La nouvelle intelligence artificielle
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Près de vingt ans après la célèbre victoire de l'ordinateur Deep Blue, conçu par IBM, sur le champion d'échecs Garry Kasparov, un nouveau duel homme-machine a eu lieu ce mois-ci en Corée. Un programme de jeu de go mis au point par Google affrontait le champion du monde de ce jeu millénaire. On aurait pu penser bien entendu à un duel sans intérêt et gagné d'avance pour la machine mais il n'en était rien.
L'enjeu du duel qui vît s'opposer Deep Blue et Kasparov était avant tout celui de la puissance de calcul de l'ordinateur, problème quasi mécanique. L'ordinateur, forçat de la mathématique, calculait ses différentes possibilités de mouvement et celles de son adversaire pour six tours de jeu, et estimait les meilleurs coups selon leur capacité à amener l'adversaire à un mat inévitable.
La problématique au centre du combat entre l'AlphaGo de Google et le champion Lee Se-Dol est tout autre. La complexité du jeu de go étant tellement importante, il est impossible, même pour les ordinateurs les plus puissants, d'évaluer tous les coups possibles. L'enjeu, pour que gagne l'ordinateur, n'était donc plus matériel mais logiciel. Il ne s'agit plus de faire progresser la puissance de calcul des processeurs, dont on sait qu'elle ne progressera plus à moyen terme, mais de trouver à parfaire la méthodologie pour que l'intelligence artificelle fasse avec ces limites.
En dépit des espoirs de victoire humaine, à cause de ces limites, Alphago a sèchement battu le champion du monde en remportant les trois premières rencontres sur les cinq prévues. Lee Se-Dol a sauvé l'honneur de l'humanité lors du quatrième affrontement mais n'a pas pu empêcher le succès d'Alphago 4-1.
Cette capacité à jouer sans envisager toutes les possibilités est régulièrement présenté comme la capacité de l'ordinateur à faire preuve d'intuition. Le terme n'est peut-être pas le meilleur, et n'est certes pas exact, mais il traduit assez justement la logique des modèles complexes sur lesquels repose la conception des nouvelles intelligences artificielles dont est né Alphago.
Ces modèles appelés apprentissage profond (deep learning) s'appuient sur une structure de couches d'analyse successives. Le système, inspiré des réseaux neuronaux, n'est pas récent. Celui-ci avait déjà été envisagé dans les années 1950 à la naissance des tout premiers ordinateurs, avant d'être abandonné car beaucoup trop gourmand en calcul par rapport aux capacités de ces premières machines.
Le plus intéressant, avec ce modèle d'intelligence artificiel, est sa capacité à mimer le fonctionnement de la pensée humaine : il est capable de se constituer des grilles d'analyse, de se constituer des modèles, et même d'inspirer les Hommes. Ce dernier point est finalement le plus intéressant, Lee Se-Dol a déclaré que certains coups d'Alphago ont été si puissants et novateurs qu'il s'en inspirerait à l'avenir. L'ordinateur aide donc désormais l'humanité non plus à compter (computer) ou à ordonner (ordinateur) mais à penser (מחשב).
Ô muse-computer, amante du penseur…