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Le Français est un conservateur révolutionnaire

Le Français est un conservateur révolutionnaire

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Il est admis sans discussion possible que la pomme de terre, le beaujolais ou l’art puissent être qualifiés de « nouveau » sans que cela ne crée de schisme entre citoyens. C’est même ce qualificatif qui donne un goût croustillant à l’une, une robe ambrée à l’autre et nous fait trouver du génie et du charme, au cœur de l’œuvre.

La nouveauté est signe de modernisme et de jeunesse. De manière générale notre pays va de l’avant et s’inscrit dans l’air du temps. C’est un bienfait. Avec cette remarque de taille : l’accouchement se fait rarement sans douleur. La simple idée que ceci remplacera désormais cela est dans le meilleur des cas, source de contrariétés. De manière générale, la manifestation sert d’étendard au mécontentement. Pour autant l’approbation d’une innovation ne génère pas de grandes effusions. Avouons-le d’un trait, les Français s’adaptent avec plus ou moins de grogne aux nouveautés proposées dans différents domaines.

Nous sommes des… conservateurs

Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’aiment pas qu’on touche aux droits acquis. Ce qui est écrit est un dû auquel il ne faut jamais renoncer. Quand bien même la situation d’origine ne serait plus la même ou ne correspondrait plus à la réalité. La prime de neige est prévue dans les textes. Peu importe que l’on se trouve aux Antilles. Rien ne doit modifier l’ordre établi. Affirmer que cette vocation est inscrite dans les gênes serait exagéré. Toutefois il est à remarquer que le sport de l’habitude se pratique très jeune. L’école est un creuset bien connu. La situation se poursuit au collège où il est coutume de profiter de l’expérience des aînées pour dénommer els professeurs de tous les noms d’oiseaux en brossant leurs traits de caractères faisant des profs de mathématiques ou d’anglais des monstres aux grands pieds. Ils étaient ainsi appelés par les anciens, ils le resteront par les nouveaux arrivés. « Le bizuth » des grandes écoles, ce benêt au courant de rien se doit d’apprendre aussi rapidement que possible les règles de la maison et les respecter. Au temps du service militaire, « les bleus » devaient se conformer aux usages sans venir contrarier ce qui se faisait ainsi depuis des lustres. En un mot comme en cent, nous sommes des… conservateurs.

La révolution pour que tout soit comme avant

Cela étant, il convient de ne surtout pas le dire, de ne jamais le reconnaître publiquement. Cet état de fait n’est pas sans conséquence en matière politique. Ici la situation est ambigüe. Par certains côtés les citoyens veulent que « les choses changent » et sont prêts à faire au quotidien « la révolution » souhaitant derechef que « tout soit comme avant ». Les citoyens sont régulièrement enclins à mettre en place aux plus hautes fonctions institutionnelles des hommes nouveaux. Mais attention, ceux-ci ne doivent rien faire de novateur sous peine d’être sanctionnés par les uns ou par les autres. L’impératif tient dans ce fameux diction qui consiste à « faire du neuf avec du vieux ». La plupart des politiciens d’antan s’étaient spécialisés dans cette démarche extrêmement délicate qui consistait à pédaler pour faire concomitamment du « sur place, marche avant, marche arrière. » Certains auraient mérité, il y a quelques mois encore de concourir parmi les plus grands prestidigitateurs. D’autres, nous faisaient admettre certains changements tout en nous laissant croire que rien ne serait modifié dans l’avenir. Parallèlement, quelques dirigeants guidés par leur seule volonté de demeurer aux commandes ont préféré abdiquer. Ils se sont congratulés pour laisser la situation en l’état : les successeurs assureront la suite.

Un soupçon de rumeur

Pour faire obstacle aux innovations, nous avons un secret que les autres nations envient, un petit rien qui change tout. Une dose mini que l’on appelle aussi un soupçon, suffit à faire monter la mayonnaise sur les « conséquences dramatiques » des nouvelles mesures mises en œuvre. Le soupçon permet à lui seul de semer cette graine magique qui pousse en toute saison, le doute. Il apparaît au coin des rues, relayé par les médias qui assurent la pérennité de leur fonds de commerce. Pour cela, ils s’appuient sur la campagne du soupçon. Méchante, nourrie par la jalousie, l’ambition et la malveillance, la rumeur permet de faire accoucher la montagne d’une souris et assure parfois l’infortune du bon sens. Il est vrai que le soupçon et la rumeur obtiennent raison auprès de tous ceux qui connaissent la suite, par avance. Pour eux, « il n’y a pas de fumée, sans feu ! »


10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
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Peuple élu
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