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Macron entre Covid et guerre

Macron entre Covid et guerre

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Pour une nouvelle « expertise de la fausse parole »

Les psychotechniciens de la propagande russe ne semblent nullement avoir conscience du danger que représente pour eux la perfection même de leur système : aucun n'étant laissé à l'état « libre », il s'ensuit que tout mot « signifie » ; la « falsification » supprime à vrai dire toute notion exacte des faits, mais elle fournit des indications bien précises sur quelque chose d'infiniment plus important, quelque chose qui est « le fait », le « seul fait » de notre époque : la volonté de « changer » le réel au profit d'une domination cérébrale ; l'étude bien comprise de la « falsification » permet donc de substituer à l'emprise que la propagande devrait exercer sur notre cerveau la connaissance extrêmement exacte de la mentalité des « falsificateurs ». On peut donc dire en fin de compte que, contrairement aux apparences, c'est la radio russe qui permet le mieux de suivre les réalités dont elle porte témoignage, que c'est elle qui trahit le mieux ce qu'elle est en principe chargée de voiler.

                                    Armand Robin, 1947[1]

 

            Que s'est-il donc passé le 22 février 2022 ? Il n'échappera à personne que cette date sonne de la façon la plus fatidique qui soit, et nous n'aurons pas, de longtemps, un tel agencement de 2 et de 0 à notre disposition. Il eût été dommage de n'en pas profiter. Nul doute à vrai dire qu'un grand nombre de déductions, tirées de cette formidable configuration numérologique, courent déjà à travers le monde, alors même que les événements d'Ukraine semblent vouloir nous donner un avant-goût de ce que pourrait devenir notre vie quotidienne, si rien n'était fait pour arrêter ce fou de Poutine.

            Heureusement, nous avons un gouvernement.

            Heureusement, nous avons Macron.

            Heureusement, nous avons la bombe atomique.

            Heureusement, nous sommes vaccinés.

            Il ne peut donc rien nous arriver.

            L'important est donc de nous concentrer sur l'essentiel : comment empêcher le prix du carburant d'atteindre un seuil qui pourrait, lui aussi, s'avérer « fatidique », et qu'on peut s'amuser à situer provisoirement aux environs de 2 euros et 22 centimes ? Si en effet ce seuil (ou un autre) venait à être franchi, qu'est-ce qui empêcherait les Gilets Jaunes de déferler à nouveau sur nos places publiques, perturbant ainsi des élections qui, à ce qu'on peut juger, s'annoncent favorables à un retournement de la situation au point même où elle était en 2017, afin qu'on puisse enfin régler le problème des retraites qui, à cause de cet ennuyeux intermède du Corona virus, s'est tellement envenimé qu'il n'est plus question à présent d'envisager de laisser l'âge officiel de la retraite au-dessous du chiffre raisonnable de 65 ans. Tout l'argent disponible a été dépensé, comprenez-le donc bien. Il faut donc maintenant ou bien se chauffer moins, ou bien accepter des restrictions budgétaires auprès desquelles celles dont vous vous plaignez depuis si longtemps ne sont rien.

            Quant aux élections, c'est une formalité. Hier, à Marseille, lors du premier grand meeting du candidat de La République en Marche, on a eu la chance d'avoir deux membres officiels du gouvernement : le ministre de l'Intérieur (qui était là aussi pour régler des affaires courantes avec le préfet, et il en a profité pour soutenir les agents de la police municipale qui avaient été violemment agressés par un fou armé d'un énorme couteau, qu'ils avaient d'ailleurs tué très proprement, plus proprement en tout cas que Colonna n'avait été traité par un autre fou, ce qui, entre parenthèses, n'arrange pas nos affaires avec la Corse où d'autres fous en profitent pour remettre en cause la légitimité de l'ordre républicain – tout cela devient vraiment fatigant) et le porte-parole de l'Elysée lui-même (qu'est-ce qu'il avait à faire à Marseille, celui-là ? Il n'avait pas d'autre urgence, vraiment, alors que la hausse des contaminations recommence, notez-le, et ce à la veille du jour où le passe vaccinal va prendre fin, provisoirement tout au moins, et qu'il risque d'y avoir à nouveau toutes sortes de fous sans masque partout, dans les magasins, les cafés, les églises, les écoles – pas les trains, heureusement, ni les hôpitaux, où les soignants seront obligés quand même de se faire vacciner, et on conseille aussi aux vieux d'aller vite recevoir leur quatrième dose, au moins ça les calmera!). Oui, tous les deux étaient là pour représenter le Chef de l'Etat qui était lui-même très occupé par les événements internationaux, qui ne lui laissent guère le temps pour faire le pitre devant les électeurs. Cela ne change rien, du reste, puisqu'il est à peu près certain qu'il va être réélu automatiquement, c'est même pas la peine de vous déranger, et de toutes façons, ce n'est pas compliqué, il suffit d'un clic, à présent, et on remet tout en route : le passe, les masques, le confinement (pour empêcher les gens de dépenser tous leurs sous en gazoil), c'est aussi simple que d'appuyer sur le bouton de l'arme nucléaire, on te prévient, Poutine, tiens-toi tranquille…

            Où en étais-je, déjà ? Je ne sais plus. Vous n'y comprenez rien, j'imagine. Moi non plus, ne vous inquiétez pas. Et je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé le 22 février 2022.

 

                                               Egletons, le 13 mars 2022.

 

[1]. Armand Robin, Expertise de la fausse parole, Editions Ubacs, 1990, p. 21.


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