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Une majorité qui s'effiloche

Une majorité qui s'effiloche

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L'Érosion des partielles


Aujourd'hui a eu lieu le premier tour de la législative partielle destinée à remplacer Jérôme Cahuzac à l'Assemblée Nationale. Une de plus !

Il y a tout juste un an, au soir du 17 juin 2012, le Parti Socialiste emportait à lui seul la majorité. Avec ses apparentés, le groupe socialiste comptait 297 membres alors qu'il en suffit de 289 pour être majoritaire. Depuis, la situation n'est plus aussi rose pour les Socialistes. À la faveur de trois élections partielles au terme desquelles les députés socialistes élus l'an dernier ont été évincés, de l'exclusion de Madame Andrieux suite à sa condamnation pour détournement de fonds, et enfin de la démission de Monsieur Cahuzac, le groupe ne compte plus que 292 membres.

Disons-le tout-de-suite, la majorité de gauche n'est pour l'heure pas menacée à l'Assemblée. Ce n'est toutefois pas le cas de la majorité socialiste, puisque celle-ci ne tient plus qu'à quatre sièges. Si elle venait à tomber, l'exécutif ne pourrait pas faire autrement que de compter sur les votes de ses alliés, notamment écologistes et d'extrême gauche. Entre un Jean-Vincent Placé qui s'agite et les gesticulations de Jean-Luc Mélenchon, cela ne serait pas sans conséquences. Il n'y a qu'à regarder les couacs lors des votes au Sénat, où la majorité de gauche ne tient qu'à un fil ou plutôt à quelques voix, pour comprendre combien il est confortable d'être majoritaire à soi seul au Palais Bourbon.

Le maintien de sa position de force devient un enjeu majeur, pour ne pas dire crucial pour le Gouvernement. Sans compter que, sans mauvais esprit ni démagogie, il parait difficile d'imaginer que moins de quatre députés socialistes soient touchés par l'affaire de ces quarante parlementaires ayant ou ayant eu un compte illégal en Suisse. Honnêtement, chaque parti aura probablement ses moutons noirs, le PS comme les autres, mais il est le premier parti représenté à l'Assemblée Nationale.

Stratégie du pire : le salut de Hollande ?


Si la majorité du PS à l'Assemblée devenait si faible, qu'elle tiendrait à un ou deux sièges, qu'elle risquerait de basculer à la première partielle venue, François Hollande pourrait être tenté par la stratégie du pire. Quitte à perdre sa majorité PS, pourquoi ne pas perdre toute majorité ? Pourquoi Hollande n'imiterait-il pas une fois encore son mentor Mitterrand ? Il pourrait ainsi se refaire une santé aux dépends de la Droite, pendant deux ou trois ans, histoire d'arriver à la Présidentielle drapé dans une posture de statue du commandeur, condamnant hautement la politique réaliste d'un gouvernement UMP. Mais comment perdre une cinquantaine de sièges ? Comment organiser une telle vague d'élections partielles ?

Le programme du candidat Hollande incluait une promesse qui, comme tant d'autres, a été trahie et déjà oubliée : le non-cumul des mandats. Les parlementaires socialistes élus il y a un an s'étaient engagés à ne pas cumuler ce mandat avec un exécutif local. Après quelques déclarations dans la presse et une mini fronde, les bonnes intentions, ou plutôt l'affichage de campagne, étaient enterrées dans la plus grande indifférence. Mais si Hollande décidait finalement de tenir sa parole, qu'arriverait-il ? La plupart des parlementaires concernés choisiraient leur Mairie plutôt que le Palais Bourbon, préférant de loin la bienveillance des électeurs et la douceur de vivre française à la gloire parisienne. Un certain Alain Juppé a déjà montré le chemin. Voilà de quoi renouveler massivement les postérieurs qui viendront s'asseoir sur les nobles bancs de ce Palais qui fut, au temps de la IIIème République, le cœur de nos Institutions.

Il est vrai que ce ne sera pas facile à mettre en œuvre. En ces temps d'impopularité historique pour l'exécutif, on voit mal un référendum, quel qu'en soit le sujet, obtenir l'assentiment des Français. Quant à obtenir un vote de parlementaires cumulards contre le cumul… La chose ne semble pas aisée mais reste plus réaliste : l'ancien premier secrétaire du Parti Socialiste est un spécialiste de la synthèse. Les négociations en cercles restreints et en coulisses, ça le connait, repensons un instant au mode de désignation de Monsieur Désir à la tête du PS.

La stratégie du pire est probablement la meilleure pour un Hollande en quête d'un second mandat. Mais elle requiert une grande volonté, une force de caractère, en un mot du courage ! Hollande en aura-t-il assez ? Je ne l'exclus absolument pas. Il faut dire que l'enjeu le motive.

Une fois la décision prise, et au vu du nombre de démissions au Parlement, il ne restera plus qu'à transformer la future défaite en un tribut à verser à la démocratie, et son provocateur en homme d'État conscient de ses responsabilités. Dans sa haute bienveillance, le Président permettra alors aux Français de choisir leurs nouveaux représentants et dissoudra l'Assemblée. Hommage émouvant, et combien mérité, au révolu génie chiraquien ; l'ironie du sort se fera humour corrézien.

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