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La traversée

La traversée

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J’ai traversé la pluie comme un immense chagrin
J’ai traversé la lumière qui s’accrochait à vos paupières
J’ai regardé la lune qui se taisait pour ne pas vous réveiller
J’ai traversé la nuit pour voir fleurir le jour
J’ai traversé la place pour mesurer l’espace
J’ai traversé le temps pour habiter le présent
J’ai bu l’alcool qui perlait à vos lèvres
J’ai connu l’ivresse et perdu le contrôle
J’ai suivi le chemin qui va mourir dans la forêt étanche
J’ai pris la route comme on prend la fuite après les premières estocades
J’ai pris ta bouche dans la mienne comme on prend le départ
J’ai tenu ton cœur dans mes mains divinatoires
J’ai épousé ton destin comme on prend un train en gare de l’incertain
J’ai nagé nu dans les eaux de ton ventre
J’ai été ému, j’ai ri, j’ai pleuré aussi
J’ai été bouleversé, je n’ai rien regretté
J’ai rampé tout du long pour mieux t’attendrir
J’ai été le jour quand tu étais la nuit
J’ai été la nuit quand plus rien ne faisait jour
J’ai longtemps sommeillé, je me suis réveillé
Il y avait ton odeur et ton empreinte dans les draps
Le matin était là, presque en retard
J’ai été l’ombre et la tombe où s’abîme le faisceau lumineux
J’ai cru à la chance d’avoir tout perdu
Je t’ai vu rieuse, je t’ai vu rêveuse
J’ai traîné sur mon dos la grande ourse et son collier de perles rares
J’ai fugué, j’ai marché, j’ai chanté
Je suis venu vers vous qui m’écoutiez sans paroles
Il y avait des mots, des mots comme des herbes folles
Et un peu plus loin, comme un écho
Un verbe nu
Sans effet
Sans effort
Un à peu près
Rien de très précis
Un murmure, une élégie
Un consentement mutuel
Un mur qui se craquelle
Une phrase en suspens
Qui ne veut plus rien dire
Mais qui, ce faisant,
Crachotte encore
Blême
Et ouvre le poème.

Saint Pétersbourg
Saint Pétersbourg
Une bien mauvaise nouvelle
Une bien mauvaise nouvelle
Coup de gomme
Coup de gomme

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