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Préparer sa mort pour aller au paradis

Préparer sa mort pour aller au paradis

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Prêtre catholique du diocèse de Paris, Thierry de Lesquen a écrit un opuscule au thème original : la préparation de sa mort.
La préparation de sa mort, non pas au seuil de celle-ci quand tout s’achève en cette vie, mais au long de l’existence en établissant une sorte d’alliance fructueuse. Le livre qui s’intitule Préparer sa mort pour aller au paradis se décline en jalons successifs qui constituent un vade-mecum intéressant : s’abandonner à Dieu, rédiger un testament spirituel, faire le bilan de sa vie, préparer ses obsèques, lutter contre ses peurs, se tenir prêt pour la rencontre, s’appuyer sur la prière, recevoir les sacrements.
Il est amusant de noter que ce thème est incompréhensible à l’idéologie moderne qui a fait le choix d’éclipser la mort, pour le dire comme Robert Redeker, qui l’a expulsée de ses radars dans le but de ne pas charger l’existence d’un poids insupportable qui nuirait au rêve consumériste, matérialiste et hédoniste de l’homme contemporain. Reconnaître que les hommes sont mortels lui serait un terrible affront alors qu’elle œuvre par le transhumanisme et l’intelligence artificielle à créer les conditions d’une immortalité factice. Par un étonnant paradoxe consent-elle néanmoins à légaliser l’euthanasie, offrant à la volonté humaine de se substituer à la volonté divine, ce qui conduit à centrer un peu plus l’homme sur lui-même qui va narguer la mort en la devançant.

La pratique de l’incinération, environ 40% des 670 000 personnes qui meurent en France chaque année et la proportion va en grandissant, participe de la logique de non-acceptation du mystère. Quelle violence d’ailleurs dans cette pratique dont l’Eglise a malheureusement levé le véto en 1963 sans la recommander pour autant ! La grande tradition chrétienne avait jusque-là privilégié l’enterrement des morts, en signe de l’attente de cette résurrection de toute chair à la fin des temps, lors du retour du Christ.

Notre société déchristianisée se détourne des moyens que l’église a offerts au long des âges pour préparer le ciel : « Il est bien révolu le temps où l’on faisait baptiser ses enfants en pensant que c’était une condition pour avoir des funérailles chrétiennes, perçues comme nécessaires au salut ! Depuis que l’on pense avec Michel Polnareff qu’ « on ira tous au paradis », depuis que l’on s’est efforcé de valoriser les religions non chrétiennes et de promouvoir le « salut pour tous », pourquoi faudrait-il encore se préoccuper de notre salut puisqu’il est assuré ? Voilà qui a indubitablement contribué à éteindre l’engagement religieux de notre monde occidental et le zèle missionnaire de l’Eglise. »
« Vouloir mourir malheureux pour ne rien regretter » comme le dit le chanteur Balavoine résonne comme un absolu moderne mais n’a aucun sens dans la perspective chrétienne qui exhorte à aimer cette vie terrestre et à désirer simultanément la vie céleste qui unit à l’amour éternel de Dieu. Joie sur terre, joie dans les cieux, les épreuves difficiles vécues en ce monde n’étant que les piqûres de rappel de la mort qui n’accepte jamais d’être mise sous le boisseau et ostracisée. La mort est ce passage obligé vers la résurrection, promesse qui exige du croyant un engagement religieux durant sa vie.

L’ouvrage recèle quelques trésors pour consolider la sagesse que nous pourrions viser sur la question de la mort. L’adage évangélique « à chaque jour suffit sa peine » trouve un écho dans la bible avec le mot de Jésus « nul ne sait ni le jour ni l’heure » pour signifier que le bonheur se vit au jour le jour, pleinement, hic et nunc, car la mort peut survenir à tout instant : « Cette spiritualité des vingt-quatre heures conduit à s’efforcer de vivre chaque jour comme s’il était unique, le dernier ! Comme le dit L’imitation de Jésus-Christ : « Le matin, pensez que vous n’atteindrez pas le soir ; le soir, n’osez pas vous promettre de voir le matin. » »

Pour notre prêtre, il n’est guère de choix possible : donner la place à Dieu ou bien s’enfoncer dans un vide de plus en plus insoutenable. Et quand nos forces nous abandonneront peu à peu, le chapelet sera la prière privilégiée du grand âge car « c’est une prière simple, litanique, une prière de petit et une prière qui aide à demeurer un peu actif. » Le catéchisme de l’Eglise catholique rappelle bien sûr la nécessité de recevoir les derniers sacrements : « Comme les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie constituent une unité appelée « les sacrements de l’initiation chrétienne », on peut dire que la pénitence, la sainte-onction et l’eucharistie, en tant que viatique, constituent, quand la vie chrétienne touche à son terme, « les sacrements qui préparent à la Patrie » ou les sacrements qui achèvent la pérégrination. »
Parmi les moyens mis à notre service durant l’existence, il y a « Marie » le moyen clé qu’il faut prier inlassablement car elle intercède très efficacement auprès de Dieu. Ecoutons à ce sujet les paroles de saint Bernard de Clairvaux : « Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entier, dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers. Elle illumine le monde et échauffe les âmes. Ô toi qui te vois balloté au milieu des tempêtes, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer. Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie. Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur et, pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie. »

Soucieux de nourrir la méditation de ses lecteurs et de creuser leur soif de Dieu, notre prêtre partage le poème Souffrance de l’âme qui désire voir Dieu du grand mystique espagnol Saint Jean de la Croix :

« Quand donc me répondrez-vous,
Pour me donner l’amour que je demande ?
Tournez-vous vers moi, ô Seigneur,
Considérez que je meurs
Et il me semble que vous me fuyez.
Allons ! Seigneur Dieu éternel,
Douceur de mon âme et ma gloire,
Envoyez-moi vite le bien éternel,
Donnez-moi enfin un jour serein,
Votre lumière, votre amour, votre grâce ! »

Profondes supplications d’une âme tournée vers Dieu. Nous voilà outillés pour préparer notre mort et notre paradis, dès maintenant !


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