Le Manque nous livre sa mélancolie ironique
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Le Manque nous livre sa mélancolie ironique
Par Groupe Le Manque
Propos recueillis par Maximilien Friche
20 octobre 2013 20:00
Parce que Mauvaise Nouvelle s'intéresse à tous ceux qui cherchent à faire de l'art en prenant appui sur une faille, nous avons rencontré de groupe Le Manque pour comprendre son projet musical, littéraire et cinématographique. Formé de Christophe Esnault et de Lionel Fondeville depuis 2007, Le Manque travaille à son troisième album Torse nu dans la fosse. Avec une expression minimaliste tant dans les vidéos que la musique Le Manque véhicule une mélancolie ironique et qui nous laisse des doutes, un manque… Christophe Esnault et Lionel Fondeville ont accepté de répondre à Mauvaise Nouvelle.
MN : Vos influences très variées me donnent l'impression d'une quête fragile. Comme si vous étiez à la recherche d'une vérité que l'on ne saisit que par la contemplation croisée de plusieurs sphères de la pensée et des arts. Que voulez-vous qu'il reste de vos chansons et vos films une fois qu'ils se sont tus auprès du public ? Des questionnements, un apaisement, un manque ?
Christophe Esnault : Les références du Manque sont extrêmement nombreuses. Récemment j’ai découvert avec ravissement l’artiste Marina Abramovic qui travaille notamment sur l’Art corporel et il se peut que cela ait une répercussion sur notre propre travail. On souhaite créer une réaction. Une émotion, un fou rire, (ou même) un rejet. Difficile de dire si l’on peut atteindre une vérité (on a une quinzaine de fans qui se retrouvent dans notre univers, c’est déjà pas mal). On ne veut surtout pas imposer une vision, il n’y a pas de message explicite.
Lionel Fondeville : Luigi Russolo, the Residents, Kraftwerk, la variété française des années 70, Debussy, Thelonious Monk, Le Caravage… Quand je dois citer mes sources, c’est toujours la panique. J’ai piqué tellement de choses dans tellement de magasins que je ne sais plus à qui appartient quoi… En créant nos chansons, nous recherchons l’objet tordu, la tomate en forme de toupie ou de dinosaure, celle qui fait la joie du jardinier et de ses enfants mais qui est impitoyablement éliminée des rayons des supermarchés. Elle est bonne pourtant… Elle fait d’abord rigoler, puis rêver, réfléchir… Et enfin elle remplit l’estomac. Le lendemain, on en reparle avec ses amis, et c’est comme si elle existait encore un peu. Si, ne serait-ce qu’un instant, notre auditeur/auditrice est saisi(e) d’un doute à l’écoute de l’une de nos chansons, alors nous avons atteint notre but.
MN : De quoi vous moquez-vous dans vos clips et chansons ? Quelle ironie du sort captez-vous ?
CE : On se moque d’abord de nous-mêmes. De nos proches (parce qu’on les aime). On égratigne la condition humaine et l’homme dans toute sa misère, sa grandeur (aussi parfois).
LF : On cherche à comprendre le processus qui consiste à finir par accepter le monde comme il est, alors qu’il ne nous convient pas.
MN : Les images de vos vidéos semblent crues, votre musique minimaliste, votre voix rarement lyrique, il y a comme quelque chose de Punk là-dedans. Voulez-vous désenchanter le consommateur de culture en chantant, ou poser une sorte de façon honnête d'exister malgré tout ? D'où vient ce goût commun pour cette sorte d'austérité poétique et tout de même amusée ?
CE : La référence au mouvement punk m’évoque une période de ma vie où j’ai parcouru la France (et l’Europe) pour voir des concerts (il n’y avait rien d’autre dans ma vie). The Buzzcocks, Iggy Pop, Les Thugs… Des groupes et une énergie qui m’ont nourri… Le désenchantement, je ne sais pas. Peut-être… Nos chansons peuvent être suicidogènes ou hilarantes selon la personne qu’elles rencontrent. On refuse l’austérité, l’univers est noir, mais c’est un raccourci qui va du côté de la force vitale. Il y a sans doute quelque chose périlleux dans le croisement du poétique et de l’humour dévastateur, c’est parfois sur ce terrain-là que nous allons.
LF : Quand les limites techniques du musicien croisent son goût pour une certaine pudeur, pour ne pas dire froideur dans le style, ça donne ce genre de chansons. L’expressionnisme n’est pas donné à tout le monde…
MN : Depuis quand travaillez-vous ensemble autour de ces projets de musique-vidéo-chanson ?
