Le réchauffement climatique a bon dos, mais…
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Le réchauffement climatique a bon dos, mais pas toujours, heureusement
Au cours des trente dernières années l’amélioration des rendements des grandes cultures a été spectaculaire pour trois raisons, d’abord la sélection intense de cultivars adaptés aux conditions climatiques régionales et à la diversité des sols, puis l’utilisation tout aussi intense d’engrais et enfin les traitements adaptés de plus en plus finement avec des pesticides. Les rendements par hectare, par exemple du blé ont vu leur accroissement tripler. Pour le blé les rendements sont passé de 3,3 tonnes (moyenne mondiale) par hectare à 10-11 tonnes durant cette période. Force est de constater que ces rendements ont atteint une limite qui ne pourra être repoussée qu’avec l’apparition de nouveaux hybrides. Or la mise au point d’un cultivar peut s’échelonner sur de nombreuses années. On ne doit donc pas attendre d’amélioration sensible des rendements des grandes cultures vivrières à l’avenir.
Quoiqu’il en soit cette stagnation des rendements a attiré l’attention de scientifiques supposés honnêtes car la population de la planète continue à augmenter et à terme des problèmes de disponibilité en nourriture pourraient inévitablement apparaître. Quoi de plus tenant, dès lors d’imputer cette stagnation des rendements des cultures au … changement climatique ! Pour rester dans les limites de l’honnêteté scientifique les auteurs de l’étude parue dans les PNAS ont développé un modèle d’analyse statistique de données provenant du monde entier afin de faire la part objective entre la pause des rendements attribuable au changement climatique et celle qui a d’autres origines. Les scientifiques de l’Université de Stanford ont ainsi pu évaluer que l’on peut sans ambiguïté attribuer au changement climatique une baisse de rendement de 2,5 % pour le blé et 3,8 % pour l’orge en Europe par contre, ce même changement climatique aurait été bénéfique pour les rendements du maïs et de la betterave à concurrence de 0,3 et 0,2 % respectivement. Il faut faire preuve d’admiration devant la précision qui ressort de ces analyses statistiques ! Comme les auteurs de l’étude ont été surpris par ces résultats de très faible amplitude ils ont ajouté qu’après tout ce n’étaient que des moyennes et que dans certaines régions d’Europe les récoltes avaient lourdement souffert du réchauffement climatique comme par exemple en Italie où les chutes de rendement ont atteint, dans certaines régions (mais heureusement pas toutes) jusqu’à 5 %. Globalement, selon les auteurs de l’étude, le changement climatique serait responsable à hauteur de 10 % de la stagnation des rendements.
Un autre facteur contribuant à ce plafonnement des rendements agricoles est la modification de la politique agricole européenne qui ne distribue plus de subventions liées à la production mais privilégie l’agriculture « verte », en d’autres termes cette politique favorise les mesures écologiques comme la réduction de l’usage des engrais et des pesticides. Pas étonnant que les rendements stagnent ou chutent ! Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint de l’INRA (Institut National (français) de la Recherche Agronomique) n’y va pas par quatre chemins, en écolo convaincu qu’il est : « Je suis surpris que ces calculs, réalisés par une excellente équipe de recherche, ne pointent pas vers un rôle plus important du réchauffement ( …) ». On est prévenu, l’INRA fait dans l’écologie politique, peu importe que la qualité des travaux scientifiques réalisés dans cet organisme en pâtisse. L’IPCC de son côté indiquait dans son dernier rapport que les chutes de rendement des cultures en raison du réchauffement climatique atteindraient 2 % par décennie. Annelie Holzkaemper, de l’institut fédéral suisse de recherche agronomique Agroscope à Zürich, en rajoute une couche dans le registre écolo en déclarant, je cite : « L’existence de seuils de basculement est à craindre. Par exemple l’impact du réchauffement sur la production de blé pourrait être catastrophique si la température dépassait les 29°C durant la période de floraison de cette céréale, ce qui aurait pour effet de la stériliser ». Vingt-neuf degrés, au début du mois de mai ! Comme elle y va …
En conclusion, quand des scientifiques ont l’honnêteté de publier un article qui ne fait pas la part belle au changement climatique ils sont immédiatement critiqués par des confrères pourris par les idées écologistes et les rapports de l’IPCC dont la valeur scientifique n’a d’égale que celle du papier recyclable.
Source : inspiré d’un article paru dans Le Temps