Le petit prince de l’électricité revient
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Général Elektriks nous revient avec un sixième album, Carry no Ghost. Lâchez vos fantômes et entrez dans le mouv’. Les albums passent et c’est toujours la même énergie. Comme au début, en 2003, dans une petite salle marseillaise peu remplie, au Poste à Galène, où Hervé Salters électrisait déjà un malheureux clavier vintage en sautant comme un cabri et en tapant dessus comme sur ses bambous. Nous étions et nous sommes encore aujourd’hui en face d’un générateur de musique, de mouvement, et… de tubes. Force est de constater qu’en 2018, il n’a toujours pas retiré les doigts de la prise. Hervé Salters est toujours finger in the plug. Trop simple ! Dès que Different blue jaillit, ça y est, nos têtes se mettent à bouger comme des métronomes, sur des épaules qui swinguent de manière pataude, nous sommes reliés au beat du Général, tous en cadence, nous y mettons du chœur.
Il part d’un tas de sons bizarres, des débuts de sonneries de téléphones, des onomatopées électriques, et les transforme en courants d’airs entêtants, c’est tout le monde du bruitage au rendez-vous d’une chanson. On croit entendre des coups de tournevis à la Pierre Henry, des glougloutements à la Jean-Jacques Perrey, des crachats d’octets à la Kraftwerk, la douceur kitch des claviers de Stevie Wonder, les dérapages crasseux de Homework, et des mélodies obstinées psychédéliques dans le contretemps cultivé de l’acid-jazz. Le petit prince de l’électro-pop-funk a bien de l’électricité dans les mains. Tout ce qu’il touche devient branché, et nous en premier. Il donne une âme aux claviers. Car depuis que la musique s’est électrifiée, depuis la naissance du rock, l’électricité est bien l’âme du rock. Comme Obélix est tombé dans la potion magique, Général Elektriks a dû recevoir à la naissance un énorme coup de jus pour incarner à ce point le nom qu’il s’est choisi. Si l’électricité est l’âme donnée aux instruments, le souffle vital, cela sert également à évacuer les fantômes. Carry no Ghost !
Nous ne parvenons pas à imaginer ce kangourou autrement qu’en live et pourtant tout est composé en studio, tout sort de sa tête. Il commence en Rémy Bricard de l’électro pour finir par chef de band et transformer le moindre coin de scène en Wembley. Il parle plusieurs langues dans l’album : Français, Anglais, Allemand. Ils les mélangent toutes dans Amour über Alles. Cela ne pouvait pas en être autrement. Général Elektriks ne pouvait qu’être polyglotte puisque la musique est le seul esperanto valable.
Dans Carry no ghost, nous sommes également dans le monde de l’enfance, on y évoque des souvenirs de fêtes foraines et de tirs à la carabine. Rien d’étonnant, car pour lui les claviers sont des jouets. Il tape dessus comme un sourd, comme on joue de la batterie, et il en sort comme par magie ce son qui remontant notre colonne vertébrale, nous irrigue le cerveau, nous excite les neurones, nous les décoiffe et nous met dans une jouissance neuronale rarement atteinte. Bref, branchez-vous sur cette musique de synthèse occidentale du rock, musique de synthèse qui réactualise tout le rock depuis sa naissance par l’électricité jusqu’à nos jours. Et vous verrez : le soleil crépite, niché entre vos poumons.