C. E. : Le Manque a été créé en 2007. Un premier album : Ratages et confettis. Le deuxième : Rester ouvert à l’inattendu. Le troisième sera bientôt finalisé et s’appelle Torse nu dans la fosse. Le petit succès de Mourir à Chartres (17.000 vues sur YouTube) a été encourageant pour poursuivre les clips et pour tendre vers un vrai projet cinématographique (et l’influence, l’apport des arts). http://lemanque.free.fr/acheter_le_CDbis.htm
MN : Comment avez-vous évolué depuis le début ?
LF : Nous avons fait appel à d’autres musiciens pour le 3ème album, Torse nu dans la fosse, si bien que le résultat sonne sans doute moins rigide, moins froid… plus musical et sensuel par certains côtés. Mais pour les textes, désolé, c’est toujours Christophe et moi, donc… noir, noir, noir (avec un peu de sucre ici et là) !
MN : Comment travaillez-vous : d'abord la chanson, puis le clip ? Ou l'inverse ?
CE : C’est souvent la chanson qui réclame des images. Mais on a filmé aussi des images qui ont réclamé une chanson (L’alcool est une drogue légale), bientôt sur YouTube, sera une chanson courte puisqu’on a juste de quoi faire un clip d’une minute où l’on retrouvera Bernard (80 ans), un des héros de notre clip Œdipe casserole.
LF : Nous avons quelques rushes improbables qui attendent une chanson, en effet. Mais la plupart des images de nos clips on été tournées avec la chanson en tête, et presque le montage.
MN : Quelle est votre actualité pour 2013, quels sont vos projets suivants ?
CE : On se concentre sur les prochains clips et les collaborations avec d’autres artistes (ou réalisateurs/vidéastes). Il va y avoir de très grosses surprises, dont une collaboration avec un artiste contemporain de génie, Milou (chien superstar) qui sera le héros de Séducteur loser. On va filmer à Angers Champion du monde du malheur, préparer quelque chose d’énorme pour Merde à la Saint Valentin, chanson rap et racoleuse (parce que ce serait bien un jour que les médias s’intéressent un peu à nous). Il y aura aussi deux concerts au printemps (entre Angers et Nantes) car on est invité par le chanteur Christophe Bell Œil (qui aime nos chansons et notre univers). Il va aussi falloir que l’on pense à une formation scénique étoffée, parce ce qui fonctionne en librairie ou dans un lieu intimiste ne fonctionne pas forcément sur une plus grande scène.
LF : Oui, je n’ai rien à ajouter. Christophe parle tellement bien qu’on dirait qu’il lit un texte !
Boutique du groupe : http://lemanque.free.fr/acheter_le_CDbis.htm
Page YouTube : http://www.youtube.com/user/LEMANQUE?feature=watch
MN : Vos influences très variées me donnent l'impression d'une quête fragile. Comme si vous étiez à la recherche d'une vérité que l'on ne saisit que par la contemplation croisée de plusieurs sphères de la pensée et des arts. Que voulez-vous qu'il reste de vos chansons et vos films une fois qu'ils se sont tus auprès du public ? Des questionnements, un apaisement, un manque ?
Christophe Esnault : Les références du Manque sont extrêmement nombreuses. Récemment j’ai découvert avec ravissement l’artiste Marina Abramovic qui travaille notamment sur l’Art corporel et il se peut que cela ait une répercussion sur notre propre travail. On souhaite créer une réaction. Une émotion, un fou rire, (ou même) un rejet. Difficile de dire si l’on peut atteindre une vérité (on a une quinzaine de fans qui se retrouvent dans notre univers, c’est déjà pas mal). On ne veut surtout pas imposer une vision, il n’y a pas de message explicite.
Lionel Fondeville : Luigi Russolo, the Residents, Kraftwerk, la variété française des années 70, Debussy, Thelonious Monk, Le Caravage… Quand je dois citer mes sources, c’est toujours la panique. J’ai piqué tellement de choses dans tellement de magasins que je ne sais plus à qui appartient quoi… En créant nos chansons, nous recherchons l’objet tordu, la tomate en forme de toupie ou de dinosaure, celle qui fait la joie du jardinier et de ses enfants mais qui est impitoyablement éliminée des rayons des supermarchés. Elle est bonne pourtant… Elle fait d’abord rigoler, puis rêver, réfléchir… Et enfin elle remplit l’estomac. Le lendemain, on en reparle avec ses amis, et c’est comme si elle existait encore un peu. Si, ne serait-ce qu’un instant, notre auditeur/auditrice est saisi(e) d’un doute à l’écoute de l’une de nos chansons, alors nous avons atteint notre but.
