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David Van Hemelryck nous explique « Hollande démission »

David Van Hemelryck nous explique « Hollande démission »

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Propos recueillis par Maximilien Friche

Beaucoup de médias cherchent à mieux connaître le leader du mouvement Hollande démission, David Van Hemelryck, notamment depuis son survol de Notre Dame des Lorette le 11 novembre dernier. MN cherche à mieux cerner la stratégie de David Van Hemelryck, et ce que suggère cette stratégie en pensée politique. David Van Hemelryck a accepté de répondre aux questions de MN.

Hollande est un bug, une erreur de programmation, le point faible d’un système à abattre.

Mauvaise Nouvelle : Depuis des années maintenant et précisément depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République, vous vous obstinez dans un combat au slogan très simple : Hollande démission. Et vous ne lâchez rien. À force d'événements marketings : la Hollandette, le dirigeable, les pubs sur la plage, les sweat-shirts, les sifflets du 14 juillet, etc., ce qui étonne et intrigue désormais, c'est votre opiniâtreté et votre constance dans la cible. C'est Hollande qui cristallise tout votre combat et votre créativité. J'en viens à ma question, pourquoi Hollande dégage et pas Valls dégage, Najat dégage, Ségolène dégage, et j'ai parfois envie de généraliser un brin en disant PS dégage. Pourquoi donc ne réserver votre combat qu'à ce pauvre président ? Est-il pire que les autres, en quoi ?

David Van Hemelryck : Avec cette question, on revient aux origines du combat Hollande démission. Hollande démission, c’est non violent et civil mais avec un objectif clair qui est l’efficacité. Quelle cible peut-on viser pour faire écrouler le système ? Parce que le système est pourri. Si vous donnez un chèque en blanc à quelque parti que ce soit, l’UMP, le PS ou le Front National, êtes-vous sûr que ce chèque sera dépensé pour ce que vous voulez ? C’est problématique si les élus ne font pas ce que les électeurs veulent, s’ils leur mentent. Il faut un système où les électeurs contrôlent les élus et où l’élu serait sanctionné s’il ment. Le mensonge cela va bien pour les enfants de moins de trois ans pour leur faire croire au père Noël. Mentir à des adultes, c’est tout simplement les prendre pour des cons. Hollande démission, c’est le choix de l’objectif pour casser le système. Si vous voulez qu’une tour un peu branlante s’écroule, vous choisissez le point faible et vous tapez toujours au même endroit. Et monsieur Hollande est l’endroit le plus faible du système, parce que personne ne l’aime, parce que c’est évident qu’il est menteur, parce que c’est évident qu’il n’est pas compétent pour ce poste de monarque présidentiel.

Grâce à la monarchie hollandaise, à la dictamolle hollandiste, maintenant que c’est lui notre président, on se rend compte que ce poste de monarque présidentiel, prévu par la constitution et qui a tous les pouvoirs, est une aberration. Quand c’était des présidents qui nous déplaisaient un peu moins, on acceptait les scandales, la corruption, le système. Et Monsieur Hollande est une chance pour les Français. C’est un bug, un énorme bug, une erreur de casting même pour la gauche, une erreur de programmation. Si c’est une erreur de programmation, c’est que le système est mauvais. Alors où est-ce qu’on attaque ? Cela ne sert à rien de s’échiner à attaquer les francs-maçons, le parti socialiste, etc., il faut attaquer le point faible, on attaque Monsieur Hollande. Et tous ceux qui veulent casser le système sont mes alliés de fait, même s’ils ont des idées différentes, même s’ils n’ont pas les mêmes idées que moi.

Quelles que soient vos convictions, le système ne vous permet pas d'être écouté, venez, faisons la révolution ensemble !

MN : Votre combat, qui se veut la plupart du temps en dehors de l'échiquier politique, ressemble à un lobbying populaire. Aujourd'hui, Sarkozy revient dans la course pour incarner une opposition puis une alternance à Hollande. Marine Le Pen y est depuis un bon moment. Quel est l'impact du retour de Sarkozy sur votre démarche ? Votre démarche ne va-t-elle pas se faire doubler et même éclipser par le retour de la course à la présidentielle ? Hollande démission va-t-il se transformer en parti du vote blanc par exemple ?

