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Le Pen, l’épouvantail utile

Le Pen, l’épouvantail utile

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À propos de l’excellent documentaire « Jean-Marie le Pen : A l’extrême » diffusé sur France 5 le dimanche à 21h05. N’y sont interrogés que des proches et des compagnons de route du Front National, à l’exception de Cambadélis. On ne peut donc pas le soupçonner de parti-pris dogmatique

 

Le Pen c’était Goldberg dans 1984 d’Orwell, un méchant utile, un épouvantail que l’on agitait pour regrouper les mécontents et surtout ne pas écouter ce qu’ils ont à dire. Et cela fonctionnait très bien jusqu’en 2002 où à sa grande surprise il crève pour la première fois le « plafond de verre » et se retrouve au deuxième tour des présidentielles contre Chirac. Les « castors » obéissant docilement aux mots d’ordre des bien-pensants ont alors pris peur et sont allés manifester entre deux rangées de flics pour « défendre la démocratie », sans y voir la moindre contradiction.

Comme le petit peuple, qui subit de plein fouet l’insécurité, vote le Pen, les plus favorisés, moralisateurs, fronçant le nez de dégoût face à l’expression parfois maladroite du ras le bol de se faire cambrioler encore une fois et, ou agresser dans la rue pour un regard mal interprété, se sont donnés depuis longtemps le rôle d’arbitres des élégances politiques. Et puis dire du mal du vote le Pen c’est aussi encore se singulariser, se donner le beau rôle, celui des « humanistes ». Dans la grande majorité des cas, ces donneurs de leçons se gardent bien d’habiter en « quartier ».

Aux législatives 2024 je ne me doutais pas que leur bêtise pousserait certains d’entre eux à voter LFI pour éviter une déferlante RN à l’assemblée nationale. Ce sont les mêmes qui pourtant sur les réseaux sociaux ou dans les médias qui déplorent le discours des « insoumis » qu’ils ont largement contribué à rendre plus audible.

En 2025 le vote RN, le vote le Pen ou Bardella, est encore considéré comme un vote « protestataire », un vote qui n’exprime pas vraiment une adhésion en somme, un vote pour compenser les conséquences de la crise économique, pour se consoler. Certains électeurs de droite ont cru trouver en Zemmour et son parti une alternative plus « présentable » à le Pen et au RN. Le mépris social affiché envers les électeurs du RN montrait que chez Zemmour on n’avait pas compris grand-chose à cet électorat.

Les constats de le Pen sur le pays et l’immigration, à compter de la loi sur le regroupement familial de 1975, se sont malheureusement avérés tous justes, le problème étant qu’il les a très mal défendus. On sait d’où vient l’homme. On sait d’où il parle.

C’est un de ces « soldats perdus » de l’Algérie Française, habitué aux groupuscules maurrassiens et leur violence rhétorique, un ancien du parti de Poujade habitué aux ultra-minoritaires de la droite extrême où l’on entend parfois des discours farfelus et/ou complotistes qui permettent au pouvoir de ne jamais être sérieusement inquiété. Ces groupes sont également toujours le prétexte de luttes picrocholines d’égos surgonflés. Autour de l’homme le Pen il y a aussi tout au long de son existence une atmosphère trouble, toujours un peu louche, de son « héritage » des ciments Lambert à la manifestation où il perd son œil jusqu’à l’attentat de la villa Poirier où il manque de perdre la vie, sans parler de son ex-femme posant dans Lui qui maintenant habite toujours à Montretout à saint Cloud, sans parler des morts étranges et souvent providentielles de ses lieutenants qui commençaient à prendre trop de place.

On trouve toujours de ces individus interlopes dans les milieux d’extrême droite : de ces anciens des « chantiers de jeunesse » de Pétain jusqu’à ces militants monarchistes traditionalistes catholiques se choisissant l’un ou l’autre gourou. On y aime le bon mot et la formule choc mais finalement, face aux islamistes, on baisse les yeux et on rase les murs, comme tout le monde ou presque. Tous ont leurs lubies idéologiques : du combat contre le féminisme en passant par le rejet des revendications des minorités sexuelles, l’art moderne, les profs etc. Bien souvent de la psychologie élémentaire explique ces lubies : de la frustration sexuelle en passant par le ressentiment de ne pas être, croit-on, reconnu à sa juste valeur.

La plupart sont des pantins bien utiles au pouvoir en place qui les met en avant pour déconsidérer toute parole de droite. Et il y en a une bonne partie qui est « indic » pour les BCRI, ex-RG, beaucoup ne savent plus trop ce qu’ils sont ; militants d’extrême-droite ou auxiliaires de police. Enfin, quand il s’agit de défendre réellement une cause, en s’impliquant, en faisant preuve de courage hors de sa case « minoritaire » bien confortable, il n’y a plus personne. Les inconscients qui prennent des risques inconsidérés en ayant un discours clair, on les envie, on les admire, ce sont des grandes « gueules » bien utiles qui disent ce qu’ils pensent par procuration pour d’autres…

Ce qui s’est passé en 2022 et qui a permis la réélection de Macron montre que finalement depuis les premiers bons scores du FN en 1984 aux européennes rien n’a vraiment changé.

 


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