Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Mauvaise Nouvelle a 10 ans

Mauvaise Nouvelle a 10 ans

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Il y a dix ans MN naissait. Oh ce n’est pas une prouesse, je ne demande aucune médaille, ou peut-être une de guerre, oui, une guerre dont le terrain autant que le mobile m’échappent d’ailleurs. Les anniversaires ronds ne valent pas plus que les autres. 11 ans sera encore mieux en fait. Mais tout de même, ne boudons pas notre plaisir ici et maintenant, Mauvaise Nouvelle a dix ans et il me plait de le crier haut et fort. Je me sens d’autant plus légitime à le faire que MN est une aventure collective.

Cela a commencé à Tours au cœur d’une conversation avec Gédéon Pastoureau, à l’époque où chaque mois nous buvions une bouteille de Vouvray ensemble à la brasserie de l’Univers pour discuter longuement du monde, de littérature, de musique, de tout, de nous. Au cœur de ces discussions, nous avons posé le triste constat que l’âme n’était plus à la mode, que la vie intérieure avait déserté bien des humains, ce qui avait pour conséquence une indifférence religieuse qui se répandait chez tous ceux qui rotaient dans leur mangeoire (Ferré). L’idée nous est donc venue qu’il serait sans doute plus efficace d’annoncer la mauvaise nouvelle avant la bonne, à savoir que l’homme est mortel avant d’annoncer que le Fils de l’homme est ressuscité. Annoncer la mauvaise nouvelle nous semblait être la solution pour déclencher à nouveau une crise métaphysique et une re-verticalisation de l’être, la seule façon d’être véritablement humain étant de revendiquer notre vocation à la tragédie. Une fois l’ambition définie, il nous fallait encore mettre en œuvre. C’est là que ma rencontre avec Guillaume de Mazalle m’apparait comme une grâce et une magie. Guillaume de Mazalle a tout rendu possible, nous avons fondé à deux Mauvaise Nouvelle. Des plumes nous ont immédiatement rejoint et en premier lieu C. Auzies puis Amaury Watremez, Murielle Lucie Clément, Fabrice Trochet, Raouldebourges, Paul Sunderland, Louis Saint-Viator, Paul Voltor, Lionel Borla, Pascal Jacob, Jean-Marie Keroas, Jacqueshenri, Patrick Burandelo… Et ces plumes sont toujours aujourd’hui dans l’aventure. Pour le fun, relisons ce que nous écrivions Guillaume de Mazalle et moi à l’époque pour aimanter ces bloggeurs, écrivains, penseurs, tous dans une marge :


Notre manifeste
Il y aura une bonne nouvelle, c’est donc sans attendre que nous vous livrons la mauvaise. C’est une question d’ordre, de priorité. C’est aussi un parti pris esthétique. Mauvaise Nouvelle est le seul lieu possible de l’écriture, le lieu où l’actualité se fait littérature, où le réel se livre. Le monde doit se raconter et nous avons l’ambition de le dire. Pour échapper à la vulgarité de son mélodrame, il n’y a que la tragédie et le rire. Nous n’avons pas peur de l’outrance, car la vérité est scandaleuse et le saint est un fou.
Dans la guerre de tous contre tous, nous avons choisi notre camp, celui d’un optimisme résolu mais lucide. Conscients que l’ironie du sort est le principe premier de toute narration, qu’elle est le mode de narration naturelle du monde, nous avons l’ambition de transformer le zinc de nos badines discussions en laboratoire du verbe. Mauvaise Nouvelle est une zone d’essai, c’est à dire d’écriture.
Mauvaise Nouvelle est ce qui relie tous les membres de la multitude, de la foule immense. C’est le blues que nous psalmodions ensemble, en cortège, en convoi. Nous aurons l’art de dissimuler nos prières.
Maximilien Friche et Guillaume de Mazalle

Et pour aller plus vite, nous avons inventé une signature qui se veut symbole. Mauvaise Nouvelle : entre glose outrancière de l’actualité et laboratoire du Verbe. C’est dire si notre ambition était totalement démesurée au regard de notre existence ridicule. C’est que nous étions conscients de mettre entre jeu le cosmos évidemment. Mais n’allons pas plus loin dans le récit historique puisque tout est écrit dans mon roman Apôtres d’opérette. Tout y est dit, même ce qui est faux, même ce que nous n’avons pas vécu. La vraie fausse histoire de MN, la fausse vraie histoire de MN, dans un roman.

