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Les français sont -encore- bien nuls

Les français sont -encore- bien nuls

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Il y a trente-trois ans, Desproges évoquait ces français nuls dans « Les étrangers sont nuls » , recueil paru après sa mort, et rassemblant des chroniques parues dans « Charlie Hebdo » en 1981, et attention pas le « Charlie Hebdo » de Philippe Val, celui de Choron. Ces français ne supportaient pas ce qu'ils regardaient à la télé, râlant contre des émissions que personne ne les obligeait à regarder, entretenant l'Audimat d'icelles en se collant devant, oubliant qu'il suffirait de tourner le bouton, simplement, et de ne pas regarder, à moins d'être masochiste, ou débile.

Maintenant, les mêmes non seulement continuent de regarder la télévision, avec trois cents fois plus de chaînes toutes plus inintéressantes les unes que les autres qu'en 1981, le front sur leur téléviseur, leur Smartphone et l'ordinateur, s'infligent sur Internet la lecture d'articles dont ils injurient l'auteur sans le lire bien souvent, s'imposent la vision de photos auxquelles ils s'affirment indifférents à hauteur de dizaines de commentaires, sans rire, et redécouvrent l'eau tiède concernant le cynisme des politiciens et leur collusion au sein d'officines dont l'influence réputée souterraine est pourtant de notoriété publique pour la plupart d'entre elles et leur influence n'existe que parce que les gens leur laissent ce pouvoir que celles ne devraient jamais avoir à cause de trop d'inertie, trop de patience mal venue comme disent les chanteurs concernés, consensuels et compatissants.

Les mêmes pourtant continuent, de moins en moins il est vrai, bien que l'abstention massive s'explique surtout par la fainéantise et la passivité des électeurs préoccupés surtout par l'obsolescence programmée du dernier gadget électronique que le tout économique leur enjoint de posséder, à voter pour des partis qui se fichent d'eux dans les grandes largeurs, y compris ceux qui parlent au nom des français sincères de gauche comme de droite qui voudraient que l'alternance artificielle qui tient lieu d'ersatz de vie politique en France entre l'UMP et le PS s'arrête enfin, avec les méchants imposés que sont la famille le Pen et leur parti quant à Mélenchon, à moins qu'il ne soit vraiment sincère, je ne sais pas sonder les reins et les cœurs, il participe à première vue de la même collusion, de la même farce derrière les « bonnes phrases », on a pu le constater il y a quelques jours encore…

Et si les uns comme les autres se défoulent sur Internet de manière souvent abjecte, et anonyme, avec une violence qui en dit très long sur le vernis de tolérance de notre société, ils se comportent dans leur vie quotidienne, leur vie professionnelle comme de bons petits rouages dociles, en bons petits salariés rêvant d'être sur le tableau d'honneur de « l'employé du mois », ne remettant jamais formellement en question les injustices et les iniquités pourtant flagrantes que toute personne de bon sens peut remarquer dans notre pays, chaque jour. Ils rêvent de la célébrité « kleenex » actuellement en vogue, même pour rien, même sans talent, se fantasment en justiciers électroniques, défenseurs bien virtuels de la veuve et l'orphelin.

Ceux qui pestent et vitupèrent contre la perte de moralité, de morale et de sens de notre époque sont les premiers à s'agripper comme le morpion aux gonades du mâle reproducteur qui à son petit, moyen ou grand privilège, qui à son n'acquis, son régime spécifique, que ce beau monde estime éternel, ses droits de consommateur, d'acheteur, de client, d'usager, sans se soucier du voisin et de la pauvreté, consentant parfois à quelques piécettes ou achats « équitables ». Il faut dire que quelques décennies de société hyper-individualiste, d'aspirations narcissiques ont eu raison depuis longtemps des liens d'empathie, d'altérité et de solidarité demeurant encore entre les personnes, souci de réactionnaire, le lien social et ce que l'on appelait la « Common Decency » vous dis-je.

Je crois d'ailleurs profondément que les français les voient ces injustices et cette crise morale, mais y sont complètement indifférents tant que cette précarité ne les touche pas personnellement, ce qui ne manquera pas d'arriver vu la politique libérale-libertaire de Valls, qui suit la politique libérale-libertaire d'Ayrault et Fillon, qu'ils ont peur au fond d'évoquer la crise morale que nous traversons, invoquant la responsabilité de tel ou tel parti, telle ou telle idéologie, tel ou tel lampiste alors que ce sont eux tous les responsables et leur égoïsme.

10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
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Partir !
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L'économie pour les nuls
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