Le Soleil se reflète sur les mers d'hydrocarbure de Titan
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Nul déracinement cependant :
par le vantail,
elle sait encore
la radicelle qui les clavète,
corps et navette,
à la planète délaissée.
Un long tubercule
charpente l'os de la distance
entre eux.
La Terre était un bateau,
trop de foule
à son bord,
trop de voix
gaspillées
à égrener le temps
et nommer les objets
comme si tout avait une âme.
Charbonnage insensé de l'immense :
l'obscur qui s'étend en fuite, devant.
Toujours devant.
C'est une montée au sépulcre,
un apostolat dans les étoiles.
Nous passons.
Nous sommes des ombres à l'autre bout du prisme.
Debout sur l'horizon, le vaisseau navigue en sentinelle.
Le ciel est à l'envers, sorbetière, dégoulinant ses soleils fondus.
Vu de là où elle se tient, face écrasée, embuante contre le hublot,
tel gouffre est un buisson d'absinthe,
tel nuage un crêpe argenté,
un fantôme de châle autour d'un cou transparent
dans un ciel sans dieu.
Dieu, c'est le ciel.
Ici, dans l'incessant suspens de tout depuis le décollage,
l'envie de vomir n'est pas partie,
elle est devenue une nature neuve et comme indégageable,
une seconde peau,
un souffle dans le souffle dans le souffle,
un art de se survivre.
La nausée des trop grands espaces
étrangle.
Entends :
c'est le bruit du vide sanglé autour du navire.
Extrait d'un futur livre d'Aurélien Lemant : Le Soleil se reflète sur les mers d'hydrocarbure de Titan