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Soigne ta droite

Soigne ta droite

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           Je viens de ce qui est maintenant la « droite Zemmour », « l’extrême droite » ou droite nationale plutôt, c'est mon biotope originel. Je réfute complètement les termes de « national-populisme » ou « national-conservatisme » employés par des journalistes comme Alexandre Devecchio. Ce sont des expressions extrêmement biaisées. Nous n'évoquerons pas ici la droite de « Les Républicains » qui est libérale libertaire tout comme le PS, ou ce qu'il en reste, ou le parti « Renaissance », ex-La République en Marche.

           Je la connais par cœur depuis une quarantaine d'années. J'y ai eu des relations dans tous les groupuscules, partis et micro-partis la composant : des nostalgiques de l'Algérie Française, de ceux qui rêvent de reconstituer l'Action Française, les catholiques « tradis », les ultramontains, aux monarchistes en passant par les antisémites assumés ou pas. Cela a un côté ironique de savoir que certains qui partagent les idées de Zemmour soutiennent un petit juif berbère antithèse parfaite de l'occidental tel qu'on le voit dans les illustrations de Pierre Joubert dans ces histoires édifiantes de scouts héroïques que l'on offrait aux enfants il y a une soixantaine d'années.

          Je les connais donc sur le bout des doigts.

          Je connais aussi particulièrement leur goût pour un élitisme du minoritaire : « On comprend mieux que les autres ce qui se passe, on a les solutions », « le peuple est trop bête pour saisir ce que nous lui disons ». On aime se conduire en « initiés » qui eux savent les secrets cachés derrière la trame du monde. On fait mine d'être blessés par l'ingratitude du pays qui se prive de tels esprits, de tels guides. Mais finalement ce qui compte réellement c'est l'image flatteuse que l'on a de soi, le reflet magnifié dans le miroir et la satisfaction de ses ambitions personnelles.

          Ce n'est pas que je réfute l'intérêt de l'orgueil en politique, ce n'est pas un si gros défaut quand cela rejoint la volonté de faire le bien pour tous.

          Et bien entendu il y a un côté très appuyé de « niche sociale ».

          On n'aime pas beaucoup se mêler aux militants de chez le Pen, père et fille. Trop populaires, trop populaciers, pas à la hauteur. Je me souviens de ce « 1er mai » en 2014 où j'étais allé participer au défilé du Front National. J'avais vu tous ces grands esprits froncer le nez devant les militants de milieux plus simples. Je suis certain que la « proposition » d'Aymeric Caron de réinstaurer un suffrage censitaire basé sur le niveau d'études voire sur un diplôme de citoyen trouvent aussi dans cette droite Zemmour un terreau tout aussi favorable que chez les bien-pensants de gauche.

          Quand Stanislas Rigault qui s'occupe de « Génération Zemmour » évoque son lycée militaire et la mixité sociale qui selon lui y régnait il est soit candide soit dissimulateur. Dans la plupart des écoles militaires, de Saint Cyr, Saint Maixent au Prytanée de la Flèche ce sont surtout des fils de famille bourgeois que l'on trouve.

          S'il y avait une mixité sociale théorique on ne mélange pas, on reste « entre soi ».

          Il est très loin le temps des « enfants de troupe » méritants qui consacraient plus tard leur vie à la « Grande Muette », prêts à donner leur vie pour leur pays. Il est loin le temps du Versailles des familles de militaires désargentés mais courageuses.

          Au sein de cette droite on passe son temps à se justifier de ne pas être trop extrême ou « facho » ou raciste, à donner des gages de bonne mœurs politiques aux arbitres des élégances morales. Alors que pour les « bourgeois pédagogues » toutes les personnes exprimant des doutes sur le multiculturalisme, la liberté totale des mœurs, le mariage homosexuel, la GPA est qualifiée de suite de « nazi » quel que soit le degré d'affirmation de ces doutes sur toutes ces questions.

          Et pourquoi donner absolument des gages à l’adversaire pourquoi vouloir absolument utiliser sa rhétorique ?

          La politique depuis que j'ai l'âge de raison prenait dans ce milieu une importance démesurée qu'elle n'aurait pas dû avoir pour des enfants. Même si c'est flatteur de constater que des adultes considéraient que nous étions suffisamment mûrs pour la comprendre dès l'âge de raison. Tout était politique : la messe à laquelle on assistait, les cérémonies auxquelles on participait, les lectures, les divertissements etc.

          La liberté de se construire y était réduite à sa portion -très- congrue.

          Et il y a aussi l'hypocrisie de ce milieu de droite et l'incohérence entre les valeurs que l'on prône pour les autres et celles que l'on pratique pour de bon, les petits secrets sales que l'on cache sous le tapis bien soigneusement. On vit avec, on fait comme s'ils n'existaient pas. On parle de morale mais on l'oublie la plupart du temps. Les vices sont bien camouflés sous un vernis se voulant religieux, vaguement spiritualisant, 

          « Il faut bien vivre mon bon monsieur ».

          La politique est d'ailleurs totalement impuissante face à l'effondrement de ce pays, de cette société de consumérisme effréné, de mondialisation sans frein où seul l'argent compte. La sensiblerie et l'émotion reine face à la guerre en Ukraine nous mènent également lentement mais sûrement au conflit généralisé. Je devrais citer de même la possibilité très vive d'une guerre civile, ethnique et religieuse en France. Dans la vie de tous les jours on ne comprend pas pourquoi il y a encore des mosquées clandestines, des femmes voilées et des imams radicaux vu toutes les grandes déclarations belliqueuses que l'on trouve un peu partout envers l'Islam sur les réseaux dits sociaux.

          Vous ne vouliez plus de la tragédie ?

          Vous ne vouliez plus du sang et des larmes ?

          Vous aurez pourtant tout cela.

          Inconscients volontaires ou pas de ce qui arrive la plupart s'analysent gravement, se flattent l'ego, pensent qu'ils ont le temps de continuer ce ronronnement confortable et continuel d'élitisme victimaire des années et des années. S'auto-flageller, se déchirer entre soi en parant la fille le Pen de tous les maux, en oubliant d'attaquer Macron que l'on respecte finalement plus. Pour la bonne bouche je citerai ces naïfs qui pensaient sincèrement que Foutriquet était en réalité monarchiste sans doute légitimiste, peut-être même maurrassien car il a le sens des pompes étatiques. Il allait se révéler c'était certain à les entendre.

          J'ai cru moi-même un instant que Zemmour allait renverser la table….

          Et puis j'ai repris les chemins de traverse que j'ai dorénavant choisi d'emprunter. Tous les hommes et femmes libres que j'admire l'ont fait avant moi, je suis en bonne compagnie.,

          …Et c'est ainsi qu'Allah est grand (petit hommage à Vialatte en passant).


Qui a peur d’une droite forte ?
Qui a peur d’une droite forte ?
La droite en quête d’un nouveau souffle
La droite en quête d’un nouveau souffle
La droite est un bouquet de violettes
La droite est un bouquet de violettes

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