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Qui vole un œuf vole un bœuf, … et devient terroriste

Qui vole un œuf vole un bœuf, … et devient terroriste

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Qui vole un œuf vole un bœuf, on connait la formule mais le bon sens populaire a depuis bien longtemps été écrasé par la puissance de la dialectique du politiquement correct, exercice consistant à passer cyniquement de la manipulation des esprits à l’inversion des définitions voire aux vulgaires jeux de mots. La fable moderne pourrait pourtant s’écrire ainsi : qui occupe la cage d’escalier de son HLM brûle une voiture ; qui brûle une voiture trafique de la drogue ; qui trafique de la drogue est recruté par Daech. Une autre façon d’énerver son prochain humaniste serait de surfer sur la prédiction de Sarkozy en meeting à Rouen la semaine passée : « Quand on consulte des images de djihadistes, on est un djihadiste » On comprend ce qu’il a voulu dire, on espère que lui aussi, mais l’essentiel au delà des formules serait de révéler le continuum qui existe de la délinquance ordinaire jusqu’au terrorisme. La formule qui vole un œuf vole un bœuf est une formule utile pour les parents pour faire prendre conscience à leurs enfants que voler ce n’est pas beau, que la loi morale n’est pas relative, et qu’autoriser le vol pour une petite chose sans gravité revient à ouvrir la porte à un vol plus grave. 

Dialectique anti-amalgame

Terroristes et délinquants sont deux figures qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. C’est vrai et en même temps, le politiquement correct tente d’ériger, une nouvelle fois, une barrière pour endiguer la réaction dans sa manie de brancarder la vérité à chaque événement dramatique. Les terroristes sont une  forme de déséquilibrés comme une autre et basta. Certains déséquilibrés donnent du couteau sur les carotides qui ne leur reviennent pas, d’autres arrosent la foule du Bataclan. Il est urgent pour les médias d’isoler les actes pour ne surtout pas traiter les causes. C’est le vertige qui leur fait peur, le sol se dérobe sous leurs pieds.

On connaît bien la barrière qui consiste à éviter de stigmatiser les communautés musulmanes en traitant d’islamophobes tous ceux qui … ont peur de l’islam. Tiens, amusant que cette insulte ait un sens littéral bien plus pertinent que le sens politique. La nouvelle barrière érigée l’est entre les « jeunes » et les terroristes. Comment osez-vous comparer les occupations de cages d’escalier, les incivilités, les tags, les vols de portable, les voitures qui brûlent à la Saint Sylvestre, les pompiers « caillassés », les filles non soumises traitées de putes, les tournantes… autant de menus larcins qui ont toujours existé et qui existeront toujours avec… un acte de la plus grande barbarie consistant à tuer des innocents de sang froid ! Allons bon ! Voilà qu’il faut encore se battre contre l’amalgame, décidément, c’est une manie des gens de droite d’amalgamer. « Sales amalgameurs » semblent hurler les loups du politiquement correct en direction des oiseaux de mauvais augure.

Sauf qu’il ne s’agit pas d’exterminer la cellule terroriste et un ou deux commanditaires bruxellois pour rendre non reproductible l’événement malheureux. Charlie a suivi Mohamed Merah et le Bataclan a suivi Charlie. Pourtant, à chaque fois, les méchants ont été exterminés. Mais le système a engendré de nouveaux méchants. Où les trouvent-ils ? Que faisaient-ils jusque là ?

 

Vivier et back office

Nous savons déjà que nous n’avons que 11 000 fiches S, 11 000 terroristes en puissance. C’est bien peu au regard de toute la communauté musulmane, mais c’est déjà beaucoup plus que la petite bande de franco-belges fracassés. Ces fiches S représentent une troupe qui sert potentiellement de base logistique arrière. Mais la logistique, ce qui permet aux terroristes de se préparer tranquillement, de se cacher, n’est pas limitée à cette troupe de borderline obsédée par la pousse des poils sur leur face. Le logeur des terroristes est lui-même le petit caïd de sa rue faisant régner la terreur par l’incivilité et le trafic.

Les lieux de non-droits, de délinquance, sont des supports logistiques des terroristes, mais ce n’est pas le seul point qui crée un lien entre terroristes et délinquants. La délinquance et son ramassis de paumés ayant chuté toujours plus bas (jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien… tant que tu n’as pas de ceinture d’explosifs) représente le vivier idéal pour les recruteurs. Tous les terroristes, au delà de la consultation des fameuses pages internet, ont eu un contact physique avec le bon imam qui les a présentés au bon caïd, etc. Le terrorisme n’est pas le fruit d’actes isolés, mais plus exactement le largage d’une cellule par l’organisation nébuleuse rattachée à l’État islamique. Ils larguent la cellule terroriste comme on largue une bombe, et on voudrait croire que la bombe n’est sortie de rien… Le délinquant finit par monter les marches de la cage d’escalier qu’il a commencé par occuper pour finir par recevoir une kalachnikov et s’il est sage, sa ceinture d’explosifs.

 

Violence légitime, culture et éducation

Oui, le délinquant n’est pas un terroriste. Mais oui aussi, il y a un continuum entre la délinquance et le terrorisme. Qui vole un œuf vole un bœuf … peut se vérifier encore de nos jours. « Tu vois où peut te mener ton premier crachat à la tête de ton voisin ? » La violence légitime, celle des parents, des éducateurs, de l’État, ne doit pas s’attaquer qu’au bout de la chaîne, mais ramasser chaque petit caillou, ne rien laisser passer. Si tu craches, je te tire l’oreille, si tu ne respectes pas les adultes, je te donne une fessée, si tu brûles une voiture… C’est ainsi que l’on transmet et que l’on force les parents à transmettre. « Tu ne veux pas finir en charpie comme ton grand frère, alors travaille à l’école et respecte les adultes. » L’apprentissage du bien et du mal ne peut tolérer le laxisme au motif d’une relativité qui sied bien au monde adulte. Faire partager nos valeurs ? Celle de la République, des droits de l’homme et de l’humanisme triomphant ? OK, mais sans manifestation de l’autorité, c’est impossible. Surtout pour un peuple issu qui a la religion du caïd et ne respecte que les forts…. Qui osera dire, y compris chez ces socialistes habitués à la malhonnêteté intellectuelle, que la culture n’est pas le meilleur rempart contre la barbarie ? Et bien l’éducation fait partie de la culture, elle rend possible sa transmission. D’une foule de mal élevés, nous avons obtenu les émeutes de 2005. D’une armée de barbares qu’obtiendrons nous dix ans après, sinon le terrorisme et la barbarie ?


Urgence et tragédie
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