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Espaces infinis

Espaces infinis

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L’exposition Buren débute au MaMo (centre d’art de la Cité Radieuse de Le Corbusier) ce lundi 30 juin jusqu’au mois de septembre. Le plasticien français a travaillé cinq mois sur ce projet pour proposer, comme il en a l’habitude, des œuvres in situ jouant avec l’architecture. Jouer avec une œuvre de Le Corbusier était un pari audacieux mais il semble bien que Daniel Buren l’ait réussi.

Arrivé sur le toit terrasse de l’unité d’habitation de Marseille, un module vertical de quatre carrés de couleurs (vert, jaune, blancs) invite immédiatement à une mise en rythme du lieu.

Passé cette première intervention à ciel ouvert, le parcours sur le toit se poursuit avec les modules bas, toujours carrés, qui reprennent les célèbres bandes noires et blanches. Le toit terrasse prend alors des allures de cours du Palais Royal pour quelques mois ! Ici, Buren crée un rythme graphique pertinent qui pourrait faire écho aux rythmes et jeux dans l’espace que Maurice Béjart avait créé avec son ballet sur ce même toit terrasse en 1956 lors du festival d’avant-garde de l’unité d’habitation.

Buren au Corbusier

Sur le petit théâtre de plein air, sur le long mur côté est et au pied de la cheminée de ventilation, les miroirs - associés aux couleurs vivent - reconstruisent l’espace, le déstructure à l’infini, le restructure aussi et définissent alors une vision nouvelle de cette architecture emblématique du mouvement moderne. Ce jeu dans l’espace, ces reflets de lumières et de parties du paysage construisent une unité contemporaine, une proposition graphique où le corps est le centre du jeu dans les trois dimensions, voire les quatre avec « la promenade architecturale » dont Le Corbusier faisait l’apologie.

Les œuvres créées par Daniel Buren sont composées de miroirs et de pans de couleurs vives sur Dibond (panneaux composites en aluminium). Ces surfaces extrêmement lisses jouent elles aussi avec les surfaces rugueuses du béton brut ou du ciment. Le contraste est saisissant, très réussi et cette association de différentes « peaux » invite la main à caresser autant les œuvres de Buren que le béton corbuséen.

Buren au Corbusier

Entrons maintenant dans l’ancien gymnase de l’unité d’habitation cœur du MaMO d’Ora Ito. Ici encore, Buren joue avec la couleur et les miroirs. Le sol est un tapis de miroirs. La façade intérieure du gymnase devient un vitrail. Le visiteur se croirait face à la mire télévisuelle. Ce déploiement de miroirs retourne ainsi la façade verticale en un puits de lumière zénithale.

Le soir, des jeux de lumière sur la cheminée de ventilation et sur le parallélépipède de béton de l’édicule des ascenseurs complètent le travail de Buren et donnent à l’ensemble une dimension réellement onirique.

Daniel Buren propose donc avec ces travaux in situ une véritable proposition architecturale contemporaine, un cheminement où les repères dans l’espace sont détournés à l’infini, où les peaux de ses œuvres mettent en contraste celles de l’œuvre corbuséenne et où le paysage fini se reconstruit dans une définition visuelle nouvelle.

Le paysage homérique qui s’offre au regard depuis le toit terrasse et l’unité d’habitation voient ainsi dans cette nouvelle composition, cette réelle mise en scène, une proposition plastique de lecture véritablement originale.

Exposition « Défini, fini, infini – travaux in situ » de Daniel Buren au MaMO – unité d’habitation de Le Corbusier – 280 Boulevard Michelet 13008 Marseille. 30 juin – 30 septembre 2014.

Buren au Corbusier


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