De la nécessité d'être lucide après le drame de Saint-Jean-de-Luz

Beaucoup sur les réseaux sociaux et ailleurs ont la nostalgie de l'école, du collège et du lycée des années 80-90, un souvenir qu'ils idéalisent beaucoup, une nostalgie qui ferait presque rire.

S'il y avait certes encore du niveau en ce temps-là, nous étudiions au collège des œuvres que l'on étudie maintenant au lycée, parfois même plus du tout d'ailleurs, les élèves sérieux et, ou ayant du goût pour se cultiver étaient déjà largement mal considérés. C'était déjà presque anormal d'être sérieux et, ou travailleur à l'école, de ne pas chercher à "s'éclater" en dehors de l'école.

Je rappelle d'ailleurs que c'est ma génération (des « baby-boomers ») et celle d'après qui ont oublié d'éduquer les enfants de 2023 qui sont leur progéniture et, ou leurs petits-enfants. On reconnaît un arbre à ses fruits, non ? Si nos générations avaient été si brillantes, si soucieuses de l'avenir, celle des jeunes de 2023 l'aurait été.

Comme professeur j'ai été aux premières loges de la désagrégation sociale depuis 30 ans. On la constatait clairement surtout pendant les réunions parents-profs, pour les rares parents que j'y voyais. Ceux qui pensaient que les Lettres et l'Histoire avaient encore une importance, à savoir très peu de monde… « ça sert à rien monsieur, la culture générale » C'était généralement un long chapelet de justifications maladroites de leurs manques et carences graves par les parents. Car ils savaient très bien ce qu'ils n'avaient pas fait, et ce qu'ils n'avaient pas envie de faire pour leurs gosses, ça aurait dû être à moi et mes collègues de rattraper tout ça. Je notais qu'à chaque fois les élèves n'osaient pas me regarder en face pendant les litanies de leurs géniteurs (j'emploie ce terme à dessein car ils s'étaient contentés de procréer). Ils savaient très bien ce qu'il en était des justifications des parents : ce n'était pas de leur faute mais celle de la société et des problèmes actuels.

Brighelli rappelle constamment une chose fondamentale mais visiblement personne n'écoute ou tout le monde reste arc-bouté sur ses croyances individuelles. La dégringolade actuelle de l'école est VOULUE. Depuis le protocole de Lisbonne en 1999, l'oligarchie européenne veut former 10% de cadres qui sont tous issus de ses rangs, et 90 % de crétins dociles et polyvalents nourris aux plate formes de streaming et aux écrans omniprésents. Ils sont en train de réaliser ses objectifs. Je rappelle que ce fameux protocole n'est en rien caché, ça s'est passé sous vos yeux mais vous ne faisiez pas attention…

Pour ces raisons, je ne lis plus les commentaires sous les récits de drames dans l'éducation nationale, comme ce qui est arrivé à saint Jean de Luz, car 99,9% des gens y sont à côté de la plaque. Ils ont des profs une vision qui retarde de soixante ans, voire soixante-dix. Rappel, en 2023, car nous sommes en 2023, un prof n'a plus pour mission de transmettre un savoir mais "d'occuper" les élèves, c'est noir sur blanc dans les instructions officielles. C'est l'élève qui doit bâtir lui-même son savoir. C'est clairement indiqué en toutes lettres. De plus pour transmettre un savoir il faut qu'il y ait un terreau fertile et la plupart des gosses n'ont pas du tout d'appétence pour le savoir, QUEL QUE SOIT LE MILIEU. Depuis trente ans, le niveau n'en finit pas de dégringoler.

Les parents attendent tous que ce soit dans les établissements de banlieue ou de centre-ville, que les profs corrigent leurs carences éducatives, tout ce qu'ils n'ont pas appris à leurs enfants, à commencer par la politesse élémentaire et l'hygiène de base. Ne parlons pas de l'apprentissage des valeurs comme le travail ou l'excellence, jetons là-dessus un voile pudique. Il faut les comprendre, les pôvres, il faut bien qu'ils mènent leur vie d'hommes ou de femmes modernes ! Qu'ils prennent du temps pour eux !