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René Féret, véritable artisan du 7ème art et cinéaste de la famille

René Féret, véritable artisan du 7ème art et cinéaste de la famille

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Voilà deux ans et demi, s’est éteint Réné Féret, un cinéaste intimiste comme il se fait de plus en plus rare. De  Histoire de Paul en 1975 (film qui a pour sujet l’arrivée d’un jeune homme dans un hôpital psychiatrique, à la suite d’une tentative de suicide dont nous ne connaissons pas les causes,  et qui remporté le  prix jean Vigo) à Anton Tchéhov en 2015, Réné ferret a signé 15 longs métrages qui se caractérisent par, selon la formule très juste de Pascal Mérigeau, par «la théâtralité, la simplicité lapidaire, le manque de moyens, le travail en famille». René Feret, s’est avant tout l’auteur de films intimistes, plus ou moins autobiographiques, mais souvent empreints d’une subtile délicatesse.

En 1977, il réalisait son œuvre sans doute la plus célèbre, La communion solennelle (1977), présentée en compétition officielle au Festival de Cannes, et qui relatait l’histoire de trois générations d’une famille du Nord de la France.

« Un repas de communion solennelle est le prétexte pour basculer dans la mémoire collective d’une famille dont les descendants se réunissent aujourd’hui. Les 60 acteurs du film nous font revivre les péripéties des ancêtres de ces personnages. Les rencontres amoureuses, les guerres, les séparations, les trahisons, les drames, les situations cocasses, les retrouvailles, tous les moments caractéristiques nous sont contés dans le désordre du souvenir, ponctués par une chanson-ballade qu’interprète Serge Reggiani. Les invités de la communion se séparent à la fin du film mais nous connaissons leurs origines: leur mémoire s’est reconstituée devant nos yeux comme un puzzle. »

En 1989, le réalisateur met en scène son propre roman  (Robert Laffont en 1990) : Baptème. Ce sera l’un des plus beaux films français des années 80. Comme pour exorciser cette réincarnation qui a plané sur son enfance, il filme la rencontre de ses parents ainsi que la naissance et le décès de celui qui fut son jumeau par le prénom. (1)

Baptême sera l’un de ses très rares vrais succès et obtiendra trois citations aux César pour ses acteurs, Jacques Bonnaffé (acteur dans un second rôle), Valérie Stroh (jeune espoir féminin) et Jean-Yves Berteloot (jeune espoir masculin). Il montera une version longue pour la télévision (deux fois 90 minutes).

Bande annonce

L’enfant du pays (2003)peut être considéré comme le troisième volet de cette saga familiale à caractère autobiographique.
C’est ici l’histoire d’une enfance et d’une adolescence qui s’expriment à travers une centaine de petites séquences se passant dans les années quarante, cinquante et soixante dans une famille modeste du Pas-de-Calais.
Paul, le personnage principal, qu’on retrouve à 5, 13 et 18 ans est le fil de ce récit éclaté qui fonctionne dans le désordre du souvenir.
Les rencontres, les joies, les appréhensions, les premières amours, les amitiés, les déceptions, les rapports fraternels, les relations avec les parents, la découverte d’une vocation d’acteur et d’auteur, tout se mélange pour former le tissu irremplaçable d’un destin ordinaire dont les particularités renvoient le spectateur à sa propre histoire.

Ces trois films forment comme un triptyque familial.  Le cinéma de René féret, c’est un peu le cinéma vérité, beaucoup le Pas-de-Calais ; c’est un peu le Pialat de La Maison des Bois, beaucoup l’authenticité. C’est surtout tout ce qu’il nous manque dans le cinéma français subventionné d’aujourd’hui, à quelques exceptions près ; celui-ci d’un nombrilisme et d’un politiquement correct tapageurs. Heureusement pour nous, restent les documentaires qui sortent en salle, tels les Mistrals Gagnants. J’ose écrire que nos espoirs se tournent désormais vers ces vrais cinéastes indépendants que sont Hubert Viel, Cheyenne Caron et Anne-Dauphine Julliand. Merci à eux de ne point nous décevoir. Nos attentes sont immenses…

Interview de René Féret

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(1) René Féret partageait donc son prénom avec un frère aîné, disparu six ans avant sa naissance et dont il hérita du prénom comme une négation de cette tragédie qui planera néanmoins sur les relations entre les membres de cette famille, l’enfant étant décédé de façon accidentelle chez l’un de ses oncles. «Une image immobile a hanté mon enfance, la photographie en noir et blanc d’un enfant de quatre ans auquel ma mère me faisait ressembler et dont je porte le prénom».


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