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Ultra (pour la gauche)extrême (pour la droite)

Ultra (pour la gauche)
extrême (pour la droite)

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Le gardien en chef de la Révolution, notre cher Manuel Valls, qui ne cesse de se fantasmer comme le recours possible pour une nation fragilisée, nous met en garde un jour sur deux contre les dérives de l’extrême-droite. Il est prêt à en appeler à l’imaginaire pour persuader tout le monde que ces extrémistes existent et qu’ils sont dangereux, prêts à décider du nombre à mettre en garde-à-vue avant la manifestation Jour de Colère. Depuis le temps qu’il essaye d’organiser le désordre pour que la droite se radicalise et que l’extrême-droite violente surgisse d’un coup pour le faire apparaître comme l’anti-Ayrault, l’homme providentiel pour ramener le calme, il doit être bien déçu de se retrouver débordé sur sa gauche. Les Anti-Fa cassent tout à Rennes, Nantes, etc… Valls passe à côté. Et voilà que nous apprenons dans la bouche du ministre ou de ses organes de propagande que sont les médias, que ceux que l’on croyait pouvoir qualifier d’extrême-gauche doivent être appelés « ultra gauche ». Après tout, pourquoi pas… Cela change, cela fait plus moderne, plus stade de foot aussi. Le souci, c’est que le mot extrême est conservé pour qualifier les partis de la droite de la droite. Lors des questions au gouvernement lundi dernier, Valls a utilisé les deux expressions dans une même phrase : vigilance vis-à-vis de l’extrême-droite comme de l’ultra gauche. Avant de rappeler à Claude Goasguen qu’il venait de l’extrême-droite avec les conséquences que l’on connaît : les députés de droite jouent l’offense et quittent l’hémicycle, Valls ne desserre les mâchoires que pour montrer les crocs, plus inquiétant que jamais, dommage pour un homme providentiel…

Donc nous disons désormais extrême-droite et ultra gauche. Ce changement de mots a-t-il un sens, ou sommes-nous obsédés par les intentions manipulatrices de ce gouvernement ? A priori, nous avons à faire à deux synonymes. Ultra et extrême, cela signifie la même chose. Mais alors pourquoi pour la droite choisir systématiquement « extrême » et pour la gauche systématiquement « ultra » ? Pour se distinguer ? À coups sûrs, ceux-là ne veulent pas être mis dans le même sac, à moins qu'un extrême centre-mou absolument déterminé à ne jamais rien trancher ne parvienne à les rassembler en écartant bien ses petits bras.

Ouvrons donc nos Robert, Larousse et autres wiki quelque chose pour sonder les intentions de ce choix de vocable. Rassemblons tout ça.
Ultra : Personne qui pousse à l'excès ses opinions ; qui dépasse la mesure, la norme ; personne exagérée dans ses opinions ; qui indique une idée de superlatif par rapport à la normale. Vient du latin ultra (« au-delà », « en outre »).
A priori, cela peut convenir aux mouvements gauchistes… Nous n’y voyons pas d’inconvénients.
Extrême : Qui est tout à fait au bout, tout à fait le dernier ; qui est au dernier point, au plus haut degré ; qualifie un parti violent et hasardeux. Vient du latin extremus « le plus à l’extérieur, le dernier, le pire », superlatif de exter (« extérieur »).
Ah ! Le latin est formidable ! Il sonde merveilleusement bien l’origine de ce qui se veut synonymes. La gauche de la gauche et la droite de la droite ne sont pas bonnet blanc et blanc bonnet. Extrême qualifie donc des gens placés à l’extérieur "hors de". Ce qui est extérieur n'a jamais vocation à entrer. Les ultra, eux, sont encore dedans, ils appartiennent encore au champ politique. Ils sont simplement puristes dans leur démarche. On peut le regretter mais on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Ils appartiennent au monde d’avant la chute, d’avant la nécessité des compromis, ce sont des purs et disons carrément le mot : des saints. Nous savions que l'arme première de la gauche était la dialectique et la fabrication des mythes, mais nous avons là, avec ce qui semble n'être que synonymes, un choix absolument conscient. Et on voit bien que s'agissant de l'extrême, il est grave d'en venir comme si on restait souillé à jamais. Avoir été extrémiste implique un purgatoire devant durer toute la vie d’après. Au contraire, ceux qui étaient ultra, donc puristes, et qui ont finalement fait quelques compromis pour la carrière, faute de faire la révolution, ne sont pas entachés de leurs expériences de jeunesse. Avoir été ultra leur permet d'être ex-quelque chose, communiste, trotskyste, maoïste, Greenpeace, Femen, j’en passe et des pires. Avoir été ex, c’est donc d'avoir eu ses heures de gloire, ses médailles de guerre, cela donne la possibilité de se réclamer de la vraie gauche, de parler avec autorité, etc. L’ultra gauche labellise pour l’avenir les futurs cadres socialistes.

Ce n'était rien ce mot d'Ultra et pourtant, il révèle tellement le fond des différences entre droite et gauche, il révèle tellement que la gauche joue à domicile depuis 1789 ou 1968 au choix selon la sensibilité de chacun. La gauche maîtrise les définitions. Dommage, j’aurais tellement aimé pouvoir être qualifié d’ultra droite, ou mieux, d’ultra centre…

Pourquoi l’ultra gauche est-elle aussi méchante ?
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La droite en quête d’un nouveau souffle
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Qui a peur d’une droite forte ?
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