DVH : Effectivement, le retour de Sarkozy handicape un peu une action de type révolutionnaire, même non violente. Le positionnement Hollande démission au niveau politique est de rester cohérent pour dire que le système en lui même est mauvais. Si le système est mauvais, on ne peut pas se contenter des fans de telle ou telle personnalité politique, ce n'est pas avec 20% de sarkozystes, 20% de marinistes ou 5% de mélanchonistes que l'on va casser le système. On n'a pas besoin que ces gens là descendent dans la rue pour faire la révolution, mais qu'ils applaudissent nos actions, qu'ils soient contents qu'on décrédibilise le système.

Il faut que nous prenions garde à ne jamais être partisans pour ne pas éloigner ceux qui sont pour une action déstabilisatrice du régime en place mais qui ne partageraient pas nos idées. Attention, le message n'est pas non plus : Laissez tomber vos convictions, ce n'est pas comme ça que l'on ferait la révolution. Le message serait plutôt : quelles que soient vos convictions, le système ne vous permet pas d'être écouté, venez, faisons la révolution ensemble, et gardez vos convictions, on en aura besoin plus tard. Le préalable à toutes choses est de rendre le système juste, les hommes politiques responsables de leurs actes.

En ce qui concerne le potentiel retour de Sarkozy ou l'arrivée d'une jolie blonde en 2017, si on leur donne un chèque en blanc, les lois que vous voulez voir votées ne le seront peut-être pas. En revanche, si vous gardez en main une capacité à les censurer, alors tout reprend son sens. En fait, on aura une démocratie.

D'un point de vue tactique, on s'inscrit effectivement peu à peu dans la présidentielle, puisque le vrai lieu du pouvoir, c'est la monarchie présidentielle. Les gens ne pensent qu'à ça. En 2016 et 2017, ce sera mort, chacun ne pensera qu'à son poulain. La petite fenêtre de tir pour taper sur le système ne dure que deux ans, une fenêtre de tir qui est donc très courte. Souvenons-nous qu'en juin 1788, il ne se passait rien et, en juillet 1789, la Bastille tombait. On peut tout à fait parvenir à changer l'histoire de France.

Ce qui compte c'est la démocratie.

MN : Vos incitations aux sifflets le 14 juillet ont choqué les plus attachés aux institutions. Ces derniers parlent avec emphase de "la personne du chef de l'État". N'y a-t-il pas un piège tissé par la république elle-même pour prolonger l'idéologie révolutionnaire ? Par ailleurs, Hollande a-t-il montré les limites de la Vème République ou de la République tout court, cette dernière se révélant  davantage une idéologie qu'une forme de gouvernement ? Pourquoi ne pas aller sur ces questions ?

DVH : Est-ce qu'il y une idéologie révolutionnaire ? Oui. Il ya des gens qui aiment bien les symboles de la révolution qui coupent des têtes. Moi je m'approprie le mot de révolution, parce que la révolution, c'est quand on fait tomber le système. Le système étant mauvais, on va donc faire une révolution. Est-ce que l'on va couper les têtes ? Si possible, non ! Non, parce que lorsque l'on coupe des têtes, cela fait des martyrs. Pas de putsch s'il vous plait, sinon les idées qui auront été abattues par le putsch seront crédibilisées pour les 30 ou 40 années. Donc au moins par pragmatisme, restons non violents.

