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Le Dernier Rade

Le Dernier Rade

Par  

Hérétique à moi-même, lassé de mes tirades,
Traitre de mes promesses, j’irai trouver le premier rade,
Le plus obscur, le plus secret, le plus enfoui ;
Au mystère de la ville, j’irai au fond des nuits
Arroser mes regrets, te trouver, camarade,
Vieille liqueur invaincue, sourde envie qui parade ;
Dedans le fond du verre pour unique miroir,
Dans la lie du souvenir, en tremblant j’irai voir
Ce que le temps retire, ce qu’il est advenu
De ces yeux, ce visage : cet illustre inconnu.
Les mensonges blêmes des matins
Qui m’arrosaient de leurs promesses,
Ces cilices et ces plaies où se meurt le destin,
Tout est laid, tout est vague : le printemps, la jeunesse
Et cet homme qui s’éteint, cette livide mascarade…
En bourreau de moi-même, j’irai trouver le premier rade,
Je prendrai le verre chaud et l’estoc dans la main,
Dressés contre ma carne et l’oripeau humain
Que ma chair pâle et lâche peine encore à tenir,
Cette pointe en mes tripes que je ne sais retenir,
Pourrissant corps menu, âme triste et malade :
Je t’achèverai demain au fond du dernier rade.

Au fond de la rade
Au fond de la rade
Le dernier des délices
Le dernier des délices
Crépuscule
Crépuscule

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