Fin de Pax americana pour l'homo economicus
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Fin de Pax americana pour l'homo economicus
En théorie des jeux, le dilemme du prisonnier illustre parfaitement les tensions inhérentes au libre-échange. Chaque acteur a intérêt à coopérer pour un bénéfice mutuel, mais la tentation de tirer les marrons du feu, et maximiser ses gains individuels menace constamment l’équilibre. Pour maintenir cette coopération, une autorité régulatrice est nécessaire – un rôle longtemps endossé par les États-Unis.
Après 1945, Washington a imposé un ordre économique fondé sur la libre circulation des biens, consolidant ainsi son hégémonie. Mais aujourd’hui, face au déclin relatif de leur industrie et devant la montée en puissance des BRICS, les États-Unis renoncent à leur statut de garant du libre-échange. Les droits de douane et les guerres commerciales deviennent leurs nouvelles armes, marquant la fin d’une ère.
Avec le retrait américain, c’est l’ordre naturel du mercantilisme et de la compétition brutale qui reprend ses droits. Hobbesien, le monde économique redevient un champ de bataille où « l’Homme est un loup pour l’Homme ». La Pax Americana, qui avait temporairement dompté les instincts protectionnistes, laisse place à un affrontement généralisé, où chaque nation cherchera à maximiser ses intérêts au détriment des autres.
Dans ce contexte, les idéalistes du libre-échange seront les grands perdants. Celui qui refusera de jouer le jeu de la riposte commerciale, par naïveté ou par faiblesse, sera broyé. Et nul besoin d’être devin pour identifier la proie toute désignée : l’Union européenne. Sans unité ni volonté de puissance, l’Europe pourrait bien devenir le « fou ultime » de cette nouvelle donne : celui qui, par lâcheté ou idéalisme dépassé, se condamne à subir les assauts des autres puissances. Vae victis (« Malheur aux vaincus ») : la maxime de l’Antiquité n’a jamais été aussi actuelle.