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Peuple élu

Peuple élu

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Élection en France ou élection de la France ?


La France est un territoire abandonné, comme un cadavre. La France ne se reconnaît plus, elle est maintenue en vie de façon artificielle. La tentation de devenir nostalgique de ce qui a engendré la France d'aujourd'hui est grande. La tentation de regretter la République, De Gaulle, la monarchie absolue, la révolution etc. est grande. Cette réaction n'est qu'un sous-produit de la modernité établie en France depuis longtemps. Il faut maintenant reconnaître le cadavre et bâtir autour de ce symbole moribond, il faut maintenant être sûr d'avoir été choisi et avancer en confiance comme un peuple élu. C'est une révolution qu'il nous reste à faire.

Fiertés patriotiques et fausses réactions


Il faut être fier d’être français nous dit l’historien moderne repenti. Max gallo c’est bien, mais ne vient-il pas trop tard. La France existe-t-elle encore ? Je veux dire la France en terme de territoire pour lequel nous avons à rendre grâce, la terre qui nous nourrit, cette nature docile, ce lieu des baptêmes, cet espace des Saints, des apparitions, de Sainte Marguerite-Marie, ce paysage à Son image. Les réactions d’aujourd’hui brassent pèle mêle tout ce qui a pu faire office d’objet de fierté. Les réactions d’aujourd’hui sont assez peu exigeantes et se contentent de postures historiques plutôt que de projets, projections vers le symbole de la présence de Dieu sur terre. Alors on regrette la monarchie absolue, on déplore la perte des empires, on admire de Gaulle, et on va même jusqu’à trouver des qualités à un Mitterand quand il disait qu’il ne s’excuserait jamais au nom de la France. Les réactionnaires d’aujourd’hui sont décevants. Il troque la modernité d’aujourd’hui contre une modernité d’hier ou d’avant hier (un autre combat de modernes contre modernes à l’instar de ce que décrivait Philippe Muray) mais ils ne sont jamais en complète contradiction, en totale révolution. Par pitié, ne revenons pas à l’Etat et ne revenons pas non plus à la Nation. Pitié ne confondons pas la France avec la nostalgie de nos guerres idéologiques, de nos grands hommes d’état qui envoyaient mourir nos hommes sans souci puisque Paris en une nuit pouvait refournir de la chair… Je m’appuie sur l’excellent livre de Jean de Viguerie : les deux patries. Ce dernier expose une thèse dont plus personne ne peut faire l’impasse, il montre à quel point nous ne cessons depuis longtemps de ne regretter que la patrie révolutionnaire, il explique que même l’Action Française s’était trompé de combat en versant dans le militarisme et qu’elle n’a fait que servir l’idéologie révolutionnaire. La patrie révolutionnaire est une ancienne idée de modernes que ces derniers nous poussent à regretter maintenant qu’il n’y a plus rien. Mais il faut se méfier de tous ces chevènementistes, notre patrie n’est pas la leur (celle de La Marseillaise.) Notre patrie ce n’est pas De Gaule et Napoléon, qui se servaient de l’idée de patrie pour disposer de la nation comme matière première. Il est curieux que ces gens se réveillent trop tard. Sur le cadavre de la France, ils fantasment sur ce qu’elle était à l’agonie. Les réactionnaires d’aujourd’hui sont certainement des hommes biens, qui ont eu tort, et qui, comme tous les modernes, ont eu raison d’avoir tort en leur temps, mais ce n’est pas un petit retour Chevènementiste qui en fera des amoureux du pays. Certains (surtout les présidentiables de la République) ne sont pas non plus nostalgiques de la patrie, mais le sont en fait de l’Etat, de l’autorité absolue qui se passe de Dieu, ils fantasment sur louis XIV, sur cette usurpation, ce monde de la structure et des boîtes, ce monde de la virtualité. Peu, en revanche, ne savent que la patrie est celle du territoire pour lequel nous avons quotidiennement à rendre grâce à Dieu. La vraie patrie, c’est l’avant goût de l’au de là, c’est le goût de la vie, c’est mille grâces, c’est la gloire de Dieu, "la terre des pères, le pays de la naissance et de l’éducation." Pour Jean de Viguerie la vraie patrie est La France et est faite de gratitude et de piété, la patrie révolutionnaire par contre n’est pas la France mais l’utilise, "marquée par la passion et la démesure, elle exige le sacrifice de nombreuses vies." Alors prudence aux nostalgiques. S’il faut l’être, c’est plus loin qu’il faut remonter. Je ressens simplement la patrie comme l’agrandissement fantasmé de la famille. La France est morte il y a longtemps et ce n’est pas la mort de la nation aujourd’hui ou la mort de la modernité tuée par son double engendré qui me fera donner du crédit à la posture des réactionnaires de maintenant. Les nations ne m’intéressent pas. Elles sont le fruit d’idéologies. C’est justement en faisant la distinction entre la patrie et la nation et l’état que l’on arrive à identifier ce que l’on recherche réellement.

