Stromae, la victoire du style
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Stromae, la victoire du style
Par Kateri Andami
16 février 2014 20:00
Stromae a dominé la 29ème cérémonie des victoires de la musique, vendredi 14 février : meilleur clip pour Formidable, où le chanteur est filmé en caméra cachée mimant l'ébriété ; la victoire de l'artiste masculin de l'année, face à Julien Doré et Étienne Daho, et celle de l'album de chansons de l'année pour Racine Carrée, qui s'est écoulé à 1,5 million d'exemplaires. Le prévisible a eu lieu. Les Daft Punk boudés boudeurs sous leur casques étaient bien absents et Stromae véritablement victorieux, écrasant de son charisme, toute la variété française.
Parce qu'il s'est incorporé au produit qu'est la chanson, plutôt que de vouloir faire de l'interprétation de mannequinat, Stromae incarne à lui seule une certaine générosité du spectacle populaire. Cela faisait longtemps que les masses n'avaient pas été autant respectées. Son élégance sert la chanson et ne vient pas construire un mythe autour de sa personne. Son élégance, c'est la forme anticipée de ses mouvements, c'est la transposition visuelle du rythme. Il est devenu l'artiste de l'année. Il avait entre autres comme concurrent Julien Doré, l'homme à la barrette, le beau gosse faussement négligé et au vrai timbre "à potentiel". Nous voyons là deux figures antagonistes de la chanson. L'un s'est incorporé à la chanson au point d'en devenir organe à son service, l'autre fétichise la chanson afin d'être lui même le produit adorable. Un artiste doit se dissoudre dans son œuvre et Stromae l'a bien compris. Sa façon d'assumer cette fonction se retrouve d'ailleurs parfois chez M ou parfois chez les grands absents casqués.
Alors d'aucuns ont comparé Stromae à Jacques Brel, parce qu'il est Belge, parce qu'il a un phrasé proche parfois du Grand Jacques, parce qu'il dit des textes et raconte de histoires… D'autres ont rué dans les brancards pour protéger le saint des saints de la chanson française : aucune comparaison possible. Mais Stromae est peut-être le seul Brel que notre époque puisse produire. Il est en tout cas incomparable à toutes les brèles qui donnent dans la production de rythmes depuis le fin fond de nos chères banlieues. La chanson est un art magique qui sublime les médiocrités (mélodies, textes, voix) pour toucher juste. Stromae touche juste. Ses textes hachés marquent un goût pour l'ellipse, une volonté de laisser la poésie en deçà , perceptible davantage comme une possibilité que comme une manifestation. Et lorsque je vois un clip de Stromae, véritable spectacle de sonorités, de mots, d'ironie joyeuse, de couleurs mis en rythme avec la plus grande maîtrise, je pense néanmoins à la citation d'Edgar Poe sur la poésie : « une création de beauté par le rythme ». La chanson populaire de Stromae semble bien être la fabrication d'une séduction universelle.
Parce qu'il s'est incorporé au produit qu'est la chanson, plutôt que de vouloir faire de l'interprétation de mannequinat, Stromae incarne à lui seule une certaine générosité du spectacle populaire. Cela faisait longtemps que les masses n'avaient pas été autant respectées. Son élégance sert la chanson et ne vient pas construire un mythe autour de sa personne. Son élégance, c'est la forme anticipée de ses mouvements, c'est la transposition visuelle du rythme. Il est devenu l'artiste de l'année. Il avait entre autres comme concurrent Julien Doré, l'homme à la barrette, le beau gosse faussement négligé et au vrai timbre "à potentiel". Nous voyons là deux figures antagonistes de la chanson. L'un s'est incorporé à la chanson au point d'en devenir organe à son service, l'autre fétichise la chanson afin d'être lui même le produit adorable. Un artiste doit se dissoudre dans son œuvre et Stromae l'a bien compris. Sa façon d'assumer cette fonction se retrouve d'ailleurs parfois chez M ou parfois chez les grands absents casqués.
Alors d'aucuns ont comparé Stromae à Jacques Brel, parce qu'il est Belge, parce qu'il a un phrasé proche parfois du Grand Jacques, parce qu'il dit des textes et raconte de histoires… D'autres ont rué dans les brancards pour protéger le saint des saints de la chanson française : aucune comparaison possible. Mais Stromae est peut-être le seul Brel que notre époque puisse produire. Il est en tout cas incomparable à toutes les brèles qui donnent dans la production de rythmes depuis le fin fond de nos chères banlieues. La chanson est un art magique qui sublime les médiocrités (mélodies, textes, voix) pour toucher juste. Stromae touche juste. Ses textes hachés marquent un goût pour l'ellipse, une volonté de laisser la poésie en deçà , perceptible davantage comme une possibilité que comme une manifestation. Et lorsque je vois un clip de Stromae, véritable spectacle de sonorités, de mots, d'ironie joyeuse, de couleurs mis en rythme avec la plus grande maîtrise, je pense néanmoins à la citation d'Edgar Poe sur la poésie : « une création de beauté par le rythme ». La chanson populaire de Stromae semble bien être la fabrication d'une séduction universelle.