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Au nom de la science…

Au nom de la science…

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Beaucoup d’élèves en série « scientifique » veulent faire médecine en s’imaginant être dans la filière intelligente, une branche d’élite. Ce n’est pas totalement faux. Mais ce n’est certainement pas totalement vrai.

L’argumentation humaine s’appuie sur deux opérations principales : induction et déduction. Or, en terminale générale « scientifique », on apprend surtout à déduire dans l’imagination.  Ces opérations abstraites ne sont pas inutiles à la pratique de la médecine, mais elles ne peuvent suffire à s’entraîner au diagnostic, d’abord inductif.

La science, depuis sa définition historique par Aristote, implique : objectivité, universalité et nécessité. Or, en médecine, nous sommes loin du consensus, parfois même à propos de pathologies bénignes. Si les scientifiques doivent parler un langage commun et si la science est universelle, la médecine est loin du compte.

Certes, la médecine s’appuie sur la science et son corollaire technologique pour progresser, mais il n’est pas adéquat de la classer comme une science. Pourquoi ?

Les protocoles médicaux ne sont pas reproductibles toujours et partout. Ne nions pas que certains médicaments sont autorisés dans un pays mais interdits dans un autre au même moment. Ne nions pas que certains protocoles sont enseignés en université puis abandonnés tout aussi vite, car contestés a posteriori.

Mais alors comment établir une vérité universelle dans ce cas ? Ce serait en outre oublier la pression marketing du lobby pharmaceutique qui fait que certains anciens vaccins ont bénéficié d’une propagande politico-médiatique avant d’engendrer la suspicion…

On ne peut pas parler d’une science de la santé. Pourtant, on nous vend systématiquement que le « nouveau produit de santé » est « scientifique », autrement dit absolu et non-négociable. Mais les médecins restent avant tout des inductifs et ils savent que, dans les faits, cela ne se passe pas selon un enchaînement hypothético-déductif nécessaire. L’humain est une matière contingente, changeante et en grande partie encore inconnue. Dans la vraie vie, et non celles des « modèles mathématiques », des équipes pourtant de terrain peuvent travailler et proposer des solutions thérapeutiques contradictoires.

L’épisode actuel du covid-19 est symptomatique de la difficulté de la pratique de la médecine réaliste. La « gouvernance par les nombres[1] » impose des schémas chiffrés[2] qui se disent « scientifiques » alors que les praticiens au contact quotidien du réel nous rappellent que l’interprétation de ces chiffres donnent le sens de cette pandémie pas du tout exceptionnelle.

Tous les français connaissent le nom d’Emmanuel Macron, ce jeune nourri de projections chiffrées  à Science Po et à l’ENA que des oligarques ont réussi à faire élire avec moins de 20 % du corps électoral potentiel, mais ils ne connaissaient pas, avant ces événements, le nom d’un savant respectable et courageux, Didier Raoult, qui nous rappelle les choses simples : « Les maladies infectieuses et contagieuses c’est : quand il y a un microbe on est contagieux, si on ne l’a pas on n’est pas contagieux, quand il y a un médicament, on utilise le médicament, pour que les gens ne soient pas malades. Ça, c’est de la médecine[3] ».

Le manque de lits de réanimation, c’est un autre problème, structurel et cruel, qui engendre inévitablement celui du choix des malades. Ceci est indéniablement une nouveauté pour nous, épicuriens infantilisés depuis des décennies sans guerre, sans famine, sans catastrophe naturelle de grande ampleur, mais par contre nourris de scenarii à l’américaine. Mais la culture du réel, ce n’est pas des histoires Netflix.

Cet épisode nous rappelle une fois de plus la leçon de Socrate : il ne faut pas confondre « intellectuel » et « intelligent » : seul ce dernier fait la distinction entre la paille des mots -et des chiffres – et le grain des choses. Le membre du conseil scientifique covid-19 cité plus haut, dont le métier est le diagnostic inductif,  formule des analyses étonnantes : « C’est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter ».

Nous sommes surtout en guerre contre des filières de formation qui méprisent l’intelligence du réel bien qu’elles servent de critères de sélection pour permettre à des irresponsables de prendre des décisions délétères.

 

[1] Alain Supiot.

[2] Qui ont nourri le catastrophisme de type hollywoodien.

[3]https://www.valeursactuelles.com/societe/video-un-membre-du-conseil-scientifique-covid-19-denonce-linefficacite-du-confinement-117180


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