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Les globe-trotters de la charité

Les globe-trotters de la charité

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« As-tu vu les yeux de ce prêtre ?  Il n’en sort que de l’amour ! » me dit un petit garçon qui sort de la confession avec le Père Raymond. Les frères Pierre et Raymond Jaccard sont deux prêtres de l’Eglise catholique, frères de sang, nés tous deux (1927 et 1931) à Villers le Lac. Pierre est décédé en 2018.

Le souffle d’amour des frères Jaccard est puissant. En 1970, Pierre et Raymond Jaccard sont envoyés comme prêtres fidei donum au service des lépreux du Cameroun. Monseigneur Zoa archevêque de Yaoundé leur donne une mission : « Allez vivre l’Évangile avec les lépreux du centre Jamot. »Ce centre, appelé le dépotoir, est le réceptacle d’une terrible réalité : des gens mutilés  aux pieds gangrenés. En guise de traitement, on leur applique indéfiniment les mêmes pansements. En vain, car leurs pieds étaient affectés par les ostéites.  Père Raymond croit en l’impossible et se lance dans un autre soin.  La première opération que Raymond fait clandestinement, se réalise avec une petite cuillère aiguisée, avec du fil et de l’éther. Un médecin coopérant lui apprend à opérer en 4 heures. Raymond n’a aucune formation mais il ne poursuit qu’un but : les sauver à tout prix. Il dit à l’Esprit Saint : « Ne me lâche pas ! J’ai besoin de toi ». Les opérations se passent  merveilleusement bien sans infection avec de très belles cicatrices. Son frère Pierre s’occupe de faire les prothèses pour que ces amputés puissent se réintégrer dans la société. Ils mettent  sur pied une petite prothèse dite « africaine » avec les moyens du bord. Elle est robuste solide simple auto corrective. Ils apprennent aux malades à faire eux-mêmes leurs prothèses. Elle coûte non pas 15 000 $ mais cinq dollars. C'est ainsi que des milliers de lépreux ne sont plus repris sur les registres de lépreux et sont réintégrés dans une vie normale.

Leur évêque leur demande de mettre par écrit leurs découvertes qui se répandent comme un feu de poudre.  Mère Teresa et des gouvernements africains appellent les frères pour initier les médecins et les infirmiers à leur technique. Bénin, Côte d'Ivoire, Zaïre, Rwanda, Mali, Sénégal, Yémen, Éthiopie,  Philippines,… Un jour la Croix-Rouge Internationale leur dit : « Ce que vous faites pour les lépreux, pourquoi ne le feriez-vous pas pour les handicapés de guerre et les estropiés qui ont sauté sur les mines ? » Les voici en Thaïlande avec le docteur Richardier qui se met à leur école et  par la suite fondera Handicap International.

Quand la terre tremble Nicaragua ou au Mexique, les frères Jaccard accourent. Quand la guerre sévit au Cambodge, ils sont là. Appelés en Colombie pour un séminaire de léprologie, ils rencontrent un autre genre de lèpre, la lèpre morale qui s’étend à une vitesse alarmante. À Bogotá, 300 000 de ses « mal aimés de la rue ». Petites filles de quatre ans,  adolescentes ou jeunes femmes toutes livrées à l’enfer de la prostitution. 

Avec les sœurs adoratrices et l’aide de leurs nombreux amis français, ils vont monter plus de 137 ateliers ou pendant 30 ans des dizaines de milliers de femmes pourront apprendre un métier et quitter l’enfer de la rue.  Par milliers, les lépreux sont remis debout grâce à la prothèse des frères Jaccard. Par dizaines de milliers, les mamans abandonnées de bidonvilles sont tirées de leur détresse ainsi que les enfants de la rue. Partout et toujours, Pierre et Raymond mobilisent les bonnes volontés, trouvent  des solutions. « Depuis que Jésus est ressuscité dit le père Raymond il n’y a plus de problèmes il n’y a que des solutions ». Avait-il peur d’attraper la lèpre ? Il n’avait pas le temps d’y penser dit-il avec un air réjoui. « J’ai dit à Jésus tu m’as mis au milieu d’eux ? Tu fais de moi ce que tu veux. Tu m’y as mis ! C’est ton boulot. Le mien c’est d’y être. Le reste ? C’est pas mon affaire »

Les frères sont infatigables. Ils sillonnent le monde. Continuant à remettre debout des corps saccagés, des âmes horriblement blessées. Au passage de ces frères remplis de l’amour de Jésus les petits et les pauvres sont relevés, remplis d’espérance.

L’adoration est la base de leur mission. Pour travailler dans les milieux si détruits, si démolis il faut vraiment y aller avec le souffle de l’amour, faire découvrir que Dieu n’est qu’Amour. C’est dans le Cœur de leur Bien Aimé frère et Seigneur Jésus qu’ils vont se remplir de cet Amour absolu qui consume  leur cœur. Une Parole d’évangile les brûle : « Je suis dépouillé, malade, prisonnier, étranger… J’ai faim… J’ai soif… Ce que vous faites au plus petit d’entre mes frères c’est à Moi que vous le faites… »

 
Joie, confiance, abandon total à leur Seigneur, ils se sont laissé conduire par les événements et les personnes qui ont croisé leur vie. Leur charité ardente ne connaît pas de limites parce qu’ils vont la chercher  dans les nombreuses nuits d’adoration où ils consument leur vie. Le Christ est bien vivant.


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