Liberté über alles


Par habitude il faut toujours se débattre avec les concepts, préférer le continuum des choses, à la logique binaire des systèmes clos sur eux même. Par tradition, par souvenir de la vérité, il faut à chaque fois rentrer en conflit avec les structures et ne pas accepter les raisonnements produits pour et sur nous. Pleins d'espérance, les catholiques se tendent comme un arc, rappelant la simplicité et l'unicité du chemin. Le véritable salut est sous condition de liberté. C'est tout. L'exercice que nous avons à faire est de décider d'être sauvé. C'est beaucoup plus compliqué qu'une morale, c'est un chemin. Il ne s'agit pas de se poser des questions sur « comment dois-je agir au quotidien pour produire du Bien dans ce monde ? » Le Christianisme n'est pas un humanisme comme un autre, ce n'est pas un humanisme. Ce serait trop simple de trouver des déterminismes et de mériter son paradis. La vie et le salut se situent dans la relation de chacun à Dieu, dans le mystère des intentions. Sans s'étaler sur ce point, nous pouvons donc imaginer ce que nous ne voulons pas, nous pouvons vite comprendre que ce n'est pas à coup de lois que l'on va permettre à chacun de trouver le chemin. Mon inquiétude est la suivante en ces temps d'élections sur notre territoire : Sommes-nous à la recherche de l'homme providence, créant l'Etat providence (catholique), bain dans lequel la patrie et les Français pourraient être sauvés ? Je souhaiterais apporter ici une réaction libertaire, inventer un catholique libertaire. Poser d'abord que c'est dans l'homme uniquement, dans le mystère de ses intentions comme je l'ai précédemment rappelé, que résident son salut possible, et de proche en proche de la famille, et de proche en proche de la Patrie. Dès lors, la bonne santé d'une patrie n'est que le signe manifeste de la présence en son sein de coeurs purs. Disposer d?un Etat qui aurait tout compris, au service d?une loi supérieure, secourant les pauvres, transmettant la morale, … ne nous garantirait rien. Deux écueils sont possibles : le renvoie systématique à la responsabilité de l'Etat grand organisateur (nous connaissons bien cela) et la corruption de la morale par assimilation à l'Etat, aussi exemplaire soit-il, puisque ce n'est qu'une virtualité pratique. Alors je propose de repartir d'en bas pour être sûr de partir de l'homme et non de la chose. Supprimer les subventions aux artistes et réinventer les mécènes, supprimer les subventions sociales et réinventer les oeuvres caritatives. Pour aller jusqu'au bout, laisser mourir le pauvre pour pousser l'homme à sortir de sa tanière pour le sauver et se sauver. Renvoyer tout le monde dos à dos dans sa responsabilité de tueur, de déicide. Ne plus colmater la brèche et proposer un miroir à chacun, dans le quel chacun reconnaît le mauvais. Ne plus entendre à la télé Soeur Emmanuelle dire que l'Etat devrait absolument agir pour les pauvres et ne plus entendre à la suite les applaudissements de millions de téléspectateurs. Les applaudissements ne nous élèvent pas. Je veux qu'on dise : éteignez le poste, levez vous, sortez dans la rue avec la moitié d'un manteau à offrir, sous les sifflets des téléspectateurs. L'Etat ne sert à rien pour le salut. C'est de la bonne conscience et c'est tout.

Supprimer les partis Immédiatement ?


