Cantique des Cantiques : une belle Mauvaise Nouvelle

Quelques siècles avant les serpents de Racine, devenus acouphènes à force d'être invoqués ad nauseam par des enseignants incapables de trouver une autre allitération, Salomon écrivait son Cantique des Cantiques : Shir ha-shirim shel Shlomo, dans le texte et en phonétique.

Les exégètes ne pouvant se satisfaire qu'un ouvrage artistique trouve sa place dans un texte religieux y chercheront une vision symbolique ou un sens caché. Cependant l'évidence demeure : le Cantique des Cantiques est un texte sensible et beau, en un mot et comme son incipit l'indique noir sur blanc, c'est un poème. Au milieu des récits symboliques, historiques et législatifs du Pentateuque, ou prémonitoires des prophètes, le Cantique des Cantiques se distingue donc par sa visée esthétique. Sa présence même prouve que, depuis des siècles, la force de notre désir de Beau va de paire avec notre aspiration au Bien.

Mais ce n'est pas le caractère artistique du Cantique des Cantiques qui interrogent jusqu'à notre ami Maximilien Friche, mais ses évocations sensuelles. Pourtant, au travers des siècles, un fil ténu mais indubitable relie Maximilien à Salomon et son œuvre. Célébrer aussi évidemment la sensualité, ancre plus que jamais le lecteur dans la vie, mais la vie que nous connaissons aujourd'hui : un passage éphémère, un moment toujours loin de l'éternité… Plus encore que le péché originel, le déluge, les batailles de Josué ou même l'Apocalypse, il nous rappelle que nous sommes mortels ; sur ce plan, seuls peuvent rivaliser Ecclésiaste et son cortège de vanités.

Outre la beauté, c'est donc la Mauvaise Nouvelle que chante Cantique des Cantiques.