Retenons que nous avons livré inlassablement chaque semaine le dimanche à 20h entre 3 et 6 articles sur l’actualité, la littérature, les arts, dans une farouche volonté d’occuper la marge qu’on nous laissait et que nous avions investie. Les sujets y sont multiples même si nous avons constaté que l’actualité s’est peu à peu dissipée pour laisser toujours davantage de place à la littérature et aux arts. Le monde étant devenu une vaste farce, se recyclant en permanence, nous pouvions rejoindre le philosophe et considérer le buzz avec mépris, comme de l’écume tout simplement. Nous pensons que tout ce que nous souhaitons voir dans MN fait l’actualité, la notre, que notre vie est d’actualité tout simplement parce qu’elle est d’éternité.

Si les sujets sont multiples, les formes le sont également. Dans MN, nous trouvons des tribunes, des poèmes, des recensions, des gloses, des thèses, des billets, des nouvelles, des entretiens, des portraits et des formes inclassables car elles sont la chair même de l’auteur faite verbe. Cette anti-ligne éditoriale que je revendique m’enthousiasme car elle confirme que nous n’avons pas créé un produit, mais un lieu de liberté, une zone d’essais.

10 ans plus tard, cette anti-ligne éditoriale nous a fait rencontrer et présenter plus d’une cinquantaine d’artistes vivants, c’est aussi une de nos obsessions ça, de vouloir se relier d’abord aux vivants. Il y eut quelques musiciens, quelques sculpteurs, et beaucoup de peintres. Quant à ceux qui ont déjà écrit dans MN, ils sont 201. Certains ont écrit régulièrement, d’autres ponctuellement, d’autres ont simplement accepté un entretien, certains nous rejoignent pour quelques mois de leur vie, d’autres sont toujours là. Je n’exige rien. J’offre une marge. J’aimerais citer la joie que j’ai eu ces derniers temps années de voir arriver Luc Olivier d’Algange, Marc Gandonnière, Raphaël Lahlou, Julien Teyssandier, et le dessinateur David Miège ! Et puis, si on veut se faire plaisir et évoquer nos fiertés, on peut citer dans la conscience d’en oublier forcément : Stéphane Barsacq, Jean Sevillia, Jean de Viguerie, Jean-Louis Costes, Baptiste Rappin, Aurélien Lemant, Bertrand Betsch, Valéry Molet, Sarah Vajda, Jacques Lucchesi, Aude de Kerros, Luc de Goustine, Samuel Dock, Edouard Schaelchi, Nicole Esterolle, Cheyenne-Marie Caron, Rémy Aron, Matthieu Baumier, Stéphane Blanchonnet, Renaud Camus, William Clapier, Marc Contourie, Alain Escada, Jean-Yves Le Gallou, Nikola Mirković, Henri Quantin, Frédéric de Natal…

Nous pourrions évoquer également les éditions Nouvelle Marge nées au cœur même de Mauvaise Nouvelle et qui attestaient de notre révolution (conversion) par l’inversion même des lettres MN en NM. Je donne l’impression de faire bilan, alors que je contemple simplement le chemin parcouru, je me gargarise du boulot effectué. Pas de bilan non. Simplement un rappel que nous sommes toujours là, encore là, toujours vivants, encore vivants. MN n’a pas fini de produire ses effets au simple prétexte que j’en ai fait un roman, au simple prétexte qu’une maison d’édition est née. Non, si MN est une marge de liberté, alors elle sera toujours une zone d’élan pour chacun. Ce lieu va donc continuer puisque c’est un lieu où on se relie, un nouveau petit Montparnasse, une zone d’essais oui, un lieu où nous pouvons exister, on croit donc en avoir le devoir.


Mauvaise Nouvelle, l’anti-ligne éditoriale
Mauvaise Nouvelle, l’anti-ligne éditoriale
Cantique des Cantiques : une belle Mauvaise Nouvelle
Cantique des Cantiques : une belle Mauvaise Nouvelle
Les succès de Mauvaise Nouvelle en 2013
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