Qu'il est bon de revenir sur ce qui est considéré comme une évidence, de renouer avec une tradition d'opposition aux systèmes et de proposer notre feu. Une fois encore la revue Immédiatement trouve les bons mots pour qualifier les partis politiques. J'aime beaucoup les références aux « machines broyeuses », et à « l'allégeance totale à la structures» figurant dans l'article de Jacques de Guillebon du 23 octobre 2006 s'appuyant sur une analyse de Simone Weil. Effectivement, j'ai le sentiment que les partis imitent l'Etat, que les militants imitent les courtisans, qu'ils se situent dans le monde des structures contre le monde de la substance. Les partis sont des boites, comme l'état est une boite et chacun travaille pour sa machine, pour son camp. Et pour donner de l'illusion, du souffle, aux militants et courtisans, on introduit dans les boites l'idéologie de la démocratie. Et tant que les partis ne sont pas nuisibles à la démocratie, tout va bien. Sauf que la virtualité est ainsi consacrée ! On ne travaille que pour le pouvoir d'une structure et l'idéologie n'est qu'une caution, prétexte oeuvrant aussi pour la structure, elle est l'intermédiaire nécessaire pour obtenir l'engagement des consciences. Du moment que les partis ne sont pas nuisibles à la démocratie qui n'est pas nuisible aux partis, on peut continuer. On y revient donc : commencer par supprimer les partis ? Voilà donc le début. Voilà donc l'angle d'attaque de la réforme proposé le 11 septembre dernier dans la Nef et dans Immédiatement par un groupes de jeunes intellectuelles. Dans la pelote à dénouer de la situation de la France, tirons sur la ficelle des partis. Puisqu'il faut proposer quelque chose pour la France, parce qu'il faut essayer de la sauver et parce que je suis persuadé que les partis n'ont de place que pour les courtisans et les chasseurs de prime, je trouve que cet appel est légitime en cette période de campagne.

Un chef derrière son troupeau


Donc, plus partis, plus d'état, plus de nations, des hommes libres, des familles rassemblées en patrie, voici où nous en sommes dans cet article. Maintenant, il nous faut trouver notre chef. Le Pen qui fait de la peine, Villiers l'ailier, Sarkozy le ouistiti, Bayrou le centre tout mou, Ségolène la vilaine, Chevènement le faux événement, NON ou un roi légitime ou orléaniste NON. Alors quoi ? Il faut trouver notre chef, celui qui est derrière le troupeau, celui qui accepte de se mettre au service du peuple de ce territoire, celui qui nous fera passer pour un peuple élu. Election en France ou élection de la France ? Il est vrai que j'ai souvent du mal à espérer pour la France, tellement persuadé que nous allons descendre plus bas. Toutefois, je profite d'un moment de repos, pour exprimer à mon tour un espoir. L'espoir de trouver une ou des élites qui se mettent au service de la France. Qu'elles gardent l'humilité ! Il me semble que pour rester humbles, il leur faut commencer par accepter l'humiliation, et ce tout en avançant. Sur ce chemin d'humiliation on peut trouver celle d'être élu au suffrage universel alors qu'on a le sentiment de recevoir une charge d'en haut, il y a celle d'être la cible de sondages, celle d'être appelé à s'expliquer sur un plateau de télé comme une star ou un sportif, celle d'écouter les questions au gouvernement, celle de la calomnie de l'imMonde quotidien. Il lui faudra accepter les gifles, les unes après les autres et continuer de servir avec la certitude de recevoir cette charge d'en haut, sans jamais le dire, sans jamais instrumenter Dieu, sans jamais le compromettre. Trouver dans la prière de quoi renouveler deux qualités suffisantes : le courage et l'exemplarité. A cette élite, il lui faudra faire disparaître l'Idée (certaine) de la France, puis la nation (humaniste), puis l'Etat. Il lui faudra retrouver le territoire et redonner une conscience au peuple du territoire. La conscience de tout peuple est de se sentir fils adoptif de Dieu en Christ. Notre élite devra avoir l'ambition de nous faire ressembler à un peuple élu.

Courage, Fillon
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L'Homme multiple (ré)élu
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L’extermination du peuple de France
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