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Aux armes bijoutiers !

Aux armes bijoutiers !

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Nous avions bien raison il y a deux semaines de constater la perpétuité dans laquelle nous sommes entrés. Les semaines se suivent et se ressemblent effectivement. Les mêmes événements se répètent et provoquent à chaque fois les mêmes réactions et ne sont l’occasion d’aucune nouvelle analyse, d’aucun nouvel enseignement. Statu quo, rocksteady, barbotage.

C’est bien le cas pour cette nouvelle affaire de lapin qui tua le chasseur, autrement dit de bijoutier osant user de légitime défense, osant ne pas se laisser dépouiller ou pire, refusant de jouer jusqu’au bout la partition de la victime. Tout se passa cette fois-ci, avec l’affaire du bijoutier de Sézanne dans la Marne, presque comme dans l’affaire du bijoutier de Nice. L’habitude fit néanmoins que la séquence fut plus rapidement déroulée et suscita moins d’intérêt. Un. À Sézanne dans la Marne, jeudi 28 novembre après-midi, un bijoutier a tué de plusieurs balles un braqueur. Deux. La manifestation de soutien au bijoutier mis en garde à vue eut lieu dès le lendemain dans les rue de Sézanne rassemblant 200 personnes. Trois. Une page «Soutiens au bijoutier de Sézanne » créée sur Facebook quelques heures après les faits, recensait plus de 50 000 soutiens. C’est comme à Nice mais en moins fort. On se lasse quand on vit en perpétuité. La page de soutien Facebook au bijoutier niçois avait connu un succès sans précédent : en cinq jours, elle totalisait plus de 1,5 millions de « J'aime ». Les militants de l’index droit et du clic gauche se sont ramollis entre temps. C’est dire s’ils sont encore loin de prendre leur carte quelque part entre l’UMP et le FN pour faire en sorte que ces partis représentent leurs idées…

Les débats furent les mêmes, bien que menés avec moins de vigueur. Pour ou contre l’auto-défense, débat peu crédible en France. Pour ou contre la vidéo-surveillance généralisée des bijouteries. Débat au contraire très tendance. Puis bien sûr les éternelles tribunes sur l’importation de la misère fournissant main d’œuvre facile aux syndicats du crime. Et enfin le triste constat d’un gouvernement laxiste n’ayant comme ambition que de culpabiliser les victimes et de victimiser les bourreaux surtout si ceux-ci sont morts d’ailleurs. Bref rien de nouveau dans la perpétuité de ce monde normal.

Mais la question qui vient maintenant, c’est pourquoi les bijoutiers ? Pourquoi ce sont eux qui prennent les armes en premier ? Pourquoi pas les buralistes, pourquoi pas les chauffeurs de bus ? Et surtout pourquoi est-ce dans les circonstances d’un vol de bijoux que la reprise du pouvoir par le peuple se fait-elle d’un coup ? On n’a pas pris les armes pour faire sortir les Femens de Notre Dame de Paris, on n’a pas pris les armes pour empêcher les viols collectifs de Fontenay-sous-Bois, on n’a pas pris les armes pour défendre notre vision de l’Education Nationale, on n’a pas pris les armes pour empêcher la destruction de nos églises, on n’a pas pris les armes pour empêcher la construction de mosquées, on n’a pas pris les armes pour défendre notre liberté d’expression. Et voilà qu’on les prend pour sauver nos bijoux ! Sans juger l’acte de ce bijoutier, je trouve intéressant de l’analyser en symbole du matérialisme de notre société. C’est comme si nous assistions à un réveil du peuple, mais un réveil à côté de la plaque. Le peuple s’agite mais reste néanmoins prisonnier de cette société matérialiste. Nous avons là un peuple facile à endormir avec un simple chèque. L’indifférence du quant-à-soi persévère dans la révolte même. Espérons que la crise dure pour que le peuple reste éveillé le plus longtemps possible et que l’on parvienne à le guider vers le refus complet de l’esprit révolutionnaire. Espérons que les oreilles des petits bourgeois qui en ont marre d’être pillés tantôt par les voleurs, tantôt par l’État, puisse entendre ce que nous avons à leur dire de notre civilisation, de son héritage et de sa mission pour le monde. Alors aux armes bijoutiers, aux armes commerçants, aux armes petits bourgeois, aux armes jeunes gens issus de la middle class, aux armes employés et cadres moyens de la fonction publique, aux armes ingénieurs de tous les génies, aux armes peuples de sous-off. Dites-vous que vous n’avez plus de pavillon à préserver, plus de boutique à protéger, plus de bijoux à sauver mais simplement la France à rétablir. Appel pathétique à une pseudo insurrection, avouons-le, mais qui n’a d’égal que l’indifférence exaspérante dans laquelle se vautrent nos Français entre deux grandes vacances, entre deux soldes, entre deux élections, entre deux guerres.

Aux armes ! Sus à l’ennemi industriel étranger !
Aux armes ! Sus à l’ennemi industriel étranger !
Sanglants bijoux !
Sanglants bijoux !
Veilleurs promis aux lions
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