3 romans qui parlent de Dieu, de croisade et de sang (1/3)
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#1 – Le plus trash : La dernière croisade, de Jean-Louis Costes (Ed. Eretic)
“Nous sommes nés au temps de la guerre et notre destin c’est faire la guerre”
La dernière croisade, p.166
Avec La dernière Croisade, on entre dans un univers parallèle, à double titre.
Dans celui de Jean-Louis Costes, en premier lieu. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Costes est un performer, un musicien, un auteur aussi. Pas spécialement le modèle du gendre idéal, on en convient, mais pas uniquement non plus le gesticulateur scandaleux auquel on voudrait le réduire.
Costes, c’est aussi une sorte d’oracle de son époque. Un type qui dit tout haut, envers et contre tous, ce que tout le monde pense tout bas. Qui lâche des trucs, comme ça, des bombes, de bonne ou mauvaise augure, plutôt de mauvaise – mais bonnes quand même, parce qu’elles œuvrent au rétablissement d’une certaine vérité. Un révélateur en somme, un dévoileur, un prophète sûrement involontaire. Un type sans limites aussi, parce qu’il les a depuis longtemps enfoncées et dépassées. Un type honnête et vrai, surtout, et un type religieux.
Pas un enfant de chœur, d’accord. Mais un type religieux. Et touché par la grâce, certainement, comme devait l’être le Précurseur Jean-Baptiste au désert – qui ne devait pas exactement avoir la mise d’un rabbi du Temple.
Costes, c’est un monde, un univers à lui tout seul, même s’il n’y est pas seul.
L’autre univers dans lequel on entre en ouvrant La dernière Croisade, c’est celui d’un roman qui tient de l’uchronie, un poil du fantastique, peut-être de l’anticipation ou de la prophétie aussi – mais ça, seule l’histoire le dira.
L’histoire commence au Bataclan, le soir des attentats du 13 novembre 2015.
Le narrateur, venu accompagner sa fille au concert, est pris comme tous les spectateurs dans l’assaut terroriste. Il feint la mort pour sauver sa vie, à quelques centimètres de sa fille, violée et tuée devant lui.
Honteux de sa lâcheté, il entreprend de remettre les pendules à l’heure. Il se retrouve alors entraîné, malgré lui, dans une épopée inattendue. Des flics mi-véreux, mi-justiciers, des religieux catholiques traditionalistes résistants, des babas ayant un train dialectique de retard, des immigrés violents mais alliés de circonstance, des paysans et ruraux français révoltés, des beaufs de province ayant fini de se taire, des militaires en rupture de garnison : tout ce beau monde se croise, se rencontre, s’engage dans un joyeux cortège à la suite de cet anti-héros qui suscite, par son action, une vaste révolte française contre une élite corrompue.
C’est violent, c’est brutal, c’est sexuel, c’est trash, c’est crado : c’est du Costes.
Mais c’est aussi et surtout un des romans contemporains les plus politiques qu’on ait lu ces derniers temps.
Parce que, si vous ne lisez pas souvent de propos honnêtes :
- Sur la collusion objective d’intérêts entre politiques corrompus et délinquants prolétaires – les deux parois de la nasse qui emprisonne les Français, chez eux, sur leur sol.
- Sur l’imminence possible – parce qu’elle est voulue non par les français, mais par ceux qui dirigent ce qu’il se passe en France – d’une guerre civile à laquelle le petit peuple ne veut pas se résoudre à se préparer.
- Sur la réalité du combat politique ou violent, qui implique toujours de se salir les mains, parce que l’action est par définition imparfaite (l’idée, elle, l’est toujours dans l’abstrait).
- Sur la réponse à apporter, dans ce contexte, à ces ennemis : celle d’un engagement total, de toute la personne humaine, individuellement et collectivement, dans le combat du Bien contre le Mal.
- Sur le choix simple qui s’offre à tout homme – celui d’œuvrer pour le Bien, difficilement, ou de contribuer au Mal, lâchement.
