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L'univers hypnotique de Paris'Click

L'univers hypnotique de Paris'Click

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Propos recueillis par Guillaume de Mazalle

Mauvaise Nouvelle est partie à la rencontre d’un groupe novateur qui manie à merveille les mots, le rock et la musique classique : Paris’Click. Le groupe a sorti son premier album l’année dernière et nous annonce un titre pour la semaine prochaine.



MN : Votre univers musical est évidemment teinté de sonorités rock, mais il serait extrêmement réducteur de ne dire que cela, puisque s'y adjoignent le violoncelle et la harpe. Vous parlez à ce propos d'un univers hypnotique. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre projet musical, sur cette alliance peu commune ? Comment ce projet vous est-il venu en tête ?

Jérémy : Avec Ophélia, nous nous sommes rencontrés sur un plateau de théâtre en 2009. J'avais composé la musique de la pièce, et elle tenait le premier rôle. Ce fut notre première collaboration artistique. Très vite, l'envie d'aller plus loin, d'écrire et composer des chansons ensemble, nous a gagnée. Nous avons commencé à travailler sur guitare folk avec nos deux voix, et travaillé des dizaines de titres originaux. Petit à petit, la pâte Paris'Click a modelé notre univers actuel, lorsque nous y avons apporté nos instruments respectifs : violoncelle, harpe et basse électrique.

Ophélia : Ce n'était pas une recherche artistique orientée, mais bien la création d'un objet original façonné par l'envie et la découverte. Nous n'avons jamais cherché à forcer les choses, chacun y a apporté son univers. Jérémy avec sa double culture musique classique et actuelle, moi avec mes textes, ma harpe, et mes rêves.

MN : À côté du chant lyrique de Jérémy, la plupart de vos chansons contiennent des phases davantage parlées que chantées par Ophélia. Le texte y est profond, l'écriture semble torturée, bien loin des codes de la chanson. Peut-on dès lors parler de poèmes en musique plutôt que de chansons ?

Ophélia : On ne peut pas qualifier l'écriture de réellement torturée. Cependant, à partir du moment où on va creuser au fond des choses enfouies en soi, on y déloge une certaine forme de noirceur, qui se veut, dans mon cas, lucide et pleine d'espoir. Évidemment, c'est très loin des codes de la chanson, même si j'ai une écriture très rythmique qui cherche à utiliser toutes les richesses du français dans sa qualité musicale. On ne peut pas parler de poèmes en musique non plus. Nos morceaux ne se veulent pas poétiques en tant que tel, mais proche du théâtre dans son oralité et sa mise en scène. C'est pour cela qu'il y a souvent des personnages dans mes textes ; cela vient de ma formation de comédienne.

Jérémy : Bien que sachant apprécier les grands noms de la chanson, je n'ai jamais été influencé par ses codes musicaux. Je suis beaucoup plus porté par l'esprit du rock, qui offre un affranchissement et une liberté dans l'expression.



MN : À plusieurs reprises, vos textes mêlent français et anglais (Reset, The cold Song…). Pourquoi ces quelques "notes" aux côtés de textes en français ? L'anglais est-il plus adapté au chant ? Plus expressif ?

Ophélia : L'anglais de Paris'Click est un anglais universel. Nous utilisons des mots que tout le monde peut comprendre et avoir entendu auparavant, sans même connaître la langue. Ce sont plutôt des ponctuations, des effets sonores, qui ajoutent à la musique pour rassembler. Qu'il s'agisse de l'interrogation shakespearienne TO BE OR NOT TO BE, des couplets de Reset "ON OFF…", de l'"Atomic Bomb" de Mouton Panique, cela se veut un jeu rythmique de langage, avec des mots souvent très brefs et porteurs d'un sens profond. Pour The Cold Song, c'est particulier, puisque c'est notre seule reprise.

Jérémy : On dit souvent que l'anglais est plus facile et adapté au chant dans le domaine de la variété. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Je dirais plutôt qu'il est très difficile d'écrire un texte en français sur une trame musicale. Peut-être cela vient-il de l'exigence de cette langue qui est si riche ? Ophélia a ce sens inné de créer un univers onirique voire philosophique dans ses mots, tout en gardant un vocabulaire simple. En ce sens, elle se rapproche de l'anglais, qui "sonne" en quelques mots. Il n'y a qu'à traduire les "tubes" des cinquante dernières années pour s'en rendre compte. Qui pourrait chanter : "Je suis né pour t'aimer mon bébé, Je suis né pour t'aimer" (Kiss) et être pris au sérieux ?

MN : Il est assez amusant de relever de nombreuses évocations de Dieu ou du Diable (Genesis, Le Pacte) ou de miracle (dans les rats d'égoûts), alors qu'Ophelia explique écrire ses textes sans prendre de point de vue religieux. Pourquoi cette évocation ? Est-ce pour créer une ambiance presque mystique, comme peut également créer le thème de Purcell dans The Cold Song, ou cela cache-t-il autre chose ?

Ophélia : Le dieu de Paris'Click est un dieu métaphorique. Il symbolise tout ce qui est au-dessus de l'homme et le gouverne. Ainsi dans Genesis, le refrain "Seules, dans un monde sans dieux, les larmes coulent et se perdent" se veut évoquer la souffrance engendrée par un monde sans valeurs, où la culture serait devenue obsolète. Dans Le Pacte, c'est la religion du veau d'or qui est dénoncée, avec cette femme qui se livre corps et âme au diable pour l'argent élevé au rang de religion.

Jérémy : Pour "Nous sommes des rats d'égout", c'est différent, car il s'agit d'un morceau que nous a écrit Fernando Arrabal. Les thématiques du bien, du mal et du divin sont parties intégrantes de son œuvre. Pour l'anecdote, il nous a envoyé ce texte un jour en nous donnant pour seule indication "À chanter sans minauder".

MN : Votre premier album [Reset] est sorti il y a bientôt un an maintenant. Y a-t-il de nouveaux projets en cours ? Cela passe peut-être par la recherche d'un label…

Paris’Click : Oui, nous cherchons à être toujours en mouvement ! Notre clip du COLD SONG vient de sortir, et nous travaillons actuellement à la finalisation d'un nouveau single - TRASH ME - que nous avons enregistré live au Studio Davout. Nous recherchons actuellement activement tous les soutiens nécessaires au développement du groupe : manager, tourneur, label, distributeur… et nous travaillons à un nouvel album. De nouvelles dates devraient arriver prochainement sur Paris.


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