ; une verte et une autre rouge, une troisième de couleur moins définie ?
Ces objets ont leur importance. Nous verrons par la suite laquelle.

Quelques mots à présent sur la structure géométrique du tableau ; quelle harmonie de formes ! Par sa forme rectangulaire, la porte ouverte sur l'extérieur donne la réplique à l'autre rectangle du tableau - plus petit et horizontal - celui du miroir situé à gauche. Regardez maintenant le reflet dans ce miroir, une silhouette floue y apparaît – peut être la silhouette du visiteur encore indécis que vous êtes ?

Ce tableau abrite un troisième rectangle, plus difficile à cerner que les deux autres. Bien sûr, il s'agit du rectangle que forme le tableau lui-même ! A la fois caché et ostentatoire, ce rectangle-tableau dialogue avec les deux autres, une de ces analogies trinitaires dont l'univers a le secret.
Sujet central de la composition, le grand escalier à vis, métaphorise de manière si joyeuse notre spirale contemplative - des images qui vont du tableau à nos souvenirs et de notre souvenir au tableau… qu'il m'est impossible de le passer sous silence.

Mais le génie de cette peinture ne s'arrête pas à la maitrise formelle de la composition. Dans ses tableaux, l'artiste-peintre ne se prend pas au sérieux, elle joue souvent sur l'incongruité de certain objet. Avez-vous remarqué ce tissu de couleur rouge (chiffon ? pull-over ? ou autre) posé sur la main courante de l'escalier ?


Un simple détail, me direz-vous ? Oui ! mais un détail relié à d'autres par identité chromatique ; dans d'autres endroits du tableau, le pinceau de l'artiste a peint d'autres objets du même rouge. Comme cette marche de départ de l'escalier où un reflet apparaît de la même teinte ; le voyez-vous ? Comment mieux suggérer que la marche d'escalier et ce morceau de tissu - représentent autant de "balises" d'un même parcours symbolique ? En fait, quel objet pourrait mieux indiquer au spectateur qu'il est en train de réaliser un voyage initiatique sinon… une valise ?
Dans un recoin du tableau, plusieurs valises semblent attendre le voyageur. Prenez la valise rouge, posez le pied sur la marche elle aussi rouge, et montez les étages supérieurs ! Quelqu'un vous attend peut-être à l'étage… Quelqu'un de « rouge » ? Serait-ce Fabien Roussel ? Rackham le Rouge ? ou le Petit Chaperon Rouge en personne !? Qui sait où nous entraine les parcours initiatiques !

De la manière dont est composée ce tableau d'exception, le visiteur se retrouve en effet devant une multitude de parcours possibles, codifiés ou non chromatiquement : la valise rouge semble une invite à monter les escaliers quand l'autre valise - de couleur verte - invite plutôt le visiteur à les descendre et à rejoindre l'espace extérieur. Il faudra pour cela passer le seuil de la porte restée grande ouverte et faisant face à la lisière d'un bois vert.

Chers lecteurs, que vous soyez le visiteur à la valise rouge, ou celui à la valise verte, votre récit nous intéresse ! Il nous dira ce que nous ignorons encore des étages supérieurs du tableau ! Votre récit peut être adressé à l'artiste peintre sur son courriel : laudemarliave@gmail.com surmonté de la mention : L'Escalier.

Site internet de l'artiste : https://laurencedemarliave.com


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