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Cher Philippe de Villiers,

Cher Philippe de Villiers,

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Pour votre venue à Toulouse le mercredi 27 janvier 2016, nous nous sommes déplacés en masse -onze personnes dont huit ados- depuis un département limitrophe où armagnac, foie gras et art de vivre font bon ménage. Vraie expédition logistique pour un départ serré après les activités sportives, sandwichs et chips, retour après minuit avec impression d'avoir vécu une sympathique aventure, et surtout -enjeu éducatif oblige-, sentiment d'avoir donné une matière utile à nos jeunes.

Une vraie impatience à vous entendre nous animait quelques jours avant car nous avions lu votre livre "Le moment est venu de dire ce que j'ai vu", objet de votre conférence, et voulions avoir du "live", savoir comment l'animal politique que vous aviez été avait pu se muer en écrivain/conférencier/VRP russophone du Puy du Fou, comment le fiévreux combattant contre le Traité de Maastricht était devenu un tranquille gentleman-farmer vendéen. Au delà de la prestation que nous ne manquerions pas de scruter puis d'évaluer, il nous paraissait plus fondamental de comprendre en filigrane ou de vous entendre nous dire si vous pourriez jouer un rôle pour 2017.

 

Autant le dire tout de suite, nous avons été un peu déçus, pas sur le fond mais sur la forme, même si au final lorsque la forme apparaît dissonante elle peut impacter le fond… Cette impression que nous voulons exprimer ici ne remet nullement en cause votre livre que nous commenterons prochainement avec Maximilien Friche pour Mauvaise Nouvelle. C'est un ouvrage politique, historique et littéraire qui sans aucun doute fera date.

 

Vous nous avez dit avoir arrêté la politique. La façon dont vous vous êtes campé sur vos deux jambes au milieu de l'estrade disait plutôt l'inverse. Observateur carnassier de l'auditoire, sourire charmeur, vous étiez en meeting. Vous vouliez prouver, faire adhérer, alors que les cinq cent personnes présentes vous étaient d'avance acquises. A quoi bon cela? Vous n'avez rien révélé au cours de la soirée d'intentions sur un éventuel retour en politique qui aurait pu justifier cet entraînement pré-électoral, ce jeu scénique.

Vous aviez beaucoup d'énergie, du charisme, une rhétorique réglée, c'était impressionnant,….pour des jeunes. Vous avez surjoué votre rôle, comme un vieil acteur tentant un peu désespérément son come-back, vous nous avez servi des phrases toutes faites, vous avez trop accentué votre humour, trop marqué la dérision, pratiqué le cynisme contre vos adversaires, recherché systématiquement la réaction et le rire de la salle.

Quel dommage pour nous adultes, moins impressionnables que des jeunes !

 

Quel besoin aviez-vous de démarrer votre intervention en disant que vous étiez "entré en politique par effraction" et que vous "aviez fait l'ENA buissonnière", et d'affirmer en suivant que le Puy du Fou était le vrai grand projet qui avait justifié pour vous de "faire de la politique". Si c'était une boutade, nous ne l'avons pas comprise. Il y a là comme une antinomie étonnante entre cette affirmation et l'analyse de vos engagements clés pour notre pays. Car comment expliquer vos nombreux et justes combats, sur l'Europe des nations, l'identité française, l'islamisation de la France et vos alertes sur les mosquées de Roissy, la famille attaquée par l'idéologie libertaire mondiale véhiculée puissamment par LGBT jusqu'au sein de l'hémicycle strasbourgeois…..? Est-ce par effraction que l'on peut faire tout cela, par accident, incidemment, à son insu, à son corps défendant…? L'une de vos plus belles réussites demeure, à n'en pas douter, le Puy du Fou. Mais vos combats politiques, vos tête-à-tête prestigieux avec Hassan II vous expliquant quelle Europe pourrait fixer les flux migratoires, vos longs et profonds échanges avec Soljenitsyne sur la lente décadence de l'Occident, vos rencontres avec Poutine, le dernier tsar armé pour défendre la civilisation occidentale, n'étaient-ils pas l'expression d'une foi particulière en une autre politique capable de défier le politiquement correct ?

Vous nous avez avoué que le mensonge est intrinsèque à la politique, que vous même l'aviez pratiqué et en aviez été victime. Si vous éprouvez quelque regret pour cela et si vous avez réellement quitté la politique, pourquoi ne "revêtez-vous alors pas l'homme nouveau" ? Pourquoi cette autosatisfaction manifeste pendant la soirée ? Pourquoi ne pas se mettre au service d'un discours vrai, sincère, vous le chrétien assumé ? Pourquoi ne pas dire que vous avez aimé la politique ? Pourquoi ne pas rappeler que Cohn Bendit -que vous présentiez mercredi comme un gentil idiot à la buvette du Parlement Européen vous expliquant, entre deux lectures de l'Equipe, que "mai 68" fut une révolution bourgeoise- a été le seul politique français à prendre de vos nouvelles lorsque vous avez été atteint d'un cancer de l'œil il y a quelques années -ce que vous rapportez dans votre livre-?

En fait, la désinvolture ne devrait pas trouver place dans vos conférences. Elle vous dessert et donne un contre-témoignage empreint de superficialité et de légèreté, ce que vous n'êtes d'évidence pas -superficiel et léger-.

Vous nous avez remerciés de vous avoir si longtemps écouté -le si longtemps est clé dans l'affirmation-, après une heure de conférence, après une heure seulement ! On se demande alors si vous nous remerciiez sincèrement ou nous preniez pour d'aimables naïfs…

 

Monsieur de Villiers, les enjeux sont trop considérables -le "trop" vient de nos jeunes eux-mêmes !

La guerre est là, la résistance doit s'organiser. Le choc des civilisations est frontal. L'heure de la reconquête arabo-musulmane sur l'Europe est en cours avec son projet d'extension de l'Oumma aux six milliards de personnes que compte notre monde.

A la fin de votre intervention, vous nous avez appelés à la dissidence, les jeunes particulièrement, au risque de la prison s'il le fallait pour restaurer une parole libre, par rapport aux élites politiques mondialisées ayant pactisé pour tout déconstruire : familles, couples, frontières, nations…. Vous évoquiez votre ami Zemmour qui doit faire face à un procès par mois comme châtiment infligé par ces élites détestant la nation, l'histoire et l'identité française.

Cette dissidence, nous pouvons nous y rallier. Mais pour ce faire, permettez-nous de formuler une dernière demande. Soyez vous-même dissident dans votre ton, votre attitude, votre gravité -à l'image de Soljenitsyne-, soyez le dissident ultime au service de la Vérité. Cette urgence est vitale car ils sont légion et nous avons besoin de chefs, d'authentiques dissidents. Alors ? 2017 ?


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