… Costes se chargera de vous faire un rappel.
Et il ne se limitera pas à ce constat.
Il se fait, le temps des 222 pages de La dernière Croisade, le porte-voix et le porte-étendard de la révolte (fictive, pour l’heure) de l’âme catholique française.
Révolte qui dépasse largement le périmètre étroit des parvis d’église. Et rassemble tous ceux qui, par intérêt ou idéal, veulent bouter hors de France les indésirables : politiques corrompus et à la solde d’intérêts étrangers, agents économiques et médiatiques complices, islamistes en liberté, racailles prédatrices.
Tableau d’une révolte menée par une minorité, adoubée dans les règles par des hommes de Dieu, guidée par l’Esprit saint et par un autre esprit ayant traversé les siècles – celui des croisés en bataille, celui de la milice chevaleresque de Saint Bernard.
Soit l’entrée, par adoubement, dans une chevalerie spirituelle et physique, ordonnée à une seule chose : le combat à mort pour le triomphe du Bien.
Et c’est bien cela, le cœur de La dernière croisade.
Baroud d’honneur, pour le salut du monde et pour la justice – au rythme des hymnes grégoriens, du Te Deum, des bénédictions rituelles, des Ave et Pater – de cette Légion de justes, pas justifiés personnellement, c’est vrai, mais justes par l’action courageuse entreprise, qui re-déterrent la tradition européenne chevaleresque (celle d’avant la mort de Saint-Louis) jusque dans la réfection d’un habit, mêlant modernité (gilet pare-balles) et tradition (croix rouge peinte dessus), faisant leur la devise des Templiers : “Pense à ton but en soldat. Pense à ta fin en Chrétien”.
Combattants néo-templiers qui savent d’où vient la force véritable – non pas des armes ni de l’idéologie, mais du Dieu fait homme : le Christ, lequel accompagnera la troupe disparate des âmes vivantes et combattantes, tantôt sous la forme de l’eucharistie (oui, chez Costes, on communie avant le combat), tantôt sous celle, si symbolique, d’un lion.
La dernière croisade, c’est la multiplication des facteurs catholicisme, défense de la France, technologie, violence, action collective pour bouter l’envahisseur hors de France.
C’est la démonstration des vertus de la prise de risques, et de l’affrontement au réel, dans un jeu où les ennemis sont en haut et en bas (prédateurs transnationaux comme prolétaires), où l’issue est incertaine, mais où le jeu vaut d’être joué, malgré tout.
Et ce, jusqu’au bout, en dépit des pertes, des morts, des revers, des épreuves – et forcément, des trahisons de l’élite corrompue qui révèle dans ce combat son vrai visage – celui d’une engeance spécialiste du retournement de veste et des purges des témoins gênants.
Le personnage central est une sorte de Jeanne d’Arc inversée – homme vs. femme, damné vs. sainte, vicieux vs. vertueuse – mais n’en reste pas moins un oracle en action, les pieds sur terre, l’âme tournée vers les réalités célestes. Sans angélisme, par sa voix et celle des autres personnages, il rappelle quelques vérités salubres sur le rapport de l’Eglise à la violence, à la justice, à l’action pour le Bien.
Propos recta qu’on n’entendrait pas dans la bouche d’un évêque aujourd’hui, ni dans celle d’un théologien prudent.
Alors…
Les oracles parlent où et quand Dieu le décide.
Parfois ou souvent, en dehors des sacristies et des nefs.
Que les catholiques qui lisent ces lignes découvrent Costes ou dépassent leur apriori négatif, s’il existe. Qu’ils lisent ce livre qu’ils ne trouveront pas – et on le comprend – à la procure d’un monastère, à la fin d’une retraite.
Parce que La dernière croisade est une épopée, celle des derniers chevaliers – des derniers français debout, d’étrangers aussi, tous unis contre le Mal – en plus d’être un catéchisme.
Pas totalement orthodoxe, peut-être, mais qui mérite qu’on le lise.
Foncez.
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