MN : De quoi vous moquez-vous dans vos clips et chansons ? Quelle ironie du sort captez-vous ?
CE : On se moque d’abord de nous-mêmes. De nos proches (parce qu’on les aime). On égratigne la condition humaine et l’homme dans toute sa misère, sa grandeur (aussi parfois).
LF : On cherche à comprendre le processus qui consiste à finir par accepter le monde comme il est, alors qu’il ne nous convient pas.
MN : Les images de vos vidéos semblent crues, votre musique minimaliste, votre voix rarement lyrique, il y a comme quelque chose de Punk là-dedans. Voulez-vous désenchanter le consommateur de culture en chantant, ou poser une sorte de façon honnête d'exister malgré tout ? D'où vient ce goût commun pour cette sorte d'austérité poétique et tout de même amusée ?
CE : La référence au mouvement punk m’évoque une période de ma vie où j’ai parcouru la France (et l’Europe) pour voir des concerts (il n’y avait rien d’autre dans ma vie). The Buzzcocks, Iggy Pop, Les Thugs… Des groupes et une énergie qui m’ont nourri… Le désenchantement, je ne sais pas. Peut-être… Nos chansons peuvent être suicidogènes ou hilarantes selon la personne qu’elles rencontrent. On refuse l’austérité, l’univers est noir, mais c’est un raccourci qui va du côté de la force vitale. Il y a sans doute quelque chose périlleux dans le croisement du poétique et de l’humour dévastateur, c’est parfois sur ce terrain-là que nous allons.
LF : Quand les limites techniques du musicien croisent son goût pour une certaine pudeur, pour ne pas dire froideur dans le style, ça donne ce genre de chansons. L’expressionnisme n’est pas donné à tout le monde…
MN : Depuis quand travaillez-vous ensemble autour de ces projets de musique-vidéo-chanson ?
C. E. : Le Manque a été créé en 2007. Un premier album : Ratages et confettis. Le deuxième : Rester ouvert à l’inattendu. Le troisième sera bientôt finalisé et s’appelle Torse nu dans la fosse. Le petit succès de Mourir à Chartres (17.000 vues sur YouTube) a été encourageant pour poursuivre les clips et pour tendre vers un vrai projet cinématographique (et l’influence, l’apport des arts). http://lemanque.free.fr/acheter_le_CDbis.htm
MN : Comment avez-vous évolué depuis le début ?
LF : Nous avons fait appel à d’autres musiciens pour le 3ème album, Torse nu dans la fosse, si bien que le résultat sonne sans doute moins rigide, moins froid… plus musical et sensuel par certains côtés. Mais pour les textes, désolé, c’est toujours Christophe et moi, donc… noir, noir, noir (avec un peu de sucre ici et là) !
MN : Comment travaillez-vous : d'abord la chanson, puis le clip ? Ou l'inverse ?
CE : C’est souvent la chanson qui réclame des images. Mais on a filmé aussi des images qui ont réclamé une chanson (L’alcool est une drogue légale), bientôt sur YouTube, sera une chanson courte puisqu’on a juste de quoi faire un clip d’une minute où l’on retrouvera Bernard (80 ans), un des héros de notre clip Œdipe casserole.
LF : Nous avons quelques rushes improbables qui attendent une chanson, en effet. Mais la plupart des images de nos clips on été tournées avec la chanson en tête, et presque le montage.
MN : Quelle est votre actualité pour 2013, quels sont vos projets suivants ?
CE : On se concentre sur les prochains clips et les collaborations avec d’autres artistes (ou réalisateurs/vidéastes). Il va y avoir de très grosses surprises, dont une collaboration avec un artiste contemporain de génie, Milou (chien superstar) qui sera le héros de Séducteur loser. On va filmer à Angers Champion du monde du malheur, préparer quelque chose d’énorme pour Merde à la Saint Valentin, chanson rap et racoleuse (parce que ce serait bien un jour que les médias s’intéressent un peu à nous). Il y aura aussi deux concerts au printemps (entre Angers et Nantes) car on est invité par le chanteur Christophe Bell Œil (qui aime nos chansons et notre univers). Il va aussi falloir que l’on pense à une formation scénique étoffée, parce ce qui fonctionne en librairie ou dans un lieu intimiste ne fonctionne pas forcément sur une plus grande scène.
LF : Oui, je n’ai rien à ajouter. Christophe parle tellement bien qu’on dirait qu’il lit un texte !
Boutique du groupe : http://lemanque.free.fr/acheter_le_CDbis.htm
Page YouTube : http://www.youtube.com/user/LEMANQUE?feature=watch