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Le catéchisme du Cardinal Sarah

Le catéchisme du Cardinal Sarah

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L’itinéraire du chrétien est celui que proposent les sept sacrements : baptême, confirmation, mariage, sacerdoce, pénitence ou confession, Eucharistie et onction des malades. Le Cardinal Robert Sarah, dans son ouvrage Catéchisme de la vie spirituelle, nous dit, empruntant à Saint Jean de la Croix, que « la foi donne Dieu Lui-même ».
Mais comment faire, en une époque matérialiste et égocentrée, pour suivre un tel chemin ? En une époque qui a formé le projet de chasser Dieu de la sphère publique et du cœur de l’homme : « Le monde apparaît tel que Dieu le voit… Le divorce, l’avortement, l’euthanasie, la pratique de l’homosexualité, le refus de s’accepter dans son identité d’homme ou de femme sont pour les uns des désordres gravement opposés à la vraie nature de l’homme, telle que Dieu l’a façonnée avec amour, alors que les autres en sont venus à les regarder comme des droits humains fondamentaux exprimant la liberté absolue de l’individu. De même, gens de foi et gens du monde n’auront pas la même perception du sens de la vie humaine, de la belle et indispensable complémentarité de l’homme et de la femme, de l’importance du mariage, de la famille, de l’éducation. Ils n’attribueront pas la même signification à la maladie et à la mort, ni ne jugeront pareillement de l’usage que nous faisons du progrès des sciences et des techniques. »
L’homme de foi doit se garder de la folie prométhéenne du temps, matérialisée par le désir d’augmenter l’homme voire de le rendre immortel dans un projet transhumaniste démentiel : « Le progrès technique enfin perd aux yeux du croyant ce pouvoir fascinateur qui finit par rendre l’homme d’abord enivré, puis esclave et bientôt victime de sa propre maîtrise de la nature. La science est trop souvent devenue, en vertu d’une profonde corruption, l’instrument de la méchanceté et de la perversité humaines. »
Le Cardinal Sarah ambitionne de conduire son lecteur à un cœur à cœur avec Jésus-Christ, l’aidant à rentrer en lui-même, dans le lieu de la présence intime de Dieu, donnant à son effort de conversion un caractère tangible en lui indiquant la route et les moyens concrets à employer pour replacer Dieu au centre de ses préoccupations essentielles. Il insiste sur la résolution de quitter nos prisons modernes qui nous ont mis derrière les barreaux de l’idolâtrie : « Les dieux à notre taille prennent la forme de ces idéologies répandues par les instances internationales sur tous les continents, comme s’il s’agissait de vérités communes que l’humanité aurait toujours possédées ; de ces réseaux de relations virtuelles qui emprisonnent l’individu et le manipulent à longueur de journée ; et plus matériellement encore, le veau d’or, c’est souvent l’ordinateur, et surtout le téléphone portable, idole de poche qui inspire, préside, contrôle et juge tout ce que l’homme fait, l’accompagnant et le sollicitant sans relâche, où qu’il se trouve et quoi qu’il fasse. »
Il n’est pas contestable que la post modernité complote pour détruire la civilisation occidentale, son substrat chrétien et son institution majeure gardienne de son essence, l’Eglise. Robert Sarah prend alors d’acerbes accents bernanosiens : « Aucun gouvernement, aucune autorité ecclésiastique ne peut interdire légitimement la célébration de l’Eucharistie. La récente fermeture des églises dans de nombreux pays, pour des prétextes sanitaires, n’est pas de la part des pouvoirs publics la première tentative dans l’histoire d’asphyxier et de détruire définitivement l’Eglise de Dieu, ni de contester le droit fondamental des hommes à honorer Dieu et à lui offrir le culte qui lui est dû. » Pendant l’épisode artificiel du Covid, la servitude volontaire a brillé de mille feux, alors que les comportements se dupliquaient à l’identique et à l’infini, les gens se soumettant sans aucune résistance à des dispositions qui ne faisaient aucun cas de Dieu. Combattif, Robert Sarah exhorte à la seule attitude possible en pareilles circonstances : « Evêques, prêtres et fidèles devraient s’opposer de tout leur pouvoir à des lois de sécurité sanitaire qui ne respectent ni Dieu ni la liberté de culte, car de telles lois sont plus mortelles que le coronavirus. » Le prélat affirme que la vie naturelle n’est pas le bien unique et suprême de l’homme. Il questionne nos consciences et notre prétention à vouloir maîtriser l’univers. Notre panique se justifie-t-elle au point de fermer les églises, d’abandonner les personnes âgées à une mort désespérée, sans apostolat catholique à leurs côtés, dans ces mouroirs inhumains que sont les Ehpad, à renoncer à la vie sociale et priver les enfants d’école, dans l’espoir de préserver à tout prix une vie individuelle devenue bien vide de contenu ?

