La marée, ce fait divers
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La marée, ce fait divers
Par Valéry Molet
20 décembre 2020 20:00
La marée est mon fait divers
Aussi prévisible qu’indistinct
Plus qu’un journal,
Moins qu’une adresse.
Toutes les six heures,
Amour et néant
Deux mamelles pour un temps à peine présent
Dans le cœur de la marée,
Il n’y a pas le battement d’une branchie
Car le néant n’a plus de périmètre
Tandis que l’amour est affolé de n’être que son vivat.
Tout fait « clap clap », les vagues, le bruit des lèvres,
La méduse crevée,
Et ce clap du néant applaudi par le clap de l’amour.
Il y eut une fois où j’ai cru vivre
C’était sur la grève près d’un centre pour paraplégiques
Des fauteuils et la dolérite nous supervisaient,
Pris en main mais seuls, heureux comme des ajusteurs
Lorgnant leurs pièces mécaniques, nous avons pensé - très fort -
Que l’amour vainquait ce néant aux composants ignorés.
Dans notre location – on aurait dit un établissement public
Pour personnes âgées -, nous étions des gamins mimant
Des enzymes secrètes, alertes et mutines.
L’amour fut alors la gaminerie du néant qui, replié,
Se déplia derechef pour tout absorber : les fauteuils roulants,
Le lit inhospitalier, le granit rose même dans la lumière grisonnante,
Et nous, pour finir.
La mer restaure un film qui finit par être muet.
Extrait de La séquestration du carbone, éditions Nouvelle Marge
http://www.nouvellemarge.fr/?livre=la-sequestration-du-carbone--12