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Hidalgo contre les bouquinistes

Hidalgo contre les bouquinistes

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L'alliance Anne Hidalgo - Préfecture de Police contre les bouquinistes, l'essentiel est de participer… à un commun bilan inculte!

Après avoir de Paris chassé l'ensemble des arbres et les charmes de la verdure, après y avoir en guise de jardins osé y introduire des laideurs bétonnées escortées par le fumet des poubelles en supplément et remplacement des massifs fleuris (plus odorants, pas forcément moins naturels, mais plus harmonieux et moins douteux, pourtant), après y avoir fait prospérer rats des égouts et rats des villes mais sans les vertus du fabuliste et fabuleux La Fontaine, après y avoir gâché tout un lot de statues heureuses et de beaux monuments, l'étonnante massacreuse qu'est Anne Hidalgo n'en a pas terminé, hélas. Cette fois-ci, c'est par le plein silence et le consentement glacé qu'elle opère autant qu'elle laisse opérer. Entre ruines financières et décombres voulus politiquement et massivement, elle persévère. Cette fois-ci en s'abritant ou en laissant faire la Préfecture de Police de Paris, vis-à-vis des bouquinistes, dont on rappellera à tout ce monde politique et policier mal policé qu'ils sont classés par l'Unesco…

Au nom des fameux Jeux Olympiques, cette fois, le saccage continue. Surprenant principe. La Préfecture policière ordonne, la Mairie de Paris obtempère, en jouant comme souvent et trop souvent, elle, dans les règles coutumières de son flou volontaire, en parlant simplement de dédommagements financiers pour les bouquinistes menacés. Ce qui est la plus médiocre (et assez facile et moche) manière de botter en touche. Mme Hidalgo n'est pas seule en cause, certes, mais elle se réfugie (comme elle faisait pour priver un illustre écrivain de tombe à Paris pendant de longs mois derrière des consignes ou des prétextes administratifs). Cette fois, au nom des beautés du sport et de l'accueil des foules, il ne s'agirait plus du tout d'embellir la ville, mais de la vider. Après la population du vieux Paris, après les habitants de la rue de Trévise, après - plus récemment - les étudiants des cités universitaires, après les clochards plus ou moins célestes, après les vieillards isolés ou abandonnés, que restait-il donc à malmener?
Eh bien, les bouquinistes, qui existent depuis 450 ans, qui ont été réglementés, réorganisés mais respectés par Napoléon III, sont les dernières victimes d'une logique préfectorale, politique et municipale (cette dernière, en partie indirectement, mais avec une lâcheté consommée).

Madame Hidalgo - qui a déjà prouvé que, si elle savait épeler quelques mauvaises pages et à la rigueur les bafouiller n'aimait ni lire ni les livres, ni les auteurs, admet purement et simplement de les laisser déloger par la Préfecture de Police d'où ils sont depuis toujours. Or, si elle procède par lâcheté ou par laisser-faire, si elle se met aux ordres, c'est tout de même parce qu'elle a voulu, à toute force, quoiqu'il puisse en coûter, les Jeux Olympiques à Paris. Ce vœu forcené, c'est en somme le couronnement de son bilan qu'elle croit glorieux, avant son dépôt et à défaut de grand œuvre !

Vous ne protestez qu'à peine contre cette mesure préfectorale, Madame. Au vrai, vous n'aimez pas les écrivains, Madame, c'est navrant, mais vous le prouvez chaque fois que vous en parlez ou bien quand vous refusez à l'un d'eux, si longuement, avec acharnement, mauvaise foi et laideur : une tombe. Quoiqu'il soit né à Paris, lui qui y situait de si belles pages de ses récits ou romans, lui discret et prestigieux, et qui y avait aussi une part si haute et claire de sa mémoire et de sa vie. Mais laissons enfin Michel Déon dormir avec justice et en paix. Il mérite les deux, mais vous ne le méritiez pas, lui, Madame… Vous n'aimez que rancir ce que vous ne comprenez pas, et tant de choses vous échappent !
Vous n'aimez pas davantage les livres, sinon pour les gâcher comme du mauvais plâtre, du triste béton encore, ou pour les estropier et les écorcher.

Que vous n'ayez que peu ou aucun goût, Madame Hidalgo, ne vous donne cependant pas toutes les libertés chasseresses ni massacrantes ! Ni à admettre qu'on menace ainsi, avec votre bénédiction ou votre protestation des plus molles, les bouquinistes et les livres dans Paris. Vous, Madame, qui vous targuiez naguère, en briguant un mandat plus élevé que celui qui consisterait à défendre la ville-capitale dont vous aviez et conservez étonnamment la charge, de promouvoir la Culture, d'avoir des projets ambitieux au service de la littérature, vous ne faites que céder aujourd'hui, comme si souvent de fait, devant la force préfectorale et étatique. Sans cran ni volonté, sans oser défendre une profession ancienne, vous vous couchez. L'essentiel, pour vous sans doute, étant de participer à une veulerie, à une niaiserie, à une preuve d'incompétence, à une absence de courage de plus !
Dont acte…

Vous êtes Maire, Madame, vous prétendez incarner Paris. Vous avez voulu l'ensemble du caprice olympique. Que vous laissiez par impuissance la Préfecture faire seule ses petites et sèches volontés, ne vous exonère nullement de vos devoirs et de vos responsabilités, de l'exigence de protection que vous devez activement et pleinement aux Parisiens. Agissez, ou bien protestez a minima !

Laissez-en paix Paris, enfin, laissez en paix et là où ils sont les bouquinistes et libraires de haut charme et d'ancienne présence ! Ou bien renoncez à toutes vos prétendues ambitions, y compris culturelles si pompeusement affichées… A défaut d'un courage en actes, au moins, vigoureusement, un peu courageusement par la parole et par le verbe un peu haut et ferme : protestez. Quant aux bouquinistes et aux libraires, il est vrai que, depuis votre entrée en scène parisienne, vous n'avez rien fait pour les soutenir. Et aujourd'hui, rien, vraiment rien pour les défendre.

Voulez-vous, pour en finir avec vous, Madame, et avec votre art constant de proscrire par stricte et raide hargne de Paris toute la poésie possible de la ville et de la capitale, cet art étant le seul que vous maîtrisiez, une réponse courte et facile à lire ? Il ne suffit pour prétendre défendre, sans bouger de votre fauteuil, les bouquinistes, de citer Anna Gavalda, à défaut d'Ernest Hemingway. Si, comme vous le "twittiez", Madame, le 8 juin, Paris ne serait plus une fête, il faudrait la défendre plus énergiquement, et les bouquinistes avec la vieille cité.

Mais je vous ai promis d'en finir brièvement…
Eh bien, tenez, Madame, c'est mon envoi, c'est un emprunt, mais cette réponse, la voici : "Paris, seule ville du monde où coule un fleuve encadré par deux rangées de livres." Et je rends, en ces bords de Seine perdus par vous, je rends, oui à Blaise Cendrars ce qui lui appartient, cette si belle définition. Laquelle, je le crains, ne vous retiendra pas vous resterez satisfaite, ainsi, de vous taire, hélas, face à la Préfecture et à son diktat de censure, d'orgueil inculte et de sottise tragique !


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