Une vie heureuse

L’oracle d’Apollon ne connaît pas l’erreur,
Et chacun reconnaît la parole du Sage.
Aujourd’hui il professe un terrible présage :
Un grand Prince va naître et causer le malheur.

Pour sauver leur cité, les parents abandonnent
À son sort leur enfant. Mais les cœurs attendris
D’un couple de bergers désirent à tout prix
Aider le rejeton et à un roy le donnent.

Rapide, le temps passe. Au soir d’un grand festin
Où l’on a beaucoup bu, où l’on est ivre en somme,
Apollon apparaît à la vue du jeune homme ;
Il vient lui révéler son tragique destin.

Vite il quitte Corinthe, et le voilà en fuite,
Errant comme un damné, au gré de son dessein.
La faute à des brigands, devenu assassin,
Il va toujours plus loin, le désastre à sa suite.

À Thèbes arrivé, du Sphinx il est vainqueur.
La ville libérée lui donne alors pour gage
La main de sa Maitresse ; elle a conquis son cœur.
Heureux qui, comme Œdipe, a fait un beau mariage.