En quête
Littérature Mauvaise Nouvelle https://www.mauvaisenouvelle.fr 600 300 https://www.mauvaisenouvelle.fr/img/logo.pngEn quête
ô toi là-bas si tu savais
combien de fois j’ai parcouru
les verts sentiers sous les forêts
combien de fois m’ont soutenu
mes souvenirs décolorés
combien de fois m’ont enlevé
loin des cités mes lourds soupirs
combien de mers combien d’empires
j’ai traversé sans retenir
les coursiers de mes illusions
les éclaireurs de mes désirs
n’en finissant plus de hennir
sous le poids mort de mes visions
mais c’est bien moi que tu cherchais
ô toi là-bas qui t’es drapée
d’absence et de mépris royal
de singerie noble et loyale
mon cœur lassé te laisse en paix
sublimminente apparition
mon doux reflet mains dans les poches
statique et flou prend position
contre ton ombre de fantoche
et sous la branche dévêtue
près d’un bosquet pâle et pentu
t’offre l’oubli tant désiré
fourbu dépose l’arme à gauche
avec ses quatrains déchirés
mais c’est bien moi que tu cherchais
alors ! au détour d’une rue
je te portais ma disparue
ta chair me couvrait les épaules
comme une funeste auréole
et les remous de mes remords
creusaient des sillons d’oxymores
sur le bleu lac de mes pensées
comment l’avouer sans t’offenser
j’ai pris la poudre d’escampette
sous des cieux purs sous la tempête
craintif exsangue et j’ai senti
que s’étiolaient tes abattis
perdu j’ai marché puis marché
mais c’est bien moi que tu cherchais
souffla d’Elsa la voix perchée
caduc poète, hélas ! je fuis ta casemate
car j’ai toute ma tête et toute ma prostate
Copyright photo : Elsa Morante