Contre la NSA, la cyberdéfense
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Contre la NSA, la cyberdéfense
Par Guillaume de Mazalle
27 octobre 2013 20:00
Depuis plusieurs mois, les écoutes clandestines de la désormais très célèbre NSA, agence américaine de contre-espionnage, est au cœur de l'actualité. Le sujet a fait coulé beaucoup d'encre, outre-Rhin notamment. Depuis quelques jours, la crise est devenue plus aiguë et la presse s'empare de cette affaire d'espionnage.
En dépit des apparences, il ne s'agit pourtant pas d'une question d'espionnage, les enjeux ne sont pas là. Le renseignement, l'espionnage entre États, alliés ou non, n'est pas une chose nouvelle, elle n'est pas non plus apparue pendant la guerre froide, orchestrée par le NKVD et quelques James Bond occidentaux, ni même au temps de Mata Hari ; il s'agit d'une pratique aussi vieille que la vie en société. En outre, est-il foncièrement illégitime qu'une Nation en espionne une autre ? Après tout son rôle est de défendre ses propres nationaux, peu lui importe de prendre des libertés avec les droits naturels des puissances étrangères. Est-ce une réponse digne d'un État comme la France de pleurnicher si ses citoyens ont été écoutés ? Non, il est de son devoir d'en prendre acte et d'en tirer les conclusions adéquates pour se défendre et pour défendre les droits des Français. Le cœur du sujet n'est donc pas la politique d'écoute américaine mais la politique de cyberdéfense française et européenne.
Face à des États-Unis fondateurs et maitres d'Internet, il y a déjà bien longtemps que l'Europe - France en tête - aurait dû prendre la mesure des enjeux de la cyberdéfense. Les télécommunications sont toujours plus cruciales pour une nation dans un monde ultra-connecté. Peut-on vivre, ne serait-ce qu'une journée, sans être connecté à Mauvaise Nouvelle ? Plus sérieusement, avec la possibilité d'effectuer de plus en plus de démarches administratives sur Internet, avec le développement du e-commerce, avec l'externalisation de l'informatique d'entreprises dans les clouds, c'est la vie de tout un pays qui pourrait être désorganisée par une cyberattaque massive.
Il serait temps que la France apprenne à se défendre : il est insensé que le site web de la Présidence de la République ait pu être piraté début 2012. Si l'Élysée n'est pas suffisamment protégé, qu'en est-il de la sécurité des sites de l'administration fiscale, par exemple ? Mais au-delà des seules institutions publiques, l'État doit communiquer et porter assistance aux grandes entreprises dont les intérêts sont d'importance nationale comme EADS, Alstom, Thalès ou EDF. Un nombre significatif de recherches Google sur une solution technique, c'est une indication sur un objectif de recherche. Une réponse à un appel d'offre intercepté sur Internet, c'est un contrat en moins. Une Europe écoutée en pleine négociation de libre-échange avec l'Amérique, c'est des milliers de chômeurs en plus. La France ne doit cependant pas se contenter d'une politique de défense rigoureuse, protégée derrière une ligne Maginot plus virtuelle que jamais ; elle doit naturellement envisager de prendre l'offensive.
Toutefois, pour tenir tête aux États-Unis, la France seule risque de devoir faire de gros sacrifices sur d'autres domaines de défense, pourtant déjà affaiblis par un budget de rigueur. La cyberdéfense est la chance de la défense européenne : puisqu'aucun état européen n'est aujourd'hui au point sur ce sujet, puisque personne n'a de technologie à partager, puisque tout le monde part de zéro, c'est le moment où jamais de bâtir une agence européenne de cyberdéfense.
En dépit des apparences, il ne s'agit pourtant pas d'une question d'espionnage, les enjeux ne sont pas là. Le renseignement, l'espionnage entre États, alliés ou non, n'est pas une chose nouvelle, elle n'est pas non plus apparue pendant la guerre froide, orchestrée par le NKVD et quelques James Bond occidentaux, ni même au temps de Mata Hari ; il s'agit d'une pratique aussi vieille que la vie en société. En outre, est-il foncièrement illégitime qu'une Nation en espionne une autre ? Après tout son rôle est de défendre ses propres nationaux, peu lui importe de prendre des libertés avec les droits naturels des puissances étrangères. Est-ce une réponse digne d'un État comme la France de pleurnicher si ses citoyens ont été écoutés ? Non, il est de son devoir d'en prendre acte et d'en tirer les conclusions adéquates pour se défendre et pour défendre les droits des Français. Le cœur du sujet n'est donc pas la politique d'écoute américaine mais la politique de cyberdéfense française et européenne.
Face à des États-Unis fondateurs et maitres d'Internet, il y a déjà bien longtemps que l'Europe - France en tête - aurait dû prendre la mesure des enjeux de la cyberdéfense. Les télécommunications sont toujours plus cruciales pour une nation dans un monde ultra-connecté. Peut-on vivre, ne serait-ce qu'une journée, sans être connecté à Mauvaise Nouvelle ? Plus sérieusement, avec la possibilité d'effectuer de plus en plus de démarches administratives sur Internet, avec le développement du e-commerce, avec l'externalisation de l'informatique d'entreprises dans les clouds, c'est la vie de tout un pays qui pourrait être désorganisée par une cyberattaque massive.
Il serait temps que la France apprenne à se défendre : il est insensé que le site web de la Présidence de la République ait pu être piraté début 2012. Si l'Élysée n'est pas suffisamment protégé, qu'en est-il de la sécurité des sites de l'administration fiscale, par exemple ? Mais au-delà des seules institutions publiques, l'État doit communiquer et porter assistance aux grandes entreprises dont les intérêts sont d'importance nationale comme EADS, Alstom, Thalès ou EDF. Un nombre significatif de recherches Google sur une solution technique, c'est une indication sur un objectif de recherche. Une réponse à un appel d'offre intercepté sur Internet, c'est un contrat en moins. Une Europe écoutée en pleine négociation de libre-échange avec l'Amérique, c'est des milliers de chômeurs en plus. La France ne doit cependant pas se contenter d'une politique de défense rigoureuse, protégée derrière une ligne Maginot plus virtuelle que jamais ; elle doit naturellement envisager de prendre l'offensive.
Toutefois, pour tenir tête aux États-Unis, la France seule risque de devoir faire de gros sacrifices sur d'autres domaines de défense, pourtant déjà affaiblis par un budget de rigueur. La cyberdéfense est la chance de la défense européenne : puisqu'aucun état européen n'est aujourd'hui au point sur ce sujet, puisque personne n'a de technologie à partager, puisque tout le monde part de zéro, c'est le moment où jamais de bâtir une agence européenne de cyberdéfense.