L'exception du FRAC d'Alsace

Attention aux acronymes ! Nos espaces urbains sont perclus de « DRAC » et autres « FRAC » sans que le quidam n'ait généralement la moindre idée de ce que cela veut dire. « FRAC » signifie "Fonds Régional d'Art Contemporain". Les termes "Art Contemporain" en sont pas moins objets de controverses interminables entre communicants, « escronymes » en tous genres et adeptes du sens exact des mots. Le quidam ignore que nombre d'artefacts exposés dans les musées officiels relèvent en réalité du "concept". C'est-à-dire d'une stratégie managériale étrangère à la magie de l'art. L'adjectif "contemporain" - de notre temps - est lui-même passablement usurpé dans la mesure où nombre de ces artefacts ne font que tourner autour du même rond-point conceptuel initié par Marcel Duchamp en… 1917.

L'art dit conceptuel, inventé à par un artiste farceur, est donc une vieillerie qui radote ; il n'a rien de spécifiquement contemporain. Au demeurant, le tour de passe-passe a consisté à créer la confusion entre l'"art conceptuel" et l"art contemporain", subterfuge d'autant plus aisé que les deux termes ont les mêmes initiales, A et C. Confusion sémantique participant au grand n’importe quoi esthétique de notre temps.

Autres points sur les i, les seuls FRAC ayant un statut légal de droit public sont ceux d'Alsace, Bretagne, Corse et de l'île de la Réunion. Tous les autres ne mentionnent même pas leurs statuts, il s’agit en fait d’associations selon la loi de 1901 créées dans le but illégal de contourner les règles de la comptabilité publique, de la fonction publique, et le code du patrimoine… En outre, les FRAC régionaux n'achètent pas ou peu (ou de façon secondaire) les œuvres des artistes locaux. En clair, ils possèdent illégalement des œuvres au nom de l'État. Le FRAC d'Alsace installé à Sélestat est donc une quasi-exception juridique.

Il l'est aussi dans le domaine esthétique. Il dispose en effet d'un fond de plus de mille œuvres mis à disposition des lieux publics divers (foires, hôpitaux, prisons, etc.). En plus de sa conception décentralisée, de sa politique de prêts, la ligne artistique du FRAC d'Alsace tourne le dos aux idéologies racoleuses, lgbt, climat, gender, etc. pour s'ancrer dans les réalités prégnantes de l'anthropocène, le rapport Nature-Homme et la préservation des paysages. Crée en 1982, le FRAC d'Alsace a peu à peu mis l'accent sur l'architecture vernaculaire de notre région comme ancrage de son identité.

Il s'agit bien d'un tropisme local puisque d'autres acteurs locaux comme Pierre Fluck, géologue de formation, participe à cette haute réflexion sur l'Homme ; la proximité avec le Goetheanum en Suisse (temple dédié à l'anthropologie de Rudolf Steiner) n'est peut-être pas pour rien dans cette interrogation non seulement sur l'Art et la Nature, mais aussi sur la nature de l'Art…

Les lecteurs des Affiches, surtout ceux impliqués dans le monde juridique, seront donc sensibles à cette singularité locale. Sélestat possède un statut légal qui évite la cette politique de surenchère idéologique souvent incomprise par le public. L'Art n'a pas à prendre en otage le quidam, lui imposer une idéologie racoleuse de quelques bords que ce soient, mais tout au contraire à le conduire subtilement dans les pénétralia de sa vie secrète.

_{Pour organiser une exposition avec les œuvres de la collection, contactez le Frac https://frac-alsace.org}