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Le citoyen, ce héros malgré lui

Le citoyen, ce héros malgré lui

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En 1998, l'historien Jean de Viguerie jetait un pavé dans la mare en dévoilant un essai intitulé Les Deux patries. Il y découvrait avec beaucoup de sagacité, comme un archéologue trouve un nouveau site enfoui depuis des centaines d'années, qu'il existait depuis la Révolution, deux conceptions de la patrie. Celle, traditionnelle de la terre des pères, et celle tout autre, de la patrie des droits de l'homme, née de la philosophie des Lumières, la seconde ayant pris la place de la première à l'insu des Français : des générations d'hommes de droite s'étaient battu pour une idée de patrie qu'ils auraient dû rejeter, car elle menait à la négation de la patrie charnelle.

Le livre déchaîna un flot de critiques dans le landerneau nationaliste et valut à l'auteur une condamnation sans nuances du dernier cercle des maurassiens.

Avec son Histoire du citoyen, Jean de Viguerie persiste et signe, si je puis dire. En historien chevronné et grand analyste des idées, il consolide sa position : le citoyen de 1789 qui se bat pour la République de 1792 annonce le soldat citoyen qu'on envoie, en 1914, sauver la patrie.

Le citoyen français de 1789 appartient à la mythologie révolutionnaire. Il est aussi éloigné de la cité romaine que du canton helvétique. Le citoyen est un être utopique né dans le cerveau de Rousseau, et dont la vertu ne se mesure qu'à l'aune de la volonté générale. 

C'est le mérite du livre de Jean de Viguerie de décrire cet « être nouveau » dans ses mues successives,  toujours au coeur de l'histoire française. Car l’Histoire du citoyen s'apprécie pour son analyse politique mais se lit surtout comme un roman dont le citoyen est le héros malgré lui.

Le citoyen est un être insaisissable, que le droit n’a pas défini. Il traverse en solitaire l’histoire contemporaine, comme une ombre. Au service de la Révolution, il est prêt à mourir pour elle et va jusqu’à la terreur pour la défendre. Bourreau, il est aussi victime, tant les sacrifices à l’idéologie de la révolution sont sans limites.

Il disparaît sous l’Empire, s’insurge en 1830, 1848 et 1871, avant de devenir le gardien du nouveau régime républicain qui parachève la mythologie révolutionnaire.

Dès lors, il devient la victime choisie des guerres livrées aux empereurs et aux dictateurs.

Il faut saluer l’opiniâtreté et l’intelligence avec laquelle Jean de Viguerie s’attache, avec Xavier Martin, à l’entreprise de dissection du mythe révolutionnaire, en démasquant le mal depuis ses racines philosophiques et en démontrant les conséquences historiques terribles de leur conception de l’homme.


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