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The Big Short ou Le casse du siècle

The Big Short ou Le casse du siècle

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La finance est matière aride mais passionnante car elle est le résultat le plus abouti de l’ingéniosité humaine. De nos jours, cette activité regroupe les esprits les plus affutés et les plus malins mais elle exacerbe bien souvent les plus gros défauts humains. Elle devrait donc être une source inépuisable de romans ou de récits mais malheureusement, échec de notre temps, bien peu de fictions arrivent à peindre ce monde. Au mieux les livres et les films tirés de ces livres sont outranciers ou pire ennuyeux à destination de quelques happy few. Peu sont donc à la hauteur du sujet, citons tout de même « Le bucher des vanités » ou un « Homme un vrai » du grand auteur Tom Wolfe. Michael Lewis, star américaine du journalisme fait partie de ces quelques romanciers ou journalistes qui arrivent à saisir le sujet. Et pour cause, il a écrit le livre référence sur la crise financière : « The big short ou le casse du siècle ». C’est lui qui a sûrement le mieux décrit ce qui s’est passé lors de la crise financière 2008, celle qui aurait pu faire chuter le système démocratique capitaliste. Mieux qu’un cours de finance, mieux qu’un roman, c’est un reportage romanesque décrivant quatre originaux de la finance qui se sont enrichis grâce à l’éclatement de la bulle immobilière américaine.

Tout est vrai. Nulle morale, juste les faits à travers les yeux de ces personnages hauts en couleurs : un quasi autiste, un juif en colère contre le monde, deux amateurs de la spéculation et une foule de personnages secondaires truculents. Les héros ont tous misé contre l’arrogance du monde financier de l’époque au risque de rester des marginaux. Ils ont réussi à gagner de l’argent là où les autres ont été punis de leur gourmandise matérielle. Seuls, à l’exception de Benoit XVI (dès 1985), ils ont découvert que le système financier courait à sa perte en s’auto-entretenant tout seul. Le livre est passionnant et se lit d’une traite même si l’auteur ne nous épargne aucun détail complexe des arcanes de la technique financière.

Le film, est lui, un petit chef d’œuvre de distraction avec une mise en scène enlevée, jamais pesante, avec des acteurs brillants et peu de scènes caricaturales. Juste ce qu’il faut d’humour : vous apprécierez cette blonde dans sa salle de bain vous expliquer les CDO. Car l’originalité du film est d’interpeller le spectateur tout en déroulant le récit des événements. Après le film, vous serez déniaisé et si vous lisez en plus le livre vous serez moins idiots. Vous comprendrez l’erreur humaine dénoncée déjà par Platon dans Protagoras lorsque l’homme se prend pour la mesure de toutes choses. Seule certitude, plutôt américaine, le vice ne paie pas à long terme. En effet, tous les prétentieux du système financier américain furent ruinés mais ils ont entrainé les sans dent dans cette spirale auto-destructrice. Quelques 8 années après, ou en sommes-nous aujourd’hui ? Nulle part, les banques qui ont mis en place ce système existent toujours, la créativité humaine a peu de limite. Nous serons peut être condamnés comme Sisyphe à recommencer éternellement les mêmes erreurs comme si la limite de la finance n’était qu’elle-même. Le pouvoir politique ne semble pas être en mesure de stopper cela. C’est un peu la morale du livre. Alors pas d’espoir ? Si, depuis 2008, de nombreuses initiatives ont vu le jour mais cela reste un autre sujet. Alors amis de Mauvaise Nouvelle, il faut aller voir ce film, vous ne le regretterez pas.

3 raisons d’aller voir le film ou de lire le livre :

  1. Comprendre les CDO, CDS et autres barbarismes financiers – vous en avez toujours rêvé  ou pas. Vous pourrez briller dans les salons ou fermer la gueule de certains discoureurs bardés de diplômes financiers en chocolat.
  2. Comprendre la nature humaine. C’est sûrement un des grands intérêts du livre et film, car la finance n’existe que grâce au génie humain et à ses défauts les plus emblématiques : l’envie, l’intérêt et la jouissance des biens matériels
  3. Le jeu des acteurs du film. Christian Bale est excellent en autiste financier de génie, Brad Pitt est méconnaissable, Ryan Gosling est aussi beau que prétentieux, il incarne le parfait banquier de ces année-là. Quant à Steve Carrel, il campe une véritable teigne qui cherche à comprendre tel Newton avec sa pomme.

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