« LA RAISON DU ROI » : les raisons du livre

Ce livre (La raison du Roi - royauté et royaliste de France, Editions France-Empire 2021) n’était pas prévu quand bien même certains de mes amis m’avaient souvent incité à traiter du sujet : le roi de France et le royalisme français.

Quand je dis qu’il n’était pas prévu, cela signifie qu’il présente un caractère politique (plus exactement « spiritualo-politique » si je puis ainsi m’exprimer, ceux qui le liront comprendront immédiatement pourquoi) qui diffère de la nature et de l’objet de mes précédents ouvrages, consacrés à la spiritualité chrétienne en sa démarche d’intériorité et, dans cette perspective, plus spécifiquement aux voies de réalisation chrétienne que constituent la chevalerie et sa langue symbolique, l’héraldique.

Entreprendre la rédaction d’un livre dans un domaine où tant de grands (et de moins grands) auteurs ont publié et, apparemment « tout dit » sur la question, selon les thématiques soutenues par les uns et par les autres, m’avait, jusqu’alors, dissuadé d’en tenter l’aventure.

Qu’avais-je donc à exposer qui pourrait compléter mes devanciers et intéresser un public déjà averti (avec les clivages et oppositions que l’on connait) ou de nouveaux lecteurs pour les conduire (en respectant leur liberté de jugement) à la réflexion sur un « sujet », le roi, somme toute assez confidentiel dans le débat politique contemporain… du moins la plupart des hommes politiques, des politologues et des médias le croient-ils et l’affirment-t-ils (sans doute pour mieux s’en convaincre et en convaincre) mais le feu royaliste couve toujours sous la cendre républicaine dans le cœur du peuple de France (fût-ce encore informellement) et c’est sans doute pour étouffer ces braises que le discours politique évacue d’un revers d’arguments péremptoires et définitifs l’idée même d’un retour de la royauté en France contemporaine.

Toutefois, un « mouvement de l’âme » comme disaient les Pères, bien qu’ils l’évoquaient dans le pur domaine de l’ascèse chrétienne, m’a poussé à commencer à écrire précisément « à contre-courant » (à « contretemps » pour reprendre les paroles de saint Paul) de la doxa d’aujourd’hui.

J’avais déjà écrit un chapitre mais me demandant toujours si je pourrais aller jusqu’au bout de mon entreprise, et j’étais précisément en train d’écrire une page de ce potentiel livre, lorsque feu le Prince Henri, Comte de Paris, Duc de France, de jure Henri VII de France que j’avais le privilège de connaître et de servir depuis près de 40 ans, me téléphonait (comme d’ailleurs il m’a téléphoné la veille de son rappel à Dieu, ce qui reste pour moi un souvenir très émouvant). N’en déplaise aux esprits forts de ce siècle (et de tous les autres !), j’ai considéré cet appel et notre échange comme le signe que j’avais entrepris un travail qui portait un sens et une légitimité et que je devais m’appliquer à le mener à son terme.

Notre ami, à mon épouse et moi, l’historien, écrivain et conférencier bien connu, Philippe Delorme, m’a fait l’honneur et l’amitié de préfacer ce livre d’un beau texte et m’a aidé à trouver un éditeur, car ce ne fut pas chose aisée, comme le sujet traité permet de s’en douter. Mais notre persévérance fut récompensée car ce sont les Editions France-Empire qui acceptèrent de publier cet ouvrage sorti en janvier 2021 ; hélas postérieurement au décès du Prince Henri.

Toutefois, comme en France en application de l’un des principes du droit dynastique, « le roi ne meurt jamais », j’ai eu l’honneur d’adresser ce livre au Comte de Paris, de jure Jean IV de France, nouveau Chef de la Famille Royale de France.

En ces pages, j’ai souhaité insister sur la nature spécifique de la royauté française et donc celle du roi de France, de son gouvernement politique au sens noble du mot et de la fonction, qui conjugue le sacré et le laïc (au sens premier du terme), l’irrigation de la foi unie à ce que l’on appellera plus tard la doctrine sociale de l’Eglise au sein de la société française. Justesse source d’harmonie si le roi connaît bien son « art ».

Le royaliste de France doit témoigner sans crainte ni lassitude de cette vérité à la fois historique et spirituelle et, sous l’inspiration de la divine Providence, le peuple ressentira cette espérance du roi, accueillant alors son retour comme une évidence en cet instant décisif, dont nul à ce jour ne connaît la date ni les modalités, et le roi lui-même sera prêt car il est toujours régnant, de jure, au-delà et malgré les entrave républicaines qui masquent encore cette réalité.