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Le classicisme est né à l’académie

Le classicisme est né à l’académie

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Hommage à l’académisme : le classicisme est né à l'académie. Idées sur le trouble de l'humeur.
PHILO (Phénoménologie de Husserl, essai de fondation de "l'anatomisme" et de "la subjectivité générale d'espèce")
Yves Coppens, paléontologue et professeur au Collège de France, disait :
« Ce qui définit les préhumains, c’est le redressement du corps et la bipédie qui l’accompagne. La complication de son cerveau fait surgir ce stade nouveau de réflexion que l’on appelle conscience. L’Homme invente alors la culture : toutes les facettes intellectuelles, techniques (il taille désormais délibérément la pierre ; il en change donc la forme de manière volontaire pour son profit), esthétiques, éthiques, morales, spirituelles. On dit parfois plus, "c’est quelquefois différent". Ici, c’est le cas – un petit peu plus de complication cérébrale produit un autre état, une matière pensante. »

Au fond la res extensa est bien plus l'esprit que le corps,le corps pris ("pris", toujours la main associée à l'esprit) en tant que corps vivant et non simple matière, il se heurte à toutes sortes de limites et de nécessités tandis que l'esprit peut se projeter à l'infini dans le temps et l'espace par l'imagination, la projection et l'anticipation.
On peut inverser la proposition de Descartes, j'ai un corps donc je suis, la source de tous les déterminismes est le corps. Pour traiter de l'ambiguïté de l'empirique et du transcendantal chez l'homme, on peut tenter de le considérer un instant de l'extérieur en objet, un instant d'époché (suspension du jugement en phénoménologie cf.Husserl) est requis car cette représentation va à rebours de toute la culture occidentale. Autrement dit, il s'agit de le considérer dans une réduction inédite à la biologie (focal sans à priori qui est la condition d'une éventuelle théorisation inédite et unifiante cf.Husserl), en bref comme un sorte d'animal.

Du point de vue biologique, le cerveau est au service du corps et non l'inverse, et tout prend sens dans la perspective de la survie. Il suffit de poser que la pensée conceptualisante en tant que faculté, associée à celle nécessaire de l'apprentissage, est le pendant cérébral de la main, impuissante au regard de la survie, si elle n'est pas prolongée d'un outil ou d'une arme. Du point de vue de la biologie, l'homme à l'origine au sein de la nature est un artisan.

Dans cette perspective, la préhension nécessite la compréhension à cet égard voire l'intelligence remarquable du poulpe et de l'éléphant. Il se peut aussi que le langage soit l'image de notre motricité, non seulement la micromotricité de la main, celle qu'en tant qu'artisan ou chasseur nous devons choisir librement à titre de spécialité existentielle, mais plus généralement de toute forme de motricité ou de mouvement. Au fond qu'est-ce une phrase, sinon une séquence motrice librement choisie et conçue ? La préposition cum de comprendre vise le verbe, littéralement on prend avec le verbe, on prend la chose avec le nom de la chose. Le verbe médiatise le monde à l'image de notre main dotée d'un pouce opposable qui fait d'elle une sorte de pince. En ce sens « Toute conscience est conscience de quelque chose » ainsi que le remarquait Husserl en tant qu'intuition fondatrice de sa philosophie, toute conscience est prise d'un objet par "la main dans la tête" par le biais de son concept. Le langage vu sous l'angle réflexif comporte deux mots essentiels à cet égard : "concevoir" et "saisir". Ils impliquent symétriquement la main et le cerveau. On peut, si on veut, généraliser au mot "discernement" en rapport avec la vision et la nécessité vitale humaine de pouvoir distinguer un objet d'un fond indéterminé pour en faire un outil. C'est là sans doute le sens profond de l’"intentionnalité" de Husserl. Il ne s'agit pas ici d'une réification de la conscience car si on admet qu'elle sert le corps, le corps étant un donné, la conscience, en tant que principe et phénomène, est aussi un donné dans sa possibilité même en tant que faculté. Donc par transitivité, tout comme le corps procède de la nature, elle procède logiquement d'une conscience plus vaste dont on ne peut rien dire en pure philosophie, sauf que l'homme en est témoin dans une version adaptée à sa forme particulière d'être comme il est dit plus haut. Il en est témoin simplement du fait que "il est là" (dasein) et la conscience aussi indissociablement.

