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Du plomb dans l'aile de l'A400M

Du plomb dans l'aile de l'A400M

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Le crash, cette semaine, d'un Airbus A400M est un nouveau coup dur porté à un programme déjà mal en point.

En effet, le 9 mai lors d'un vol d'essai, un exemplaire turc de cet avion de transport militaire s'est écrasé en Espagne, près de l'usine d'assemblage d'Airbus dans la banlieue de Séville. Le vol a été de courte durée, l'avion, qui tentait de regagner sa base pour effectuer un atterrissage d'urgence, a heurté le sol quelques minutes après le décollage. Quatre des six membres d'équipage n'ont pas survécu, les deux autres personnes qui étaient à bord sont très grièvement blessées.

Multiplication des revers cette année

Ce tragique accident va très probablement induire de nouveaux mois de retard, temps d'enquête incompressible compris, à un programme d'armement qui multiplie déjà les retards.

Récemment, Airbus a annoncé des problèmes de logistique, qui ne permettaient pas d'atteindre la cadence de production initialement envisagée, ou encore l'incapacité de l'appareil à travailler auprès d'hélicoptères à cause de turbulences non prises en compte lors de la phase de conception. Le directeur de la branche militaire d'Airbus a finalement été remplacé en janvier dernier.

Encore début mars, le patron de la Direction Générale de l'Armement, en visite à l'usine Dassault à Mérignac a lancé une petite phrase à l'encontre d'Airbus, et en particulier du programme de l'A400M. « Qu’ils viennent voir comment on travaille chez Dassault à Mérignac ! » avait-il lancé.

Un projet irréaliste

Depuis longtemps, le projet européen enchaine déboires et mauvaises surprises. Alors qu'Airbus (civil) ou Arianespace, des réussites industrielles européennes, sont montrées en exemple, le projet de l'A400M n'a jamais convaincu. Ce projet, qui portait trop d'espoirs, n'a pas su unifier les méthodes militaires européennes. Les volontés de chaque État de disposer d'un avion "spécifique" a conduit à une diversification beaucoup trop poussée des différents appareils à livrer. Il s'agit probablement là du problème central de l'A400M.

Ainsi, les problèmes logistiques sont clairement la conséquence des "personnalisations" qui désorganisent la chaine de production et d'approvisionnement. De même, les erreurs de conception trouvent très probablement leur causes dans les multiples volte-faces des différentes armées dans la définition de leurs besoins propres. L'entreprise, dont les premiers actionnaires sont respectivement l'État allemand et l'État français, n'a pas su dire non à ses clients militaires quand il l'aurait fallu.

Les difficultés de l'A400M sont la preuve éclatante des erreurs des diverses tentatives de construction d'une défense européenne. Comme pour l'économie, nous avons voulu mettre la charrue avant les boeufs, la monnaie avant la politique fiscale, ici nous avons cherché à construire des moyens communs avant d'avoir unifié les techniques et le commandement. Hors les décès tragiques survenus, l'accident de cette semaine est presque un épiphénomène à l'échelle d'un programme qui n'a quasi aucune chance de voir une amélioration à court ou moyen terme.


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