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Encore un enfant ?

Encore un enfant ?

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C’est la lutte d’aujourd’hui. Ce sera celle de demain. Les « no kids » ou les « one planet, one child » s’opposent violemment aux occidentaux qui suivent encore le vieux schéma de la famille nombreuse ou, qui continuent simplement d’avoir des enfants. On parle d’Occident. Il est bien sûr hors de propos pour les idéologues hystériques de reprocher quoi que ce soit à toutes les « minorités » de la planète qui ne se voient imposer quant à elles, en matière de natalité, aucune limite. Pour le dire autrement, les malthusiens croiseront donc le fer avec les chrétiens qui se conforment à la parole de la Genèse « Croissez et multipliez-vous ». Les motivations au combat des « croisés verts » sont à trouver dans un calcul mêlant à la fois idéologie, conscience environnementale et aversion du christianisme.

D’ailleurs, il y a une folle ironie, au moment où l’on parle d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française, à observer que le « délit d’écocide » est jugé bien plus grave que celui d’infanticide. Pour les pro-avortement, l’IVG, bientôt assimilée à un droit absolu, n’est en aucun cas un infanticide. Sur ce sujet civilisationnel et hautement moral, les consciences ont été minutieusement formatées depuis longtemps et les résistants ne sont pas légion. A l’heure du tri des ordures ménagères, exercice éthique imposé à tout honnête citoyen, la doxa progressiste assimile l’enfant à naître au premier des déchets, et l’acte qui conduit à le faire disparaître à une prérogative individuelle sacrée que la République érige en droit constitutionnel.

Mais tournons-nous vers l’essai du philosophe Fabrice Hadjadj intitulé Encore un enfant ? Le point d’interrogation du titre n’a rien d’anodin et notre intellectuel, catholique et père de neuf enfants, s’ingénie à démonter avec humour la dialectique des ennemis du christianisme. Bravo à lui, parce qu’il en faut du courage pour s’attaquer au rouleau compresseur de l’idéologie malthusienne qui irrigue les grandes institutions internationales (Unicef, Unesco) mais aussi nationales (Planning familial) et qui, culpabilise à tout bout de champ le vulgus pecus occidental qui accueille encore des enfants à naître. Nul doute que la limitation des naissances à la chinoise, sous couvert d’argument écologique et de bien-être personnel, constitue notre horizon le plus immédiat.

Voici d’autre part les amabilités que des auteurs anonymes ont pu glisser dans la boîte aux lettres de Fabrice Hadjadj qui vit en Suisse — les fautes d’orthographe faisant partie intégrante du « cadeau » — : « Le village en a mar de vos enfants malonêtes et de votre éducation a la religion qui fait honte, vous n’avez pas de respect pour la femme et nous vivons dans un monde difficile et vous, vous ne fêtes que des enfants, rentrez chez vous, vous profiter de nous et vous ne travaillez pas. Honte à vous. » Charmant message qui illustre bien l’ostracisme et la haine dont sont l’objet de nombreux catholiques, en Suisse et ailleurs. La morale utilitariste occupe tout l’espace médiatique. On est coupable aujourd’hui de donner la vie.

Mais peut-on sérieusement vivre dans un monde désincarné où « notre hyperconscience des problèmes globaux diminue notre conscience des réalités locales » ? Peut-on se contenter d’une éthique sans visage ? D’une conception autocentrée des choses où le risque de la vie donnée serait banni ? Hadjadj est sans fioritures sur la question : « Nous ne sortirons jamais du Moyen-Age. Le taux de mortalité infantile n’est plus d’un enfant sur quatre, mais il y eut en 2020, en France, 220000 avortements et 736000 naissances, ce qui fait encore à peu près 1 sur 4. La question renvoie au fond à l’acceptation de notre condition mortelle. Et au fait que la bonté semble toujours cruelle, en dernier lieu. Qu’est ce qui est le moins terrible ? D’avoir un enfant baptisé qui meurt en bas âge, ou d’empêcher un bébé de naître ? Ceux qui ont la tripe sensible et le cœur dur choisiront le second terme de l’alternative. Ceux qui ont un cœur de chair et des entrailles robustes choisiront le premier. »

La tendance du moment est clairement en faveur d’un monde sans enfant. Souvenons-nous ainsi du livre prophétique de Houellebecq, La Possibilité d’une île, où apparaissent en Floride les premières childfree zones, « résidences de standing à destination de trentenaires décomplexés qui avouaient sans ambages ne plus pouvoir supporter les hurlements, la bave, les excréments, enfin les inconvénients environnementaux qui accompagnent d’ordinaire la marmaille. » Tout était annoncé par les plus visionnaires et, prévu et orchestré par les grands reseters qui tentent de fabriquer l’humanité 2.0, aimable monde qui sera peuplé de gens indifférenciés, d’avatars et de créatures façonnées par le transhumanisme.

Le combat a commencé depuis fort longtemps, mais il va s’accentuer et atteindre son paroxysme. En effet, les théoriciens du bonheur haïssent la fécondité, veulent vivre sans troubles et sans contraintes, à l’instar d’Epicure qui assénait : « Le sage ne se marie ni ne procrée. » Ils abhorrent le modèle familial classique constitué d’un homme, d’une femme et d’enfants, ils cherchent à lui substituer d’autres modalités de couples permettant de « faire famille », font exploser la vision anthropologique immémoriale partagée par le plus grand nombre et savamment fécondée par le christianisme. Ces ennemis du genre humain sont à pied d’œuvre, en Occident. Ils accélèrent la chute de notre civilisation. Ils savent parfaitement ce qu’ils font. Il faut donc les cibler et les combattre. Ils sont servis docilement par une multitude d’idiots utiles : la masse de ceux qui consomment sans penser, sans espérer, sans scruter le cosmos, qui ne regardent que leur nombril, qui ne s’émerveillent plus depuis qu’ils ont cessé de croire en Dieu.


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