Parmi les ennemis jurés du christianisme, outre les forces ultra progressistes qui mettent en œuvre une méthodique déconstruction de tous les marqueurs civilisationnels (mariage, altérité homme femme, figures d’autorité que sont par exemple les professeurs ou les curés…), on trouve un islam dynamique à la pointe du combat : « Le caractère central du mystère de la Croix est à rappeler avec insistance, surtout dans le contexte largement musulman qui est celui de l’Eglise d’Afrique, et qui devient toujours plus celui de l’Europe elle-même, sérieusement menacée par la domination progressive de l’islam. Pour le Coran, Jésus n’est pas mort réellement ; il n’y a eu qu’un semblant de mort ou de crucifixion. Pour aboutir à cette affirmation, l’islam, dont l’ambition est d’anéantir le noyau dur et spécifique du christianisme, a échafaudé une démonstration sur la base de quelques textes coraniques (cf. sourates 4, 156 et 2,149) dans le but de rendre vaine la Croix de Notre-Seigneur Jésus- Christ. L’évidence chrétienne de la Croix est pourtant massive, historiquement incontestable. »
La tourmente anti-chrétienne touche bien sûr l’institution du mariage qui catalyse les haines tant elle est à rebours des lubies sociétales d’homosexualité, de gender, de libertinage sexuel. Voilà ce qu’en dit le cardinal : « Il est vraiment important, qui que nous soyons et quelle que soit notre vocation dans l’Eglise de Dieu, de renouveler notre regard sur le sacrement du mariage. Nous assistons en effet à une transformation radicale de la société occidentale et à une inquiétante fragilisation du mariage, en ce début du troisième millénaire chrétien où les tenants de la théorie du gender, les ingénieurs sociaux et la gouvernance mondiale veulent donner droit de cité à « toutes les formes de famille » issues de diverses unions et de pratiques homosexuelles. »

Au moment de la constitutionnalisation de l’avortement en France, c’est-à-dire de la légitimation du meurtre par la République et son texte juridique référence, il est bon de rappeler ce que dit le pape François, pourtant ultra progressiste sur les sujets sociétaux : « Je ne peux me taire au sujet des 30 à 40 millions de vies à naître qui sont éliminées chaque année, selon les données de l’OMS. Cela me fait mal de constater que dans de nombreuses régions soi-disant développées, on promeut cette pratique horrible et criminelle, parce que les enfants à naître sont handicapés ou non planifiés. Mais la vie humaine n’est pas un poids. On doit lui faire une place, pas l’éliminer. L’avortement est une grave injustice, un crime abominable. Il ne peut jamais être l’expression légitime d’une autonomie ou d’un droit de disposer de son corps selon ses propres vouloirs. Si notre autonomie exige la mort de quelqu’un, alors cette autonomie n’est rien d’autre qu’une cage en fer. Je me pose souvent deux questions : « Est-il juste d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste de recruter un tueur à gages pour résoudre un problème ? » Tous ceux qui promeuvent et légalisent l’avortement se dressent ouvertement contre l’enseignement du Christ et contre la Loi de Dieu : « Tu ne tueras pas. » Et cette Loi est absolue. Ils se sont exclus de la foi catholique. »
Quelle espérance envisager dans ce contexte décadentiste ?
Comme le disait le grand pape Jean-Paul II, le sens de Dieu revient à posséder une référence intérieure décisive. Cette référence étant la condition du bonheur.

Pour basculer cette recension sur le versant de l’espérance qui irrigue effectivement cet ouvrage réaliste sur la terrible crise que nous traversons, écoutons le Cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) qui en 1971 se montrait prophétique à la manière, mutatis mutandis, de Jean Raspail dans son fameux livre Le camp des saints : « Tout semblera perdu, mais au bon moment, précisément dans la phase dramatique de la crise, l’Eglise renaîtra. Elle sera plus petite, plus pauvre, presque une Eglise catacombique, mais aussi plus sainte. Parce que ce ne sera plus l’Eglise de ceux qui cherchent à plaire au monde, mais l’Eglise des fidèles à Dieu et à sa Loi éternelle. La renaissance sera l’œuvre d’un petit reste, apparemment insignifiant mais indomptable, passé par un processus de purification. Parce que c’est ainsi que Dieu agit. Contre le mal, un petit troupeau résiste. Formulons ceci d’une manière encore plus positive : l’avenir de l’Eglise, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des Saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode, qui ont une vision plus large que les autres, du fait de leur vie qui englobe une réalité plus large. Pour moi, il est certain que l’Eglise va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qu’il va rester à la fin : une Eglise, non du culte politique, car celle-ci est déjà morte, mais une Eglise de la foi. Il est fort possible qu’elle n’ait plus le pouvoir dominant qu’elle avait jusqu’à maintenant, mais elle va vivre un renouveau et redevenir la maison des hommes, où ils trouveront la vie et l’espoir en la vie éternelle. »
Souvenons-nous par ailleurs de la célèbre exhortation de Jean-Paul II prononcée le 22 octobre 1978 au moment où il débutait son pontificat : « N’ayez pas peur, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! A sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des Etats, les systèmes économiques comme les systèmes politiques, les vastes domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme ». Seul lui le sait. Permettez, je vous en prie, je vous implore en toute humilité et confiance, permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a des paroles de vie, oui, de vie éternelle. »

Enfin, Robert Sarah nous confie un ultime viatique, ce feu, ce trésor intérieur que nul ne peut ravir et qui donne sens à l’existence replacée dans sa finitude et son éternité : « Parmi tant de choses qui se font avec générosité dans l’Eglise, une seule est nécessaire : annoncer l’Evangile, non par de grands discours, mais avec la force de la présence réelle du Christ au-dedans de nous ; sans peur ni doute au milieu des dangers, des moqueries et des persécutions ; sans y mêler des opinions personnelles, mais avec l’unique certitude que Jésus-Christ est ressuscité, Il est vivant au milieu de nous, et sa présence est source intarissable d’amour, de vérité, de miséricorde et de paix. »
Personne ne pourra nous voler notre joie profonde et surnaturelle léguée par celui qui a affirmé : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. »

 


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