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Aux armes ! Sus à l’ennemi industriel étranger !

Aux armes ! Sus à l’ennemi industriel étranger !

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Après la séquence mariage pour tous, nous assistons maintenant aux mariages des entreprises françaises. Ici, nulle affaire de différenciation sexuelle mais une affaire de métissage. La mère patrie ne semble pas d’accord pour ces unions tant elle a peur pour la pureté de la race. La publication des bans à peine effectuée, nombre de commentateurs refusent ces mariages forcés avec l’étranger. À croire que la France est raciste ! Le métissage serait-il interdit dans la sphère économique alors qu’il serait souhaitable pour les personnes physiques. Les citoyens français voudraient reprendre leurs fourches pour que le sang abreuve nos sillons. Vieux couplet que l’on ne chante plus que lors des coupes du monde de football et dans la sphère économique. Il ne reste donc plus que ces deux thèmes pour promouvoir le patriotisme. Trêve de plaisanterie, on traite ici du sujet sérieux dont on nous rebat les oreilles depuis près d’une semaine : le rachat de l’industrie française par des groupes étrangers. Phénomène nouveau ? Pas vraiment. Mais c’est vrai que depuis quelques mois, nous assistons au rachat accéléré de plusieurs groupes français. Citons : Peugeot par le chinois Dong Feng, Lafarge par Holcim, et bien entendu Alstom par GE ou Siemens. Les points communs de ces dossiers sont apparemment la faiblesse financière de nos entreprises, leur rentabilité insuffisante et des erreurs stratégiques patentes. Autre point, l’État est intervenu à un moment de leur histoire (Peugeot et Alstom) au nom du patriotisme, de la défense des intérêts supérieurs de la France, ou de la lutte contre le chômage. À chaque fois, il se comporte en pompier et non en stratège. Il n’analyse pas les échecs et agit à court terme sans se rendre compte que les causes réelles sont de sa propre responsabilité. Alors, aidons-le par une brève description de quelques raisons profondes dont la prise de contrôle de notre industrie par les étrangers n’est qu’une des résultantes les plus médiatiques.

Une perte de productivité : les 35 heures de Martine

Compétitivité, productivité sont des mots à la mode. Peu de personnes citent une des causes profondes de la perte de ces qualités nécessaires à une bonne industrie locale : le choc des 35 heures. Il a été non seulement financier mais en partie psychologique. Le Français travaille moins. Il maximise ses loisirs et oublie son travail. Depuis la date du passage en force de cette réforme, l’industrie hexagonale n’a cessé de perdre de la vitesse. L’exemple le plus frappant se trouve dans l’industrie automobile. L’ouvrier français travaille 1500 heures, l’espagnol, plus de 1800 heures pour un salaire moindre. La délocalisation est le résultat évident pour tout industriel soumis à une concurrence internationale. Nous ne pouvons que constater que nous avons perdu cette bataille. Notre industrie a des chances de continuer à détruire ses emplois industriels. Pour garder ses centres de décisions, elle doit accélérer le mouvement de délocalisation vers les pays en voie de développement. Ainsi, sa planche de salut serait de se concentrer vers la production de biens à haute technicité. Pour cela, elle doit s’appuyer sur son contingent d’ingénieurs. Mais là aussi, les charges sociales sont si élevées qu’elle n’est pas plus compétitive dans ce domaine. En effet, la France supporte le coût social de sa vocation de « terre d’accueil ». Son financement se fait au prix d’impôts et de charges sociales la rendant de moins en moins attractive.

L’innovation et le financement de l’économie

Si l’on reprend les grandes thèses économiques classiques, les pays comme la France doivent se concentrer sur l’innovation. Mais pour innover, il faut deux facteurs : l’idée et l’argent. L’idée provient en général de personnes qui ont un niveau certain d’éducation. Or là, la France a un problème notable. Son système éducatif est en perte de vitesse. Il s’écroule. Le système français fournit bien une élite mais la moyenne de sa population est de plus en plus inculte. Ainsi, il devient plus difficile d’innover sans masse critique de personnes éduquées et, impossible pour la masse lorsqu’il est difficile d'exprimer des idées. Le deuxième pilier de l’innovation est son financement. Toute personne peut avoir une idée mais si elle n’a pas les moyens de la développer alors c’est l’échec ou l’exil vers des pays plus à même d’accompagner le créateur. Là, il y a un paradoxe en France. Les Français sont les champions du monde de l’épargne… improductive. En effet, les 16000 milliards d’euros français d’épargne sont investis principalement dans l’immobilier et les assurances-vie. Ces dernières permettent de financer l’État et, de là, ses dépenses sociales pour satisfaire à son rôle de providence. Une petite partie de l'épargne est dirigée vers l’économie productive. Ce constat, nos ministres le font et cherchent à trouver des solutions. L’une d’entre elle a été lancée il y a peu avec le PEA PME. Pour l’instant, c’est embryonnaire. Que font les autres pays ? Ils ont des fonds de pension qui drainent une épargne importante vers l’économie réelle. Et nous retrouvons notre problème de financement de nos retraites. Résumons : la France est un pays riche qui dirige l’épargne de ses citoyens pour financer son monstrueux système étatique et social. Le système des retraites repose sur une solidarité générationnelle qui ne laisse pas de place au financement de l’entreprise.

Ainsi de ces deux rapides constats, plusieurs solutions s’offrent déjà à nous. Tout d’abord une réforme de l’éducation nationale par le retour à la priorité aux savoirs et non aux méthodes. Ensuite, l’arrêt de l’immigration devrait être une priorité pour empêcher son coût exorbitant. Vous noterez que le Medef préfère, lui, l’abandon du SMIC pour employer notre main d’œuvre immigrée à bas coût…De manière plus rapide, l’état pourrait revenir sur la législation des 35 heures, tâche que le précédent gouvernement avait réalisée en partie et qui a été supprimé par son successeur. Pour le financement et pour compléter la BPI, sorte d’agence de financement, cela devrait permettre la création de fonds de pension. C’est au prix de ces quelques réformes que nous pourrons conserver les grands groupes en France et en créer de nouveaux issus des technologies de pointe. Défendre est une chose mais il faut défendre en préparant l’avenir. Que le pavillon français perde quelques fleurons n’est rien si les erreurs du passé sont corrigées pour générer de futurs grands groupes de nouvelle génération, secteur qui fait cruellement défaut à la France. 


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