Le vrai problème est que les Français ne s'intéressent qu'à leur histoire. La société d'aujourd'hui est bien plus proche de la Pologne des années 80 que de la société française de 1789. Si on veut savoir ce qu'est une révolution aujourd'hui, regardons dans les pays autour de nous. Quant à la République, ce n'est qu’un mot et c'est devenu un symbole, le symbole de tout ce qui est bien selon les journalistes et les politiques. Pour les Romains, la république c'était simplement la chose publique. Le vrai mot qui compte pour moi, c'est la démocratie. République ou monarchie comme au Royaume uni, peu importe, du moment que la société est démocratique. En Angleterre par exemple, ils ont l'habeas corpus, une loi fondamentale qui énonce qu'on n'a pas le droit de vous arrêter sans que la loi n'ait été respectée. Il y a par ailleurs l'impossibilité d'être arrêté pour un simple contrôle de papier, puisque les papiers d'identité n'existent tout simplement pas. Cela change tout par rapport à la France ! On passe chez nous un temps fou à contrôler les papiers de façon abusive, notamment quand il s'agit d'opposants politiques. La démocratie, c'est aussi le fait de respecter les droits de l'homme. En France, on ne les respecte pas. Donc république ou monarchie, peu importe. Ce qui compte c'est la démocratie. Puisque cette dictamolle ne veut pas montrer son vrai visage, à nous de la forcer à le dévoiler.

Courage, désobéissance et efficacité

MN : Pensez-vous parvenir un jour à obtenir réellement la démission de François Hollande, sa destitution ? Croyez-vous réellement à la possibilité de son départ anticipé ?

DVH : Voilà la question que tout le monde se pose. Qu'est-ce qui fait descendre les gens dans la rue, sinon l'espérance de gagner ? Il est important de choisir un objectif réalisable. Est-ce 100% sûr d'obtenir la démission d'Hollande ? Non. Est-ce que cela vaut le coup de se battre. Oui ! Changer l'histoire de France, ça vaut le coup. Casser le système, ça vaut le coup, imaginez tous ces jours de bonheur ! Est-ce que j'y crois ? Oui, car Hollande a créé une vraie opportunité. Hollande, encore une fois, c'est le point faible. C'est tellement crédible que, pour la première fois sous la Vème République, des magazines nationaux ont pu titrer : va-il tenir ?, peut-il rester ?, etc. Avant c'était tabou. Il y a un an, il n'y avait guère qu’Hervé Morin ou Christine Boutin pour réclamer sa démission, et bien aujourd'hui, même des gens du système comme Bayrou ou Fillon avouent que cela ne peut pas tenir jusqu'en 2017. La vérité est que Hollande démission est passé en un an d’un petit mouvement à un mouvement très connu et populaire depuis Notre Dame de Lorette. Je ne vais pas faire de statistiques sur les chances de réussite, mais on a deux ans pour réussir et on a vraiment une chance.

MN : Deux types de mouvements contestataires ont pu agir depuis l'élection de Hollande. D'un côté La Manif Pour Tous, complètement pacifique, et de l'autre côté, des mouvements plus violents comme les Bonnets Rouges, les écolo-gauchistes de Sivens. Quelle efficacité peut avoir votre mouvement sans un minimum de violence ?

DVH : Au-delà des cocktails Molotov des manifestants qui sont évidemment à dénoncer, il ne faut pas être dupe de la violence policière et de la propagande gouvernementale. Par exemple, s'il y a eu des vitrines cassées à Nantes, c'est que le gouvernement l'a voulu. Il aurait très bien pu empêcher l'accès au centre ville. C'est très dur de se rendre compte que le flic qui me protège est aussi celui qui défend le système que je n'aime pas. L'ordre n'est pas une mauvaise chose, l'ordre est utile. Mais l'ordre n'est pas une valeur en soi, c'est neutre. Demandons d’abord une société démocratique. S'il faut passer par une phase de désordre pour rétablir la démocratie, cela ne me pose pas de problème. Mais un désordre, le plus limité possible car nous sommes non violents, cramer un pneu ou un portique n'est utile que pour délivrer un message psychologique de désobéissance. Les révolutionnaires vraiment violents servent souvent le système finalement car ils se décrédibilisent. Nous, nous devons mener une guerre psychologique en restant crédibles. Notre capital, c'est le courage. Notre arme est la désobéissance. Notre principe est l'efficacité.


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