Ainsi si on considère l'anatomie humaine non spécialisée pour remonter au cerveau, à la pensée conceptualisante en particulier, on peut trouver que cette faculté est dans un rapport de nécessité avec le corps non spécialisé, un instant d'époché et d'humilité est requis pour envisager cela, car depuis des siècles on s'enorgueillit de notre forme de pensée mais au fond elle compense la faiblesse du corps.
Dans cette réduction au fait biologique, et dans cette perspective, le transcendental est l'empirique de l'espèce humaine. Le plus qu'on puisse faire ce sont des corrélations et des modèles efficients mais non absolus. On retrouve également la nécessité dans le thème du sens.

En dernière analyse, en corrélant de cette façon le corps et l'esprit, on peut identifier la conscience et la nature, le sujet et l'objet dans la suite du philosophe Schelling qui écrivait, en alternative à Kant : « La nature est l’esprit visible, l’esprit la nature invisible. »
« La nature doit être l'esprit visible, l'esprit la nature invisible. C'est donc ici, dans l'identité absolue de l'esprit en nous et de la nature hors de nous, que le problème de la possibilité d'une nature hors de nous doit se résoudre »
« L’alpha et l’oméga de toute philosophie est la liberté » (Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling)

Quant aux sens, ils se contentent d'amener l'information sur le monde au cerveau, ce sont eux qui dans leur forme spécifiquement humaine, en tant que subjectivité générale d'espèce, façonnent le monde propre de l'homme (cf. le concept d'UMWELT de Jakob von Uexküll). Notre corps est si peu spécialisé qu'il nous faut donner du sens à chaque situation pour s'y adapter, à contrario un félin qui a tout en lui vis à vis de la survie perçoit son monde propre de façon immédiate en termes de proie et de chasse. Il se peut que la conscience conceptualisante soit à l'homme ce que l'instinct est à l'animal. A cet égard le mot "sens" désigne (désigner est aussi un mot qui indique une corrélation au sens de Husserl entre main et cerveau) ou vise tout autant les sens, la signification, que la direction, autrement dit le mouvement et le projet.
Enfin les questions de l'art et du sens posent la question suivante : jusqu'où entre la nature dans le sujet ? Commence-t-elle simplement au-delà de ses sens et face à eux ? Le sujet n'est-il pas en entier dans la nature, n'est-il pas un objet qui s'ignore y compris en tant qu'objet conscient. Concernant l'art, les transcendantaux du corpus formé par le vrai, le bon et l'harmonieux pris ensemble indissociablement en système, qui en ce sens synthétique modélisent l'art et le beau, nous appartiennent-ils en propre ?
Sont-ils des a priori de la connaissance consistants en tant que présents au sein de tout ce qui est, sauf à les considérer dans le rapport de la morale, ne sont t'ils pas des modalités de toute existence en tant qu'existence ? Ce qu'on attend de l'art et de la poésie est qu'ils nous déroutent et portent, via la forme accomplie, le sens de façon au sens strict extra-ordinaire. Au fond on en attend un instant d'époché au sens de Husserl, autrement dit un instant de silence de la pensée, de pure présence.
« Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra une fois dans sa vie se replier sur soi-même. » disait Husserl.


Ce n’est pas Dieu qui est mort, c’est le mot qui est un peu usé.
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Histoire d’un scabreux compagnonnage à l’Académie des Beaux-Arts
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Augustin Frison-Roche
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