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Pourquoi le Franc Suisse s'envole

Pourquoi le Franc Suisse s'envole

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Cette semaine, le Franc Suisse s'est apprécié d'environ 30 % face à l'Euro.

L'envolée de la devise helvétique fait suite à l'annonce, par le directeur de la Banque Nationale Suisse, de la fin de la parité 1,20 FS pour 1 € imposée depuis 2011 par l'instutition bancaire. Dans la foulée, le principal indice de la bourse suisse a perdu jusqu'à 12 % en cours de séance.

Pourquoi ce "taux plancher" a-t-il été institué ?

Le "taux plancher" du franc suisse est instauré en 2011, en période de forte instabilité des marchés. L'économie suisse et sa monnaie font figures de havre de paix au milieu de la tempête et bénéficie donc du report des capitaux désengagés de marchés plus (trop) risqués. Le cours du franc suisse s'apprécie alors en proportion de ces reports ; le mouvement s'apparente à celui qui a fait s'envoler le cours de l'or sur la même période.

La Suisse, qui jouit d'une balance commerciale positive, voit alors d'un mauvais œil ces flux financiers, craignant une forte pénalisation de ses exportations par l'accroissement de ses prix de vente en devises étrangères. Contrairement à la zone euro qui connait les mêmes difficultés face au dollar, citons EADS par exemple, la BNS décide d'agir et d'imposer un taux de parité maximum : 1,20 FS pour 1 €.

Pour imposer ce taux, alors que ce sont les marchés qui fixent la parité de change, la BNS intervient directement sur ces marchés par l'achat massif de devises étrangères. Pour effectuer ces opérations, la banque s'appuie sur la création monétaire, ce qui contribue à maintenir la demande sur sa monnaie.

Pourquoi supprimer ce taux ?

À partir du 22 janvier prochain, la Banque Centrale Européenne pourrait lancer un vaste programme d'achat d'obligations, d'État notamment, ce qui induit une augmentation de la quantité d'euros en circulation et une baisse de la monnaie européenne.

Cette opération implique une probable appréciation de la monnaie suisse face à l'Euro, d'où un besoin d'intervention encore plus grand de la BNS sur le marché monétaire. La Banque qui a déjà acheté beaucoup d'euros serait fragilisée d'ajouter davantage de monnaie européenne dans son bilan. Sa position n'est plus tenable.

Pour tenter de limiter le mouvement, anticipé, de hausse de sa monnaie, la BNS a décidé d'abaisser ses taux directeurs, pourtant déjà négatifs depuis le mois de décembre, de -0,25 % à -0,75 %.

Quelles conséquences ?

Conséquence immédiate de l'appréciation brutale du Franc Suisse, la bourse suisse a perdu 8 % jeudi, le jour de l'annonce, et 6 % le lendemain. Les opérateurs craignent un ralentissement des exportations, contre quoi s'opposait le "taux plancher", et donc de l'activité économique de la confédération.

La brutalité des fluctuations s'explique en bonne partie par la surprise : aucun acteur économique n'avait prévu la décision de la BNS. La réaction des marchés est bien sûr épidermique et le mouvement devrait se calmer après quelques jours de cotation. Néanmoins, le mouvement de fond, bien que plus modéré, devrait continuer à tendre vers la hausse du Franc Suisse.

Hors de la Suisse, seuls devraient souffrir ceux qui se sont endettés dans la monnaie helvétique. C'est notamment le cas de nombreux ménages en Pologne et en Croatie. C'est aussi le cas de collectivités territoriales françaises qui ont contracté des emprunts dont le taux est indexé sur la parité Franc Suisse - Euro qui était réputé avant 2008. La "crise" n'a pas fini de distiller ses conséquences négatives.


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