Réflexion
Littérature Mauvaise Nouvelle https://www.mauvaisenouvelle.fr 600 300 https://www.mauvaisenouvelle.fr/img/logo.pngRéflexion
Miroir, mon beau miroir, dis-moi, ai-je ma place
dans ce cloaque immonde où le plus dégueulasse
triomphe sans combattre au mépris des vertus ?
Où l’enfant de Gaza mâche les détritus
sur le tombeau-poubelle ouvert aux quatre vents
de ses frères de veille et des sommeils levants ?
Dans ce désert absurde où la loi du plus con
téléguide le drone et s’accroche au balcon ?
To shoot or not to shoot ? To kill or not to kill ?
What a stupid question on the edge of my bill !
My son ! Take a deep breath ! You look so serious !
My wound is underneath, your
answer obvious.
Nous maquillons le crime avec du papier bulle
tandis que notre honneur, furieux funambule,
titube dans le noir à défaut de planer.
On ne sait plus vraiment qui croire ou condamner.
La fin nous tend les bras, l’espoir s’est fait la malle,
au confluent des temps le futur crie : « Que dalle ! »
Miroir, mon bon miroir, montre-moi tes fissures,
que j’y sonde à mon gré mes béantes blessures
et me console enfin de la douleur de vivre !
Laisse-moi respirer ton silence et ton givre !
Il fait froid dans mon cœur et tous les feux du ciel
ne sauraient soulager mon hiver démentiel
ni peupler mon exode où rôde grelottant
le cadavre acharné de mes espoirs d’antan.
Mon reflet perd la face et la fenêtre ouverte,
près du four allumé, vomit l’ombre et ma perte.
Qu’ai-je fait, doux miroir, pour tant désespérer ?
M’a-t’on vue blasphémer ? calomnier ? conspirer ?
Notre terre est languide et le microbe infâme
est aussi pénétrant qu’un rasoir sans sa lame.
Il ne veut prendre en compte, âne-trois-fois-bâté,
que son profit futile et son or frelaté.
Notre factice entente est un marché aux putes
où s’achètent les torts et se vantent les brutes.
Pitié ! Mon amiroir ! Ma peine est indicible !
Ces livres dans ton dos te disent le possible. »
Photo : © Julie Peiffer